DECLARATION DE BIENS DES PERSONNALITES : Messieurs, qu’attendez-vous pour faire comme Ibriga ?
Plus rien ne sera comme avant. C’est le slogan qui est sur toutes les lèvres depuis que, le 31 octobre dernier, acculé par la rue, Blaise Compaoré a pris ses jambes à son cou pour se réfugier en Côte d’Ivoire. Depuis lors, hommes, femmes et enfants, tous aspirent à un changement profond. On ne veut plus d’un Burkina où les uns roulent carrosse pendant que les autres dorment le vendre creux. On ne veut plus d’un Burkina où les uns payent l’impôt pendant que les autres, les plus nantis notamment, se sucrent sur le dos du contribuable.
On ne veut plus d’un Burkina où ceux qui gouvernent n’ont aucun respect pour la chose publique, pour ne pas dire qu’ils transforment les deniers publics en patrimoine familial. Non. C’est fini ça. Le Burkina post-Blaise Compaoré doit changer, surtout positivement. Et je suis fondé à croire que cela est possible, pour peu que ceux qui nous gouvernent aujourd’hui le veuillent. Quand on veut une chose, on se donne les moyens de la conquérir. En tout cas, des lueurs d’espoir se dessinent, laissant croire que le Burkina de demain sera plus responsable que celui d’hier. Car les lignes commencent à bouger. Ceux qui se croyaient intouchables hier, se rendent compte que tout peut leur arriver, leurs protecteurs ayant pris le large. Ce qui passait pour un tabou hier, est aujourd’hui autorisé.
Ce que l’on n’avait jamais vu dans ce pays, on le voit maintenant. Je veux parler par exemple de la déclaration de biens des hautes personnalités. Sous l’ère Blaise Compaoré, on n’avait jamais vu un haut fonctionnaire déclarer publiquement ses biens.
Blaise Compaoré lui-même le faisait mais on connaît les limites d’un tel acte. A l’occasion de chaque prestation de serment, il se contentait de remettre une enveloppe fermée au président du Conseil constitutionnel. Jamais, le contenu de cette enveloppe n’avait été dévoilé au peuple burkinabè qui, pourtant, a le droit de le savoir. Que voulez-vous ? Les choses étaient ainsi faites.
J’ose espérer que Ibriga ne sera pas le seul
Personne ne voulait prendre le risque d’irriter le prince régnant de l’époque ; tant et si bien que sa fortune, et Dieu seul sait s’il en a une, n’a jamais été connue. Mais je suis heureux, aujourd’hui, de constater que la donne est en train de changer. Car, j’ai lu dans la presse que Luc Marius Ibriga, le président de l’Autorité supérieure de contrôle de l’Etat (ASCE), a déclaré publiquement ses biens, avec force détails. Chose inédite sous nos cieux. Comment ne pas rendre hommage à cet infatigable combattant de la mal gouvernance pour l’exemple, ô combien noble, qu’il vient de donner ? Surtout que ses prédécesseurs, en tout cas de mémoire de fou, à moins que je ne me trompe, ne nous ont jamais habitués à ce genre d’exercice, je dirais, républicain. En acceptant de déclarer ses biens publiquement, Luc Marius Ibriga donne l’occasion à l’opinion nationale de le juger le jour où prendra fin la mission qu’on lui a confiée.
C’est un acte hautement patriotique et courageux qui devrait inspirer plus d’un, notamment les ministres, les présidents d’institutions, les directeurs généraux, les chefs de grands projets, etc. Cela permettrait de moraliser la vie publique et d’asseoir une gouvernance plus vertueuse qui tranche avec les vieilles pratiques. C’est à ce prix que l’on pourra faire en sorte que plus rien ne soit vraiment comme avant. Car, il est très facile pour chacun de nous de chanter à l’envie que le Burkina doit changer, mais encore faut-il que chacun de nous accepte de jouer sa partition.
C’est pourquoi j’ose espérer que Ibriga ne sera pas le seul et que dans les jours à venir, d’autres personnalités nouvellement promues à des postes de responsabilités, lui emboiteront le pas. C’est le Burkina tout entier qui y gagnerait. Comme le dit l’adage, « la charité bien ordonnée commence par soi-même » ; je m’en vais donc vous déclarer mes biens. D’ailleurs, je sais qu’on me voit tous les jours avec un pantalon troué surmonté d’une chemise rouge déchirée, avec une sébile au flanc droit. C’est tout ce que je possède comme biens. A qui maintenant le tour ?
« Le Fou »
Yamousoukro
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J’ai l’impression que la chanson “plus rien ne sera comme avant” a été composée par les gouvernants pour les gouvernés. Dommage qu’on essaie toujours de faire passer cette philosophie: “faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais”. voudriez-vous finir rapidement vos chantiers dans les mois à venir avant? Sinon comment comprendre que c’est l’intègre Ibriga seul qui donne l’exemple. Bravo professeur, Maintenant vous êtes le seul qui peut encore remplir un amphi lors d’une conférence.
30 janvier 2015LUMIERE
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Autant leur demander de démissionner, car cet exercice amènera fatalement un tsunami!
31 janvier 2015Adama Diallo
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bravo au professeur IBRIGA! mais je crains fort que de nombreux ministres et autres directeurs généraux ne puissent faire comme vous. En effet, en dehors de quelques rares responsables, le reste des dirigeants de la transition sont des personnes qui ont encensé le pouvoir de Blaise Compaoré et en ont bien profité. Ces situationnistes n’osent pas révéler leurs grosses fortunes. C’est dommage que les nominations aient été faites et continuent de se faire sur la base d’appartenance religieuse et de parenté!! C’est regrettable que de vrais patriotes qui ont même sacrifié leur carrière ou leurs avantages pour la justice pendant le règne de Compaoré soient ignorés au profit de ceux-là mêmes qui profitaient allègrement de la patrimonialisation de l’Etat.
1 février 2015