HomeA la uneDEMANDE D’EVACUATION DE BOURGI POUR RAISON DE SANTE : Encore une astuce pour libérer un toubab ?  

DEMANDE D’EVACUATION DE BOURGI POUR RAISON DE SANTE : Encore une astuce pour libérer un toubab ?  


 

Il s’appelle Bibo Bourgi, de son vrai nom, Ibrahim Aboukhalil. Il est présenté comme le principal prête-nom de Karim Wade, le fils de l’ancien président sénégalais, et, de ce fait, a été condamné à 5 ans pour  enrichissement illicite. Incarcéré depuis 2015 à Dakar, Bibo Bourgi souffre de graves problèmes cardiaques. Ses avocats, à ce qu’on dit, ont fourni des documents attestant de la dégradation de son état de santé. N’ayant pas obtenu gain de cause, ils se sont retournés vers la Commission d’arbitrage des Nations unies sur le droit international qui, il y a à peine deux semaines, a demandé aux autorités sénégalaises de faire preuve de mansuétude en permettant à Bourgi d’aller se soigner en France. Sans doute s’agit-il là d’un aller sans retour. Car, cet épisode rappelle exactement l’affaire d’un autre Français, le sieur Loïk Le Floch Prigent dont on avait dit qu’il souffrait d’un cancer de peau en phase terminale, et qui a été évacué en France où, dès sa descente d’avion, il prenait du plaisir à aller à la pêche. Et depuis lors, l’affaire d’escroquerie pour laquelle il était poursuivi, semble enterrée, d’autant qu’aucune suite n’a été donnée à l’affaire. Ceci pouvant expliquer cela, on comprend pourquoi les autorités sénégalaises renâclent jusque-là à accéder à la requête du principal co-accusé de Karim Wade. Elles font face à un grand dilemme : laisser partir Bourgi en violation des décisions de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) ou le garder en prison avec tous les risques possibles, si tant est que sa santé soit vraiment chancelante.

Aucun détenu africain en France ne rêverait de se voir accorder la faveur d’être rapatrié dans son pays pour des soins

En tout cas, les astuces et les artifices ne manquent pas, chaque fois qu’un ressortissant français est incarcéré en Afrique. Tous les moyens sont bons pour obtenir sa libération, peu importe le crime qu’il a commis. A ce propos, on se rappelle encore les propos du président français d’alors, Nicolas Sarkozy, au lendemain de l’éclatement de l’affaire Arche de Zoé au Tchad, dont les principaux mis en cause étaient des Français. « J’irai les chercher où qu’ils se trouvent et quoi qu’ils aient fait », avait-il lancé, sans ciller, tout en sachant que le trafic d’enfants en France comme ailleurs, est sévèrement puni par la loi. Etait-ce parce qu’il s’agissait d’enfants noirs que Sarkozy s’était comporté ainsi? Evidemment oui, au regard du mépris et du dédain dont il avait fait montre. En tout cas, une chose est sûre, très peu de  présidents africains prendraient le risque de demander la libération d’un de leurs compatriotes qui a maille à partir avec la Justice française. Et aucun détenu africain en France ne rêverait de se voir accorder la faveur d’être rapatrié dans son pays pour des soins médicaux. Si ce n’est pas du « néocolonialisme compassionnel », pour emprunter le terme à Noël Marie Mamère, dites-nous, bonnes gens, ce qui peut expliquer ce deux poids deux mesures.

B.O


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