HomeLignes de mireECHEC DU DIALOGUE MAJORITE/OPPOSITION :De quel lendemain Blaise a-t-il peur ?

ECHEC DU DIALOGUE MAJORITE/OPPOSITION :De quel lendemain Blaise a-t-il peur ?


Le Collèges de sages, le Cadre de concertation pour les réformes politiques (CCRP), toutes ces instances, Blaise Compaoré les avait mises en place pour se pencher sur les questions préoccupantes liées à la vie de la Nation. Elles avaient abouti à des conclusions heureuses, mais rares ont été celles qui avaient été définitivement prises en compte par le pouvoir. C’est pourquoi bien des Burkinabè étaient sceptiques quant à l’issue du Dialogue majorité/opposition initié par le même Blaise Compaoré, à l’effet de parvenir à des réponses consensuelles aux questions politiques  qui déchirent aujourd’hui le pays. Ces Burkinabè avaient vu juste.

 

Le changement d’emballage ne changera pas les choses

 

En effet, les participants au dialogue majorité/opposition, certainement d’accord sur leurs désaccords, ont signé, ce 6 octobre, sa suspension, pour ne pas dire son acte de décès. Cet aboutissement malheureux, qui n’est pas en soi un évènement, puisqu’il était prévisible, vient renforcer l’angoisse du peuple burkinabè qui, déjà, voyait venir l’échéance de 2015 avec la peur au ventre. Et ce n’est pas l’hypothèse de l’organisation d’ « autres formes d’échanges », avancée par le pouvoir, qui va dissiper ce sentiment, d’autant plus que l’on peut s’attendre à ce que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Le changement d’emballage ne changera pas les choses.

Aussi, le Burkina, pourrait- on dire, est en train de réunir les ingrédients d’une crise politique majeure, que l’on peut pourtant conjurer dès à présent, mais comment ? L’on peut se risquer à suggérer quelques éléments de réponse. D’abord, la seule personne qui peut hic et nunc rassurer les Burkinabè que leur pays ne va pas évoluer vers une situation de chienlit, c’est Blaise Compaoré himself. C’est lui qui aura la responsabilité de la guerre comme de la paix dans ce pays parce que, d’une part, c’est à cause de lui seul que le pays est en train de traverser une zone de haute turbulence politique, et d’autre part, c’est à lui que revient la mission sacrée, en tant  que président, d’éviter à son pays  de sombrer dans la violence. De ce point de vue, seul un renoncement solennel à son projet de s’accrocher au pouvoir pourra calmer les passions. En dehors de ce renoncement, toutes les  initiatives allant dans le sens de la paix sociale et de la concorde nationale, entreprises ici et là, présentes ou à venir, seront vouées à l’échec, parce qu’en réalité, elles sont des instruments de diversion politique, mis en place pour sacrifier uniquement aux formalités. Dans le même registre, l’on peut dire que les solutions suggérées par certaines personnes, de recourir à la médiation d’une personnalité nationale neutre ou venant d’ailleurs, ou de mettre à contribution les chancelleries occidentales ou encore d’interpeller l’Union africaine (UA) qui dispose de mécanismes  de prévention des conflits, seront inopérantes si Blaise Compaoré persiste dans sa volonté de ne pas quitter le pouvoir. Or, tout semble indiquer que ce n’est pas demain la veille que Blaise Compaoré envisagera cette éventualité. Dès lors, l’on peut chercher les raisons pour lesquelles, après 27 ans de règne et malgré les risques sérieux de plonger le pays dans la tourmente, l’homme n’envisage pas de si tôt de passer le témoin  à un autre Burkinabè.

 

Même l’amnistie qu’il s’est octroyée ne semble pas donner à Blaise Compaoré, la garantie d’une retraite tranquille

 

D’abord, après un si long règne, au cours duquel l’on a partagé sa vie entre les salons feutrés, les grandes tribunes du monde et les tapis rouges, l’on peut arriver à se convaincre, surtout sous nos tropiques, qu’il n’y a pas d’autres vies après la présidence. Ensuite, l’on peut avoir l’impression que Blaise Compaoré a peur de l’après-pouvoir. Il pourrait redouter  de voir quelqu’un d’autre faire le bilan et l’inventaire de l’ensemble de son œuvre et éventuellement lui demander des comptes. Conscient qu’au cours de son long règne, il n’a pas toujours été un ange, il peut craindre de voir l’autre versant de son pouvoir. Même l’amnistie qu’il s’est octroyée ne semble pas, de ce point de vue, lui donner la garantie d’une retraite tranquille. Mais entre les craintes liées à sa personne et à son clan, et les risques de faire basculer tout le pays dans la violence, il ne doit pas hésiter à faire le choix du Burkina.  Ce faisant, il démontrera qu’il est un grand homme et que malgré les vicissitudes de l’histoire, l’esprit du slogan  « La patrie ou la mort ! » l’habite toujours.

 

Pousdem PICKOU


Comments
  • Bonne analyse

    9 octobre 2014
  • Peut etre que cette terre ne laissera pas impayés ceux et celles et ce, encore des générations a venir pour ce qu ils ont fait de bien ou de mal aux descendants de cette portion de terre dans leur pacifisme, leur sens de la survie.ne serait ce que les contes sont là pour témoigner des causes de certains anomalies, atouts naturels ou interdits qui ne découlent que de la justice ou de la reconnaissance des etres vivants entre eux.

