HomeA la uneDESTITUTION DU MINISTRE DE L’ECONOMIE PAR L’ASSEMBLEE EN RDC : Tshisekedi veut-il se donner bonne conscience ?

DESTITUTION DU MINISTRE DE L’ECONOMIE PAR L’ASSEMBLEE EN RDC : Tshisekedi veut-il se donner bonne conscience ?


L’Alliance des forces démocratiques du Congo (AFDC) du tout-puissant président du Sénat congolais, Modeste Bahati Lukwebo, vient de prendre du plomb dans l’aile avec la destitution, par l’Assemblée nationale, du ministre de l’Economie, Jean-Marie Kalumba, l’un de ses cadres influents. La motion de censure qui a abouti à sa destitution, a recueilli 277 voix pour, 77 voix contre et 12 abstentions, sur 368 votants. Les députés reprochent au désormais ex-ministre de l’Economie, son incapacité à trouver un remède à la flambée des prix des denrées de première nécessité ; ce mal qui ronge les Congolais depuis plus d’un an et ce, malgré la batterie de mesures prises en juin 2021, pour soulager les populations. Pour un vote inédit, c’en est un car, sous nos tropiques, rarement un ministre n’avait été débarqué de cette manière, surtout pour les mobiles avancés. Jean-Marie Kalumba paie-t-il pour une faute qu’il aurait commise ou est-il un simple bouc-émissaire ? C’est vrai que l’envolée des prix des produits de grande consommation est une réalité en RD Congo et semble échapper au contrôle du gouvernement. Mais est-ce un mobile suffisant pour justifier la destitution du ministre de l’Economie ? La question de la vie chère ne va-t-elle pas au-delà des responsabilités du seul ministre de l’Economie ? Ne dit-on pas que ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait baisser la fièvre ? En fait, on a le sentiment que la déchéance de Jean-Marie Kalumba que l’on sait proche du président du Sénat, la deuxième personnalité du pays, cache bien quelque chose. Si certains accusent le richissime homme d’affaires congolais, Moïse Katumbi, d’être derrière l’éviction de Jean-Marie Kalumba du gouvernement, il ne faut pas non plus exclure la possibilité que ce membre de l’AFDC, soit victime de calculs politiques.

 

La silencieuse grogne du peuple congolais pourrait bien se transformer en émeutes de la faim

 

Cette piste est d’autant plus vraisemblable que le poste qu’occupait Jean-Marie Kalumba, est fortement convoité par les différents partis et formations politiques. Et avec la présidentielle qui avance à grands pas, Félix Tshisekedi pourrait se faire hara-kiri en laissant un poste aussi stratégique entre les mains d’un parti politique qui ne compte pas pour du beurre puisqu’il constitue la deuxième force politique au Parlement et dont le leader aura permis au locataire du Palais du peuple d’avoir une majorité confortable à l’Assemblée nationale, à travers la coalition de l’«Union sacrée ». Félix Tshisekedi veut-il donc se donner bonne conscience en passant par le Parlement pour retirer par la main gauche, le présent qu’il a gracieusement offert à son bienfaiteur, par la main droite? Rien n’est à exclure ce d’autant que s’il venait à confier ce poste à l’un de ses proches, il pourrait, à coup sûr, se construire un trésor de guerre, dans la perspective de la présidentielle de 2023. Cela dit, sauf erreur ou omission de notre part, Jean-Marie Kalumba est la première victime collatérale gouvernementale de la crise économique que connaît en ce moment bien des pays africains. Mais si son limogeage peut faire prendre conscience à son successeur, qu’il est assis sur une chaise éjectable et qu’il a l’obligation de mieux faire, c’est tant mieux. Car, au-delà de la politique politicienne, il y a une réalité qu’il ne faut pas ignorer : les Congolais ont faim. C’est d’autant plus vrai qu’un Congolais sur trois, est touché par l’insécurité alimentaire, selon les agences de l’ONU. Le Premier ministre Sama Lukonde Kyenge et son équipe qui viennent de recevoir un avertissement sans frais, gagneraient donc à retrousser leurs manches. Ils ont d’autant plus intérêt à se hâter que chacun d’entre eux, pourrait être le prochain sur la liste. Comme le dit l’adage, ventre affamé n’a point d’oreille. La silencieuse grogne du peuple congolais pourrait bien, si rien ne se dessine à l’horizon dans les plus brefs délais, se transformer en émeutes de la faim.

 

Dabadi ZOUMBARA

 

 


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