DEMI-FINALES DE LA CAN 2017 : Le petit marteau et les trois gros cailloux
Les quarts de finale de la 31ème édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui se tient au Gabon, ont rendu leur verdict le week-end dernier. Et c’est le Burkina Faso, le Cameroun, le Ghana et l’Egypte qui constituent le quatuor victorieux de ce second tour. Les demi-finales qui sont prévues pour se jouer les 1er et 2 février prochains, seront un face-à-face entre représentants des groupes A et D, avec un alléchant Burkina Faso # Egypte et un explosif Cameroun # Ghana. L’on constatera au passage que les groupes B et C ont disparu de la compétition. Mais en attendant la reprise des hostilités sur le terrain, l’on peut se permettre d’épiloguer sur les chances des uns et des autres, de remporter le trophée de cette 31ème CAN.
Pour le Burkina Faso, il s’agira de vaincre le signe égyptien
Le moins que l’on puisse dire, c’est que parmi ces rescapés, trois ont une carte de visite plutôt impressionnante, au regard de leur palmarès, pour avoir déjà décroché le graal à plusieurs reprises. Il s’agit de l’Egypte, septuple champion d’Afrique, du Ghana qui a été sacré quatre fois et du Cameroun qui a aussi été couronné à 4 reprises. Face à ces nations qui apparaissent comme des « dinosaures » du football africain, le Burkina Faso avec sa seule finale jouée et perdue en 2013, apparaît comme le petit poucet de ce carré magique. Un combat qui s’affiche de prime abord comme celui de David contre Goliath, dans une configuration où le Burkina Faso se retrouve dans la posture du petit marteau face à trois gros cailloux. Mais qu’à cela ne tienne, les Burkinabè ne devraient pas s’offusquer de ne pas être à ce stade de la compétition, dans la peau des favoris. Bien au contraire, cela leur enlève la pression des épaules, dans un match qui s’annonce comme une revanche de la CAN 98 où les Etalons étaient tombés à domicile devant le même adversaire égyptien, au même stade de la compétition. Car, en cas de victoire, ils créeront la sensation là où une défaite pourrait être vue comme un non-événement par les observateurs du football africain. Du reste, l’histoire retient que c’est David qui a vaincu Goliath et le souhait des Burkinabè, qui ont, du reste, depuis longtemps fait leur, l’adage africain selon lequel « petit marteau casse gros caillou », est que cette histoire de David se répète en leur faveur. En tout cas, beaucoup de leurs supporters ont la conviction intime que cette année est l’année des Etalons qui ont déjà henni de façon retentissante dans cette jungle sans y laisser leur crinière. Et à se fier aux déclarations des joueurs eux-mêmes, tout porte à croire qu’ils ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Pour cela, il faudra gravir la montagne égyptienne. Cela est mission difficile mais pas impossible pour les protégés de Paulo Duarte. Et ils ont des raisons de croire en leurs chances, en raison des atouts dont ils ont su faire montre tout au long de cette compétition à travers leur force mentale, la maturité, la cohésion et la solidité d’un groupe où le collectif fait bon ménage avec certaines individualités. Pour le Burkina Faso, il s’agira donc de vaincre le signe indien ou plutôt le signe égyptien. Car, de toutes les sélections maghrébines, les Pharaons restent la seule équipe dont les Etalons n’ont jamais accroché la peau à leur tableau de chasse.
A ce stade de la compétition, il n’y a pas de véritable favori
Les protégés de Paulo Duarte ont donc là une occasion d’écrire une autre belle page de l’histoire du football burkinabè. Mais il faudra se montrer prudent et se méfier d’une équipe expérimentée des Pharaons qui, sans être extraordinaires, se sont montrés difficiles à manier et plutôt habiles à marquer des buts assassins à leurs adversaires, sans avoir, pour le moment, encaissé le moindre but. C’est dire que les poulains de Paulo Duarte devront rester concentrés jusqu’à la dernière seconde de jeu. Quant à la confrontation Cameroun # Ghana, elle pourrait être vue comme celle de deux nations à la poursuite d’un passé glorieux. En effet, depuis le sacre de 2002 au Mali, cela fait 15 ans que le Cameroun n’a plus connu la joie de la consécration au sommet du football africain. Pour le Ghana, c’est encore pire car depuis 1982 et son sacre en Libye, cela fait 35 ans que les Etoiles noires du pays de Kwame N’Krumah n’ont plus brillé au firmament du football africain. Et au sortir de la demi-finale qui opposera les deux équipes le 2 février prochain, l’une des nations verra son rêve brisé et devra remettre ses ambitions à plus tard. Toutefois, sur un plan purement sportif, cette jeune équipe du Cameroun que l’on n’attendait pas forcément à ce stade de la compétition en raison de la défection de plusieurs cadres, arrive avec un important avantage psychologique sur lequel elle pourrait surfer pour essayer de se tirer d’affaire. Car, après s’être sorti du piège des phases de poules et avoir écarté en quarts de finale une sélection qui était donnée archifavorite comme le Sénégal, le Cameroun est désormais mentalement armé pour aller jusqu’au bout, après que l’équipe a énormément gagné en confiance. Quant au Ghana, sa soif de reconnaissance de ses efforts et de couronnement après 35 ans de disette, pourrait être le principal adjuvant à aller au bout de ses forces pour se hisser au sommet. De plus, l’équipe affiche une certaine solidité défensive alliée à une efficacité offensive qui lui ont permis jusque-là de se tirer d’affaire.
En tout état de cause, l’on pourrait dire qu’à ce stade de la compétition, il n’y a pas de véritable favori. Toutes les équipes vont à égalité de chances et la décision se fera sur le terrain. Les jeux sont donc ouverts. Que le meilleur gagne !
« Le Pays »