DEUXIEME ROUND DES DISCUSSIONS INTERBURUNDAISES A ARUSHA : La montagne a accouché d’une souris
Débuté le 12 juillet dernier, à Arusha en Tanzanie, le deuxième round des discussions interburundaises sous l’égide du facilitateur, Benjamin Mkapa, ancien président de ce pays, ont fait flop. C’est du moins l’avis des acteurs qui étaient conviés à ces discussions, notamment les responsables de partis politiques et de la société civile. En effet, ces discussions se sont achevées hier, sans qu’un agenda, un rendez-vous ou un document officiel ne soit remis aux participants. On pourrait donc dire que la montagne a accouché d’une souris. Les partenaires qui ont financés les pourparlers interburundais n’auront donc que leurs yeux pour pleurer. A la vérité, l’échec de ses pourparlers était prévisible. Ils ont débuté sans qu’un consensus ne soit trouvé sur le choix des participants, le pouvoir de Nkurunziza voulant contre vents et marées, imposer des hommes de son choix. N’ayant pas atteint son objectif, la délégation gouvernementale a tout simplement boycotté la rencontre, notamment la cérémonie d’ouverture. Dès lors, on n’avait pas besoin d’être un devin pour savoir que ces pourparlers finiraient comme ils avaient commencé. On ne pouvait rien espérer de ces pourparlers parce qu’en effet, Nkurunziza n’a jamais voulu d’un dialogue franc entre lui et l’opposition. Il a plutôt voulu diviser l’opposition pour mieux régner en n’invitant qu’à titre individuel les membres du Cnared (Conseil national pour le respect de l’Accord d’Arusha, pour la paix et la réconciliation au Burundi) au lieu de convier l’entité au sein de laquelle est réunie la vraie opposition. Mais sa grande surprise aura été de constater la présence de gens comme Jean Minani, président du Cnared qu’il ne veut pas voir même en peinture à ce deuxième round des discussions. Conséquence, il a choisi de les bouder. Et cette attitude vient montrer qu’il a été et demeure le vrai maître du jeu. Et cela, à cause de la couardise de la communauté internationale qu’il continue de divertir à travers ces pourparlers dont l’objectif n’est autre que de gagner du temps.
Les règles du jeu étaient faussées dès l’entame
Il est évident que dans sa position actuelle, toute idée de dialogue l’arrange. D’une part, parce qu’il est conscient que son triomphe était nauséeux, d’autre part parce que cela lui permet de gagner du temps et de consolider son mandat. Il a déjà pratiquement bouclé un an sur le quinquennat et tout porte à croire qu’il compte maintenant sur la résignation de ses opposants pour le terminer, la stratégie de mettre tout le monde devant le fait accompli, dans un premier temps, n’ayant pas vraiment réussi. Le facilitateur tanzanien aura fait preuve de débauche inutile d’énergie. Du reste, à y regarder de près, l’on a le sentiment que le problème de la dévolution du pouvoir a été poussé dans une zone de non droit pour mieux entuber les Burundais. Car, plus qu’un quelconque dialogue, la Constitution burundaise et les accords d’Arusha avaient déjà réglé la question. Et c’est Nkurunziza qui les a violés pour se maintenir indûment au pouvoir, au grand dam des démocrates du continent et de la communauté internationale. Et depuis bientôt un an qu’il a prêté serment pratiquement en catimini et sans la présence d’une seule tête couronnée au monde, il continue de traquer et de massacrer ceux de ses compatriotes qui ont encore la force et le courage de dénoncer sa forfaiture. Si ce n’est pas du terrorisme, cela y ressemble fort. Et à cette échelle, l’on a envie de dire qu’il y a longtemps que le pasteur président est hors barème tant il amoncelle les macchabées. En tout cas, ces discussions ne poussaient pas à l’optimisme quant à une véritable sortie de crise au Burundi. C’était une farce de mauvais goût dont il ne fallait rien attendre de constructif. Car, les règles du jeu étaient faussées dès l’entame.
Outélé KEITA