HomeA la uneDISCOURS DE DAMIBA : Les bons et les mauvais points  

DISCOURS DE DAMIBA : Les bons et les mauvais points  


Le 4 septembre dernier, j’ai suivi, comme bien des Burkinabè, le discours du président de la Transition, qui dressait ainsi son bilan d’étape du processus de reconquête de notre territoire. Le rendez-vous, c’est Damiba lui-même qui l’avait promis à ses compatriotes. Et il n’avait pas le choix que de le respecter. Soit dit en passant, je le félicite pour avoir tenu parole. Finalement, il a rabattu le caquet à tous ceux qui lui prêtaient des velléités de se débiner. Pour revenir au discours en lui-même, je dois dire que sur la forme, il a été bien rédigé. Les mots ont été pesés et soupesés. Sur le plan du contenu, j’ai noté que le chef de l’Etat a fait une analyse sans complaisance de la situation. Si fait que chacun en a pris pour son grade. A commencer par les Forces de défense et de sécurité (FDS). Il a dénoncé des rivalités internes qui contribuent à les fragiliser davantage au grand bonheur de l’ennemi qui n’en demandait pas plus. Quant à l’Administration publique, Damiba n’a fait qu’enfoncer une porte déjà ouverte, quand il évoque le laxisme, le clientélisme et la corruption qui y ont pris place, occasionnant le bradage des ressources publiques par des hauts commis de l’Etat qui roulent carrosse pendant que la grande masse croupit dans la misère crasse, incapable de s’offrir un seul repas par jour. Sur le plan judiciaire, le chef de l’Etat déplore des luttes intestines qui l’empêchent de jouer pleinement son rôle de régulateur social. Pour lui, l’indépendance de la Justice, unanimement saluée, semble mal assumée par ceux-là qui l’animent. Damiba a peut-être raison, surtout quand on sait que certaines décisions de Justice ne sont pas parfois exemptes de tout reproche ; certains magistrats donnant l’impression d’avoir trempé la main dans le cambouis.

 

 

Damiba veut-il que les médias passent leur temps à dire que tout est rose même quand ça ne va pas ?

 

 

Mais là où je ne suis pas d’accord avec le président de la Transition, c’est qu’en tant que garant des institutions, il a aussi contribué à fragiliser la Justice en déroulant le tapis rouge à un citoyen sous le coup d’une condamnation judiciaire. Il suffit de suivre mon regard pour savoir que je parle du cas de Blaise Compaoré. Personne, à commencer par moi, n’est contre le retour de ce dernier au bercail. Mais je souhaite que l’on mette la manière pour sauver les apparences. Et là-dessus, je salue la mise au point du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) qui a dit n’avoir pas été associé à cette démarche, comme tentent de le faire croire certaines sources officielles. Si c’est cela une indépendance mal assumée de la Justice, je n’y vois personnellement que dalle. Mieux, je soutiens le CSM qui, à mon avis, a fait montre d’un courage exemplaire, suivant le principe de la séparation des pouvoirs. Il en est de même pour les médias que Damiba soupçonne d’être devenus de « dangereux outils de subversion ». Quand j’ai entendu cela, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser des questions : critiquer est-il synonyme de faire dans la subversion ? Ou bien Damiba veut-il que les médias passent leur temps à dire que tout est rose même quand ça ne va pas ? En tout cas, même s’il donne l’impression de ne pas porter les médias dans son cœur, Damiba, faut-il le rappeler, doit une fière chandelle à la presse et aux réseaux sociaux qui, par leurs critiques du précédent régime, ont favorisé son avènement au pouvoir. Il peut trouver à redire mais le constat est là. En un mot comme en mille, je fais le constat que le discours de Damiba s’est voulu moralisateur au point que d’aucuns n’hésitent pas à dire qu’il risque de renforcer les clivages déjà existants.

 

« Le Fou »     

 

 


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