    9 octobre 2014
  • Fidèle à mon principe de “Burkina d’abord”, j’invite les uns et les autres à jouer balle à terre car lorsque la guerre éclatera, les balles ne connaitront ni pro-référendum ni anti-referendum!Elles tueront du Burkinabé sans distinction ! Pas même les neutres et ceux qu’y comprennent rien !
    Ayez à l’esprit que les mêmes causes produisent les mêmes effets et ce qui est arrivé ailleurs de bon comme de mauvais peut nous arriver au Burkina Faso. Ne répétons donc pas les erreurs des autres dans la mesure où nous sommes suffisamment édifiés de leurs conséquences. Jetons un coup d’œil sur la Cote d’Ivoire, berceau de la richesse de notre sous-région, pays d’hospitalité et grande humanité antan !! Plus d’une personne ont été étonnées de voir les Ivoiriens s’entretuer, tellement ils vivaient harmonieusement exploitant allègrement le cacao, le café, l’ananas, le palmier à huile pour se nourrir et nourrir les ressortissants de ses voisins!! Regardez ce que le pays a vécu pendant plus de dix ans: une déchéance totale faite de morts, de faim, de soif, de misère et de recul socio-économique!! Et souvenez vous du dénouement: des combats de rue entre frères pour déloger comme un rat celui qui fut jadis le porte flambeau de la refondation et d’un patriotisme ou nationalise affirmé! Aujourd’hui, nous voyons ce peuple voisin panser ses plaies non sans amertume et remords!! Ne nous y méprenons pas: si nous débouchons dans la guerre personne n’en sortira gagnante! Pas même nos ennemis!!
    Cela fait bientôt deux ans que les écrits foisonnent, que les rencontres s’organisent, que les marches se font et que l’animosité dans ce qu’elle a de plus abjecte s’exprime entre frères et sœurs que nous sommes, fils et filles du même ancêtre!! Autour d’une seule chose : la volonté de régner à vie ! Oui !! « Déverrouiller pour se donner autant de nouveaux mandants que la vie nous permettra !! Les lois, on s’en fout, d’ailleurs elles ne sont jamais justes !! Que ceux qui veulent la justice aillent au tribunal ! », pensent-ils !
    Non, réveillons nous, et mettons notre orgueil, notre égo, notre égoïsme de coté et pensons “le Burkina D’abord” pour savoir préserver notre patrie des incertitudes et nos enfants d’un héritage en lambeau et sans valeur dont nous ne serons pas fiers même dans nos tombes! Pensez le pouvoir pour le pouvoir est assassin et dévasteur car dans cette logique, la logique de l’intérêt commun s’estompe et bonjour le culte de la personne, l’érection de l’homme en démiurge alors que nous sommes tous des mortels!! Seul Dieu est éternel et parfait. En fait de perfection, nous ne demandons pas à Blaise qu’il ait été parfait, humain qu’il est!!
    Au moins que son coté Dieu l’éclaire pour qu’il se soumette simplement à ce à quoi il s’est engagé librement: respecter la Constitution et la défendre! Tout le reste n’est que subterfuges, parodies et cirque de politiciens amortis en quête d’une nouvelle vie politique!! Non, soyons Burkinabé! Regardez Hermann, ce manteau qu’il porte ne lui sied pas !! Nous ne le connaissions pas comme un comédien de grande facture!! Mais au moins que sa comédie se limite à faire rire et non à propulser notre Burkina dans l’enfer et ce qu’il a de plus brulant! Aux membres de l’opposition, osez sacrifier vos ambitions, légitimes certes, pour nous éviter le pire car l’homme autoproclamé fort semble ne plus être un humain! Et tout porte à croire qu’il usera de la force de l’homme fort, de nos armes et de nos hommes de tenue pour assouvir sa boulimie dévastatrice de pouvoir!! Faites des concessions, laissez la Majorité organiser son référendum si tant est que le grand gagnant c’est le peuple Burkinabé! Blaise gagnera son référendum et se présentera aux élections au mépris de toutes les valeurs morales que nos pères nous ont enseignées mais l’avenir nous dira!! Vous savez, on ne peut pas avoir raison d’un peuple, aussi mouton soit-il, ad vitam aeternam!! Le jour viendra où la justice de Dieu se fera, mais encore faut-il que ce jour là, le Burkina ait été préservé du fait de nos sacrifices à tous! Je ne suis pas fataliste mais je concède à l’être si mon Burkina n’est pas le souci d’abord chez l’homme fort et sa coterie !

    9 octobre 2014
  • Il ne sert à rien de gemir, laissons l’histoire se faire. Il faut que nos bêtises servent aux générations futures. Aucun dictateur n’a jamais gagné une guerre contre son peuple. Surtout que Blaise la mène depuis 30 ans. Lui même est épuisé. Ce n’est plus un général gros bras. C’est sa cour qu’il faut raisonner. Il faut pas abdiquer parce qu’il y a une armée républicaine qui garde son mandat légal du moment. Quand il sera dans l’illégalité, l’armée ne devrait plus lui obéir car ce serait servir le prince contre le peuple.

    11 octobre 2014
  • Je pense que pour quelqu’un qui aime bien son pays, ce serait sage pour lui de rendre le tablier au lieu de vouloir forcer les choses. Si chaque burkinabè aux commandes des affaires du pays ferait ainsi, je pense que c’est une mauvaise manière.
    Pourquoi les travailleurs ne refusent pas de partir à la retraite quand bien même certains sont toujours aptes à servir? à l’image d’eux, il serait pour lui une grande sagesse de dire au peuple burkinabè”Je vous cède les commandes dans la paix et promets de vous accompagner” au non de la durabilité sociale et économique de notre pays.

    21 octobre 2014

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