HomeFocusFOCUS : EVACUATION ET REINSTALLATION DE MUSULMANS PAR LE HCR EN RCA

FOCUS : EVACUATION ET REINSTALLATION DE MUSULMANS PAR LE HCR EN RCA


Qu’est-ce que les autorités centrafricaines ont-elles fait ?

L’opération d’évacuation et de réinstallation de musulmans du PK 12, conduite par le Haut- commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), n’est pas du goût des autorités centrafricaines. En effet, la ministre de la Réconciliation, Antoinette Montaigne ainsi que la classe politique centrafricaine dénoncent cette opération de regroupement des déplacés sur un site à Bambari, localité où chrétiens et musulmans vivent encore en harmonie. La ministre reproche au HCR de ne l’avoir pas tenue informée de l’opération, malgré son statut de membre du gouvernement. Quelle lubie ! ?

Les autorités centrafricaines doivent se rendre à l’évidence que le plus important, c’est la vie des populations

Non seulement les autorités centrafricaines n’ont pas fait grand-chose pour sécuriser ces populations assiégées par les anti-balaka depuis fort longtemps, mais elles ont le culot de s’en prendre à leurs sauveteurs. C’est justement parce que la ministre de la Réconciliation et la classe politique n’ont rien fait de tangible pour amener les chrétiens et les musulmans à vivre en bonne intelligence, que le HCR s’est vu obligé de mener une telle opération de sauvetage. En vérité, cette récrimination des autorités centrafricaines à l’encontre du HCR, n’est ni plus ni moins que l’expression d’un orgueil mal placé. Car, au lieu de féliciter le HCR pour cette action humanitaire en faveur des personnes en détresse sinon en danger de mort, elles préfèrent plutôt le blâmer. Qui du HCR ou de la ministre de la Réconciliation a l’obligation, au regard des textes centrafricains, de secourir ces populations persécutées ? La réponse est évidente. Les autorités centrafricaines doivent se rendre à l’évidence que le plus important, c’est la vie de ces populations qui ne savent plus à quel saint se vouer. Si le HCR a agi sans les en avoir avertis, c’est qu’il a ses raisons. Il est certain que pour réussir une telle opération, il faut de la discrétion. Or, rien n’indique qu’au sein du gouvernement, un tel secret avait des chances d’être gardé. On sait que les anti-balaka qui ne veulent pas voir les musulmans même en peinture, ont des représentants au sein de l’Exécutif. Pouvait-on, dans un tel cas de figure, prendre le risque d’informer les autorités? Pouvait-on, prévenir ses ennemis de sa stratégie? A vrai dire, les autorités centrafricaines se trompent de combat.

Tant que les démons de la violence resteront actifs, il faudra agir

Les vrais ennemis de la paix, de la réconciliation, qu’il sied de combattre, ne sont autres que les anti-balaka qui sèment terreur et désolation. La RCA est au bord d’un génocide et tout le monde le sait. Le prix Nobel de la paix de 1984, l’Archevêque sud-africain, Desmond Tutu, l’a bien souligné le 20 avril dernier. Et il n’est pas le seul. Bien avant lui, le Secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki-Moon, s’était également inquiété en tirant la sonnette d’alarme sur une situation pré-génocidaire de la RCA. Autant d’éléments qui font dire que ce serait faire preuve d’irresponsabilité que de ne pas agir face à la situation dans laquelle se trouvaient les populations relocalisées. En évitant un massacre à grande échelle, l’ONU, à travers le HCR, fait de la prévention. Elle est dans son droit. Car si ces populations qui étaient dans le viseur des anti-balaka étaient assassinées, les mêmes autorités centrafricaines seraient les premières à dénoncer l’inaction de l’ONU, l’accusant de complicité avec les bourreaux. Le cas du génocide rwandais de 1994 est riche d’enseignements dans ce sens. Ban-Ki-Moon qui, lors des activités commémoratives du 20e anniversaire du génocide rwandais, n’a pas caché sa « honte », ne veut plus avoir « honte ». Et la seule solution pour ne plus avoir honte demain, c’est de ne pas rester les bras croisés. Tant que les démons de la violence resteront actifs, il faudra agir.

Dabadi ZOUMBARA


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