HomeA la uneEXPLOSIONS MEURTRIERES A N’DJAMENA : Saura-t-on jamais la vérité ?  

EXPLOSIONS MEURTRIERES A N’DJAMENA : Saura-t-on jamais la vérité ?  


La nuit du 18 juin 2024 restera tristement gravée dans les mémoires des Tchadiens. En effet, ce jour-là, à N’Djamena, et alors que la nuit s’annonçait paisible pour les habitants de la capitale, l’incendie d’un dépôt de munitions de l’armée au quartier Goudji, est survenu. Neuf morts, 46 blessés dont certains dans un état grave, et beaucoup de dégâts matériels. Voilà le triste bilan provisoire de cette tragédie que beaucoup de Tchadiens n’hésitent pas à qualifier « d’apocalypse ». Qu’est-ce qui a provoqué les explosions suivies d’incendies dans la poudrière de l’armée, située au cœur de la capitale ? Est-ce un simple accident ou un sabotage ? Aujourd’hui, les Tchadiens et Tchadiennes se perdent en conjectures et attendent des réponses claires de la part du pouvoir de Mahamat Idriss Déby. En tout cas, le Général président a promis une  « enquête » pour « déterminer les causes et situer les responsabilités ». Cela constitue déjà une nouvelle encourageante pour les victimes et leurs proches.

 

Mais une chose est de faire des annonces, une autre est de les concrétiser.

 

Cela dit, saura-t-on jamais la vérité sur le drame de Goudji ? Justice sera-t-elle rendue aux victimes ? Ce sont là les questions que se posent les uns et les autres après les propos du président. Ce faisant, Mahamat Idriss Déby est attendu au tournant par ses compatriotes. Il devrait savoir qu’il y va de son honneur et de sa crédibilité, de tenir parole en permettant l’éclatement de la vérité et de tirer les conséquences qui s’imposent.

 

La présence des emprises militaires à l’intérieur des capitales, constitue une menace permanente pour les populations

 

L’une desdites conséquences, serait de délocaliser la poudrière et même, les autres enceintes militaires hors de N’Djamena. Faut-il le rappeler, la présence des emprises militaires à l’intérieur des capitales, constitue une menace permanente pour les populations. Que ce soit au Tchad ou dans d’autres contrées du continent, le débat de la délocalisation des emprises militaires a été toujours posé sans que des réponses appropriées n’y soient apportées. En effet, généralement conçues et réalisées pour protéger des régimes en place, ces emprises militaires au cœur des capitales, constituent un enjeu stratégique pour des princes régnants trop souvent préoccupés à préserver leur fauteuil. Si fait que le danger qu’elles représentent pour les populations, est le dernier de leurs soucis. Dire à ces dirigeants de délocaliser les emprises militaires, c’est leur demander de manger leur totem.  Autant dire que ce qui vaut pour le Tchad vaut aussi pour de nombreux pays en Afrique. On se rappelle, en effet, qu’un drame similaire a eu lieu au Congo Brazzaville. En effet, le 4 mars  2012, de gigantesques explosions dans un dépôt d’armes et de munitions d’une caserne militaire, avaient dévasté le quartier de Mpila, à Brazzaville, capitale du Congo. 12 ans après ce drame, les autorités congolaises continuent de boire tranquillement leur  Ntsam, un vin de fabrication locale. Cela dit, il faut craindre que, passée la période du deuil et d’émotions au Tchad, le drame du 18 juin tombe aux oubliettes sans que toutes les conséquences ne soient tirées en vue de prévenir tout autre catastrophe du même type.

 

Michel NANA  

 


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