HomeA la uneFETES DE FIN D’ANNEE SUR FOND DE COVID-19 AU BURKINA FASO

FETES DE FIN D’ANNEE SUR FOND DE COVID-19 AU BURKINA FASO


Depuis le début de ce mois de décembre, on assiste à une propagation exponentielle des cas de coronavirus au Burkina Faso, et les chiffres publiés par le comité ….ont de quoi donner le tournis : plus d’une centaine de cas confirmés par jour, quasiment tous à transmissions communautaires, avec un record de 221 cas recensés le 17 du mois courant. Cette envolée spectaculaire des contaminations a certes un lien avec la baisse tendancielle des températures constatée actuellement dans notre pays,  mais les grands rassemblements organisés au cours de ce dernier trimestre de l’année pendant la campagne électorale et les festivités du 11-Décembre notamment, ne sont pas étrangers à cette explosion inquiétante des cas. Reste d’ailleurs à savoir si ces chiffres sont fiables et s’ils n’ont pas été minorés pour des raisons inavouables, les statistiques officielles en la matière étant souvent sans commune mesure avec les données réelles. On est d’autant plus fondé à douter de la crédibilité des chiffres que ces derniers n’émanent que des réseaux de santé et ne représentent que le nombre de cas testés. Or, il est possible que des personnes aient été contaminées ou soient même mortes du coronavirus sans passer par un centre de santé, et de ce fait, ne soient pas comptabilisées.  Le comble, c’est que malgré cette triste réalité et les ravages que la maladie fait ailleurs dans le monde, beaucoup de nos compatriotes versent toujours dans les théories les plus simplistes, allant de l’hystérie complotiste au déni du risque pandémique, rendant du coup les mesures- barrières édictées par le gouvernement complètement aléatoires. Ce scepticisme s’explique par le taux de létalité pour la Covid-19 particulièrement bas au Burkina (74 décès à ce jour), mais aussi par la peur sous-jacente des mesures restrictives comme le couvre-feu et le confinement qui mettent en danger notre subsistance, quand on sait qu’on doit travailler au quotidien pour se nourrir.

 

Le président du Faso peut rectifier le tir

 

On peut bien comprendre cette fébrilité face à l’éventualité d’un nouveau tour de vis du gouvernement qui pourrait porter un coup de grâce à notre économie déjà mal en point, mais ce serait encore plus risqué, au regard de la situation actuelle, de ne pas envisager, ne serait-ce qu’un confinement a minima, surtout à l’orée des grandes retrouvailles de fin d’année. Cela nous éviterait une hécatombe et des lendemains de fêtes qui déchantent, car, avec les embouteillages prévisibles dans les marchés, les maquis et les rues commerçantes de nos différentes villes, il est plus que probable que les cas confirmés de Covid-19 décuplent au regard de l’insouciance de nos compatriotes et de leur abandon total des mesures de protection individuelles et collectives. Il est de la responsabilité du gouvernement d’apporter rapidement des solutions sociales et sanitaires au lieu d’attendre « une dégradation excessive de la situation », comme l’a laissé entendre le Premier ministre Christophe Dabiré, avant d’appliquer des mesures drastiques contre la propagation de la maladie. Cette déclaration pour le moins curieuse, du Premier ministre Dabiré n’est rien d’autre que l’expression d’un embarras pour ne pas dire d’une gêne d’un chef de gouvernement dont tous les ministres appelaient, il y a seulement quelques jours, les populations à se regrouper massivement pour des meetings politiques, bien que le contexte sécuritaire et sanitaire soit des plus risqué. Mais en dépit de cette responsabilité avérée des plus hautes autorités de l’Etat dans le relâchement des mesures de protection,  le président du Faso, auréolé de son nouveau bail à Kosyam, peut rectifier le tir en remettant rapidement sur pied toutes les stratégies de lutte contre la pandémie, à commencer par la communication qui a été jusqu’ici pour le moins chaotique. Ses homologues du Mali, de la République démocratique du Congo, du Sénégal et de la Mauritanie ont, quant à eux, déjà pris le risque politique de fermer à nouveaux des sites sensibles comme les lieux de culte, les établissements d’enseignement, les bars et restaurants à cause de la recrudescence de la pandémie dans leurs pays respectifs. Chez nous aussi, les autorités doivent préparer les esprits à cette éventualité certes catastrophique du point de vue économique et social, mais malheureusement inévitable si le nombre de cas confirmés continue de flamber, et s’il est confirmé que le virus a dangereusement muté pour devenir plus contagieux pour les plus jeunes, comme l’affirment certains scientifiques.

 

Hamadou GADIAGA


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