DEMANDE DE LIBERATION DE KARIM PAR UN GROUPE D’EXPERTS DE L’ONU : La force de lobbying des Wade
L’affaire Karim Wade, considérée comme le dossier emblématique de la traque des biens mal acquis au Sénégal, vient de prendre une nouvelle tournure. En effet, le Groupe de travail sur la détention arbitraire, un organisme placé sous la tutelle du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, vient de soulever un vice de forme.
Saisi comme l’on pouvait s’y attendre par la défense de Karim Wade, le groupe de travail estime arbitraire la détention, depuis avril 2013 à Dakar pour enrichissement illicite, de l’illustre ancien ministre condamné en mars dernier à six ans de prison ferme. Mieux, il exige sa libération immédiate. L’instance onusienne, au terme d’une litanie de manquements constitutifs de violations de lois nationales et du droit international, demande au gouvernement de la République du Sénégal de « prendre les mesures nécessaires pour remédier au préjudice subi, en prévoyant une réparation intégrale ».
La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) du Sénégal, une juridiction d’exception, vient ainsi de subir son deuxième camouflet, après celui infligé par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cet avis porte un coup dur à l’image des institutions et à celle du président Macky Sall
Karim Wade, symbole de l’opération « mains propres » de Macky Sall, s’achemine donc vers le couloir de la liberté, du moins si l’Etat sénégalais se plie aux injonctions de l’ONU, sur la base du rapport du Groupe de travail. C’est assurément un développement spectaculaire et inattendu au bénéfice de Karim. Ce groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU, peu connu, vient ainsi de jeter un gros pavé dans la mare de la justice sénégalaise. La force de lobbying du clan Wade et de ses alliés a finalement pesé lourd dans la balance !
En ne s’attaquant qu’à la forme de la conduite de ce dossier brûlant, le groupe pêche par omission volontaire, lui qui ne pipe pas mot sur le fond, laissant ainsi un arrière-goût d’inachevé dans son jugement.
Toutefois, c’est une bien mauvaise publicité pour le pouvoir sénégalais.
Quand bien même cet avis n’est pas une décision de justice, il porte un coup dur à l’image des institutions et à celle du président Macky Sall qui faisait de l’affaire Karim Wade un des dossiers phares de son mandat. L’ancien ministre du « Ciel et de la Terre » à la fortune colossale et douteuse, peut désormais se parer de la tunique de martyr. Macky Sall, c’est sûr, aura face à lui, le parti de Karim Wade si ce dernier remporte au finish la bataille.
Wédraogo Kayarawa
