HomeOmbre et lumièreEMISSION DE CHEQUES SANS PROVISIONS : C’est quoi cette pagaille?

EMISSION DE CHEQUES SANS PROVISIONS : C’est quoi cette pagaille?


L’autre jour, j’ai décidé de suivre le journal de 20 heures pour m’imprégner de l’évolution du pays, après les remous qui ont conduit au léger remaniement ministériel. Et c’est là que j’ai appris que des chèques de plus de 24 milliards de F CFA ont été émis sans provisions au profit de l’Etat, au titre de paiement d’impôts. J’étais fort surpris d’entendre une telle chose. Certains diront bien sûr que c’est normal, parce que je suis fou. Mais, rassurez-vous, je n’étais pas le seul à être étonné, car la plupart de ceux qui regardaient la télé ont sursauté, certains ayant même poussé ce cri : « mais, dans quel pays sommes-vous ? C’est quoi cette pagaille? Il fallait vraiment que Blaise parte ». Comme on le dit, quand la dalle d’un WC s’affaisse, les vers remontent à la surface et l’air devient irrespirable. Et on peut, sans risque de se tromper, dire que c’est ce qui se passe avec la chute du régime de Blaise Compaoré. La dalle qui couvrait les vilaines choses s’étant écroulée, on ne pouvait que s’attendre à voir ce qui gisait en dessous. Ainsi donc, des opérateurs économiques du régime déchu se livraient à toute sorte de pratiques pour échapper aux impôts. Si c’était par indigence qu’ils le faisaient, on pouvait, dans une certaine mesure, leur trouver des circonstances atténuantes. Mais ce n’est pas le cas. Il s’agit de personnes nanties. L’acte est d’autant plus choquant que les entreprises citées sont celles là-mêmes qui bénéficiaient le plus, des grands marchés publics de l’Etat. Comment comprendre que des entreprises qui brassent des milliards de F CFA, en viennent à ne pas payer leurs impôts ou du moins, à émettre des chèques sans provision, juste pour ne pas honorer leurs obligations ? Si ce n’est de la cupidité, ça y ressemble. Certes, je ne suis pas un spécialiste du droit, mais à ce que je sache, l’émission de chèque sans provision au Burkina, est un délit. Et dire que ces gens étaient arrivés à en faire leur sport favori, sans en être inquiétés ! Mais bon, si la pratique avait tellement la peau dure, c’est parce que le mal était profond. Si profond que l’on avait le sentiment que les autorités avaient fini par faire avec. A moins d’être fou comme moi, dans un pays où la corruption, le laxisme voire la démission, étaient érigés en mode de gouvernance, qui aurait osé interpeller un dignitaire de l’ancien régime, sur une affaire de chèques émis sans provisions ?

Il faut sanctionner pour dissuader tous les délinquants à col blanc

A dire vrai, ce scandale financier révèle le niveau de pourriture que le Burkina avait atteint sous le régime Compaoré. Et je peux donner ma tête à couper que si ce régime était toujours en place, personne n’aurait le courage d’en parler ouvertement. Et dire qu’on a passé le temps à tendre la sébile, à mendier de l’argent auprès de partenaires financiers pour la réalisation de projets dont le coût n’atteignait même pas la somme de 24 milliards de F CFA, alors que l’Etat avait besoin de recouvrer cette somme auprès d’opérateurs économiques véreux. Quelle incohérence? Maintenant que l’affaire a été révélée au grand jour, que compte faire l’Etat? Pour ma part, il n’y a pas de question à se poser, il faut sanctionner pour dissuader tous les délinquants à col blanc. En tout cas, tant qu’il n’y aura pas de sanction, il faut être sûr que d’autres en feront de même sinon pire. Cela dit, il faut reconnaître que si cette forme de fraude fiscale a été rendue possible, c’est justement parce qu’il y avait une forte collusion entre les hommes politiques et les hommes d’affaires au pays des hommes intègres. D’où l’urgence et l’intérêt d’œuvrer à y trouver une solution. Certes, c’est plus facile à dire qu’à faire. Mais le combat mérite d’être mené. Mais si des gens ont pu ruser avec les impôts, c’est aussi parce que l’Etat, lui-même, n’a pas toujours donné le bon exemple. Car, on le sait, de nombreux opérateurs économiques ont mis la clé sous le paillasson parce que l’Etat n’a pas honoré ses dettes vis-à-vis de ceux-ci. Comme le dit l’adage, « avant de dire que la cour du voisin est sale, il faut balayer d’abord devant sa propre cour ». Toutefois, ce mauvais comportement de l’Etat ne saurait dédouaner les fautifs. Mais en ce qui la concerne, il est aussi juste et bon que la puissance publique paie correctement ses dettes.

