HomeA la uneDESOBEISSANCE CIVILE AU SOUDAN : Comment sortir de l’impasse ?

DESOBEISSANCE CIVILE AU SOUDAN : Comment sortir de l’impasse ?


La situation reste toujours tendue au Soudan. Après la mort de 7 manifestants, le 17 janvier dernier, les gardiens des acquis de la révolution ont décrété 48 heures de désobéissance civile. L’objectif principal est d’obtenir le départ du pouvoir, de la junte et l’instauration de la démocratie. L’ancien Premier ministre, Abdallah Hamdok, semble ne plus avoir d’emprise sur les manifestants. En pactisant avec la junte, il a perdu leur confiance. Du coup, le mouvement contestataire se retrouve aussi sans leader apparent pour canaliser les ressentiments et les revendications.

Qu’importe ! Les protestations se poursuivent. Mais jusqu’à quand ? La junte semble ne pas vouloir lâcher prise. Pour ce faire, elle poursuit et durcit même la répression des manifestants. Les blessés sont parfois poursuivis jusque dans des hôpitaux où les accès leur sont interdits. Il arrive que des forces de sécurité pénètrent même dans des hôpitaux à la recherche de manifestants blessés, rudoyant au passage le personnel médical. Ce qui provoque la colère des médecins qui dénoncent les exactions commises et le non-respect des franchises hospitalières. A la recherche des manifestants, même les ambulances ne sont pas épargnées.

Pour réprimer tranquillement et en silence, la presse est de plus en plus dans la ligne de mire de la junte. Beaucoup de journalistes ont déjà été inquiétés. Le week-end dernier, c’est l’accréditation d’Al Jazeera Mubasher, une des chaînes du groupe qatari, qui a été retirée. Al Jazeera est spécialisée dans la retransmission d’évènements en direct, sans commentaires.

Par ces signaux, la junte semble indiquer qu’elle n’est pas prête à abandonner le pouvoir et que bien au contraire, elle est prête à tout pour le conserver.

                                             Un changement de stratégie s’avère nécessaire

Comment, en effet, après tant de morts et de blessés, quitter le pouvoir sans craindre d’être rattraper par la Justice ? Peut-être faudra-t-il proposer aux militaires, l’abandon de toute poursuite judiciaire à leur encontre pour les encourager à quitter le pouvoir. Encore faudra-t-il que réellement, ils veuillent partir. Sans oublier que ce serait là faire le lit de l’impunité et encourager d’autres putschistes qui voudront aussi compter sur une telle mansuétude.

Comment alors sortir de l’impasse ? Certes, ce sont des manifestations qui ont abouti à la chute de l’ancien président Omar El Béchir. Il convient cependant de préciser que l’intervention de l’armée, au dernier moment, a été décisive. Dans le cas présent donc, à moins qu’une fraction de l’armée décide de prendre ses responsabilités, on ne voit pas comment les manifestations pacifiques des civils, pourraient venir à bout d’une junte déterminée. Il y a déjà eu beaucoup de souffrances, et il n’est pas sûr que les manifestants puissent encore tenir longtemps. La junte pourrait les avoir à l’usure.

Un changement de stratégie s’avère donc nécessaire. La société civile soudanaise, si elle en est capable, devrait essayer de se regrouper pour engager des actions fortes, concertées et communes. Ainsi, une grève générale illimitée, si elle est largement suivie, pourrait aboutir à la paralysie du pays. La junte alors tomberait comme un fruit mûr. Selon les contextes, les mêmes méthodes peuvent ne pas produire les mêmes résultats. Les manifestations peuvent donc ne pas aboutir cette fois-ci au résultat recherché. Il revient donc aux manifestants, s’ils sont réellement représentatifs, d’être suffisamment créatifs et innovants pour secréter une stratégie de lutte susceptible de venir rapidement à bout de la junte et de mettre fin au calvaire des citoyens.

 

                                                                              Apolem

 


No Comments

Leave A Comment