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ELECTION D’UN PREMIER MINISTRE EN LIBYE


La Libye a un nouveau Premier ministre. Il s’appelle  Abdel Hamid Dbeibah. Ingénieur et riche homme d’affaires, né à Misrata, dans l’Ouest du pays, c’est lui qui aura la lourde tâche de relever la Libye  et d’organiser des élections libres et transparentes d’ici la fin de l’année en cours. Sera-t-il l’homme de la situation ? Ou encore réussira-t-il là où les autres ont échoué ? Autant de questions que l’on est en droit de se poser mais auxquelles il est difficile, pour l’instant, d’apporter des éléments de réponse. Pour le moins, on sait que celui qui vient d’être promu au poste de Premier ministre en remplacement de Fayez-al-Sarraj, est loin d’être  un novice en politique. Bien au contraire, il dispose d’un background à même de lui permettre de réussir la mission à lui confiée pour peu qu’au-delà de toutes considérations, il sache rester à l’écoute de ses concitoyens qui, depuis la chute de Mouammar Kadhafi, souffrent le martyre. Il a d’autant plus intérêt à se mettre au-dessus de la mêlée que son choix est loin de faire l’unanimité puisqu’on le dit proche du défunt président Kadhafi sous le magistère de qui il a occupé d’importantes fonctions. Et ce n’est pas tout.  Car, en tant qu’homme d’affaires prospère, Abdel Hamid Dbeibah fait l’objet d’enquêtes en Libye pour des faits présumés de malversations. Avec donc autant de préjugés défavorables, le nouveau Premier ministre gagnerait, s’il veut bénéficier de la confiance de ses compatriotes, à travailler dans l’intérêt de la Libye, c’est-à-dire en s’attaquant aux problèmes quotidiens des Libyens que sont le chômage et les intempestives coupures d’électricité. Certes, il a déjà présenté un programme ambitieux pour une période intérimaire d’à peine dix mois, mais il faut aller au-délà en traduisant en actes concrets, tous les chantiers annoncés.

 

De la conduite des affaires par le nouveau chef de gouvernement, dépendra l’attitude des autres grandes puissances

 

Cela dit, aucun pays ne pouvant se développer dans la haine et la division, le successeur de Fayez-al-Sarraj ferait mieux de relever le pari de la réconciliation nationale aux fins de taire les rancœurs et de réinstaurer la confiance entre les Libyens. C’est pourquoi il faut saluer l’annonce faite par le nouvel Exécutif, de créer un ministère chargé de la réconciliation nationale. Mais quand on sait que les grandes puissances, à cause de leurs intérêts, se combattent par milices interposées en Libye pour ne pas dire qu’elles attisent le feu, on a bien peur que le nouveau Premier ministre, à l’épreuve du terrain, ne finisse aussi par jeter l’éponge comme ses prédécesseurs  Fayez-al-Sarraj et Ali Zeidan. A moins que  prenant toute la mesure de la situation, le nouveau PM décide de prendre ses distances vis-à-vis de la communauté internationale qui semble souffler le chaud et le froid en Libye. Mais quand bien même, il le voudrait, il ne le pourrait pas puisqu’il est déjà connu pour être proche de la Turquie dont on dit qu’elle a d’importants intérêts économiques à défendre à Misrata au point qu’elle fait preuve d’un activisme à nul autre pareil en Libye. De la conduite donc des affaires par le nouveau chef de gouvernement libyen, dépendra l’attitude des autres grandes puissances qui n’hésiteront pas à donner de la voix si elles voient leurs intérêts menacés au profit d’Ankara.

 

Boundi OUOBA


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