Le Fou


Comments
  • Le Fou, qui n’est pas fraudeur dans ce pays? N’est-ce pas au Burkina qu’on chante la gloire des grands fraudeurs comme GomissNaaba de Tenkodogo? Il faut travailler à nettoyer les mentalités en sensibilisant les gens que la fraude fiscale appauvrit notre pays; et ensuite commencer par redresser sans état d’âme toutes entreprises mafieuses qui font florès dans notre pays. Il ne faut surtout pas manquer de récupérer rapidement les 24 milliards d’aujourd’hui, c’est toujours ça de gagner en attendant de découvrir les autres faux types.

    31 juillet 2015
  • combien de chèques sans provision par acteur? cet acteur figure t-il sur la liste des impayés de la bceao? interdit d’émettre de nouveaux chèques!!! vos journalistes n’ont pas de copains dans le système bancaire pour approndir la question? bonne pêche!!!!

    31 juillet 2015
  • c’est regrettable, mais ce n’est pas étonnant, car, qui connait la cupidité du clan Compaoré savait que ces genres de choses se tramaient. Je crois que l’on doit exiger immédiatement le paiement de ces arriérés et donner des instructions pour traquer tous ceux qui tentent d’éviter le fisc. En son temps, Pr Filiga Michel Sawadogo interpellait les entreprises redevables par voie de presse, mais on dirait que cette manière d’agir n’a pas plus au régime Compaoré, ce qui a valu son départ de la direction générale des impôts. Il faut que nos inspecteurs des impôts assermentés aient le courage d’interpeller ces grands payeurs au lieu d’intimider ces acteurs du secteur informel.

    1 août 2015
  • L’une des injonctions des religions monothéistes qui ont cours ici au Faso, portant sur l’ordre social et prise en compte de notre ordonnance juridique ordonne que la richesse individuelle profite à tous par l’institution d’un taxe obligatoire ou autre imposition jugée nécessaire’’ sur le revenu et le capital ; ainsi a été écrit le code des impôts. Les transgressions de cette loi nombreuses ainsi donc, des opérateurs économiques du régime déchu se livraient à toute sorte de pratiques pour échapper aux impôts. La dernière dénoncée consistant à émettre des cheiks sans provision, autres fautes punissables. Voilà avec de telles pratiques, des députés du peuple ci dessous membres d’une structure de transition dont pour mission première de tout faire pour que rien ne soit plus comme avant, trouve des excuses pour les autorités notamment le Président Faso, responsables de concussions des biens publics. Ils se sont désolidarisés de la structure faitière en se soustrayant de la procédure dans le but et pour pouvoir bloquer la prise en compte de l’aspiration populaire d qu’ils qualifient de manque de quorum pour la prise de la résolution d’accusation . En plus pour un vote qui ne les concerne pas par manque d’intérêt, ils font des observations sur la forme d’expression du suffrage.
    Qui sont donc ceux qui se mettent en marge de s insurgés ? D’ailleurs ils ne l’ont jamais été. Il s’agit de : SERE ADAMA ; – DABO AMADOU ;- DIABATE AMADOU ;- BOUDA BOUBACAR ;- OUEDRAOGO FRANÇOIS DENIS ;- SAWADOGO W. RAOUL ;- KABORE SAÏDOU ;- KONSEIBO/KABRE ANDREA LAURENTINE ;- LOURE AWA.

    2 août 2015

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