HomeA la uneFONCTION PUBLIQUE : « Quand vient l’heure de manger, chacun doit avoir sa part du gâteau »

FONCTION PUBLIQUE : « Quand vient l’heure de manger, chacun doit avoir sa part du gâteau »


Dans la déclaration ci-dessous, le Syndicat des personnels des encadreurs et enseignants du secondaire et du supérieur (SPESS) dénonce une injustice qui ne dit pas son nom, faite aux agents de l’enseignement de manière générale et aux encadreurs pédagogiques du secondaire de manière particulière. Lisez plutôt pour en savoir davantage !

 

Il est temps que les pendules soient mises à l’heure, car ce qui se trame contre ce corps est plus que de l’apartheid, c’est de la haine viscérale ; suivez notre raisonnement !

Concours professionnel lancé pour la 1re fois en 1995 au profit des professeurs certifiés d’une certaine expérience, les lauréats de niveau conseiller pédagogique ne seront pas reclassés pendant 12 ans. Les multiples luttes et procès n’ont donné droit qu’à la bonification d’un échelon à compter de janvier 2004 et sans aucun rappel ; ceux du niveau inspecteur seront reclassés au plus bas échelon de la catégorie P4 au lieu d’être reversé à la catégorie P3 où se trouvaient leurs aînés d’avant la révolution du CNR, et par la même occasion les montants de leurs indemnités ont été revus à la baisse. La poursuite de la lutte a permis de reclasser les CPES en P7 en 2012 sans un effet de prolongation sur l’âge de la retraite. De nouvelles négociations permettront de fixer théoriquement l’âge de la retraite des CPES à 63 ans au même niveau que ceux des IES. Mais, dans la pratique, aucun décret d’application n’est pris, si bien que les premiers retraités de cette catégorie d’emploi sont dans les faits sans pension et cela depuis trois (3) ans pour certains. Qu’ont fait les agents de l’enseignement de manière générale et  les encadreurs pédagogiques du secondaire, de manière particulière, aux décideurs de la Fonction publique et des Finances ?

Ces décideurs ont trouvé des astuces pour réduire à néant les quelques avantages dont disposaient les enseignants pour rendre moins douloureuses leurs servitudes ; ces avantages ont été servis à tous les agents publics, et en retour les enseignants n’ont rien reçu comme primes ou fonds communs dont disposent certains agents publics. Les enseignants ont atteint une situation où l’espoir ne pointe plus à l’horizon ; ils ont plutôt peur de se faire « fouetter » par leurs élèves.

Continuons de décrire la misère des encadreurs pédagogiques du secondaire.

Pendant que partout dans les services publics il est hors de question de mettre les travailleurs en sous-ordre, au niveau de l’encadrement pédagogique, ça semble être  un phénomène à la mode, une règle. Sinon, comment peut-on comprendre qu’au niveau des Directeurs provinciaux de l’éducation nationale et de l’alphabétisation,  on nomme des Inspecteurs de l’Enseignement du premier degré (IEPD) pendant que les Inspecteurs de l’enseignement secondaire (IES) sont en train de végéter? Cette question mérite d’être posée, quand on sait qu’au sein de l’ex-MESS, des services déconcentrés de cette nature étaient en voie d’ouverture. Ou bien les IES ne vont-ils jamais servir dans les provinces ? Nous attendons de voir, car si au niveau des écoles primaires les instituteurs certifiés ne commandent pas les  Instituteurs principaux (IP), si au niveau des CEB les conseillers pédagogiques itinérants  ne supervisent pas les IEPD, et enfin si dans l’armée les caporaux ne surplombent pas les colonels, cela ne sera pas admis au niveau des autres services du MENA. Les anciens ont l’art de dire qu’on ne doit  pas se presser pour voir quoi que ce soit, car ce qui arrive, arrivera. Ce qui est sûr, ça ne sera pas facile pour les autorités si les sous-ordres se mettent en place au niveau du MENA et ensuite des DRENA : fusionner  c’est loin d’être rattaché. Donc, il conviendrait mieux de revoir la structuration de la hiérarchie au MENA.

Au niveau toujours de l’encadrement du secondaire, c’est un oubli total ; pas de moyens de travail, et au titre de l’amélioration des indemnités forfaitaires, aucun signe positif pour les encadreurs du secondaire. Par exemple, pour cette session 2016 du Bac, pendant que chaque acteur a vu son gain revu à la hausse, les laissés-pour-compte sont priés d’observer les mangeurs manger tranquillement alors que ce sont eux qui doivent organiser les concertations et s’assurer de la bonne correction des copies afin que les évaluations soient conformes à la norme.

Tenez-vous bien, c’est dans ce même corps d’encadrement que les gens travaillent pour attendre plus d’une année avant d’être payés. Entendons par travail ici, les examens et suivis organisés au profit des élèves-professeurs de l’ENS/UK. Nous croyons que trop c’est trop.

Continuons de vous raconter nos malheurs ! Est-ce qu’on peut réparer un tort en en créant un autre ? Avec la signature de la loi 081 par le gouvernement, le 30/05/2016, le constat immédiat est que les Encadreurs pédagogiques qui sont en P7 pour les CPES et en P4 pour les IES sont oubliés. Nous nous demandons ce que nous avons fait de mal aux décideurs de la Fonction publique et des Finances. Comment pouvez- vous comprendre qu’un agent de l’Etat, resté en A1, soit à un indice supérieur à un autre de sa promotion qui a bénéficié de deux promotions à l’ENS/UK ? En termes clairs, comment comprendre qu’un agent de la Fonction publique, qui était en A1, 3e classe, échelon 5 à l’indice 1 500 soit reversé à 2 029 et que son collègue de la P4 à l’indice 1 500 également soit reversé à 1 591 ?

Prenons un autre exemple : un agent de la catégorie A2 échelon 3 avec un indice de 930 est réversé à l’indice 1 243, tandis que son collègue de la P7, échelon 3 à l’indice 940 est réversé à 1 036.

On n’en finira pas de donner des exemples, tellement la grille de reversement est truffée d’incohérences.

A la lecture de la grille des salaires de la loi 081, nous constatons que sur les 166.000 fonctionnaires de l’Etat, ce sont les 500 encadreurs pédagogiques qui sont oubliés ; cette situation est inéquitable et est sciemment organisée. En effet, il n’y a pas de raison que le 1er document de reversement, qui a circulé en 2014 et qui est juste, équitable et conforme à ce qui est normal, ne soit pas celui qui soit soumis à la signature du gouvernement.

Il y a un ennemi de la paix sociale, de la démocratie dans le circuit ; ce dernier a pris le soin de garder les encadreurs pédagogiques du secondaire dans leurs anciennes situations en biffant tout ce qui était prévu pour eux dans le document initial et en conservant les gains pour les autres corps.

Par cette adresse, nous informons tous les encadreurs pédagogiques  de l’Enseignement secondaire (Conseillers comme Inspecteurs), que l’heure de la mobilisation et de la lutte a sonné. Il n’y a pas de raison que nous nous laissions faire ! Ce pays est à nous tous ; quand vient l’heure de se sacrifier, chacun doit être de la partie ; mais quand vient l’heure de manger, chacun doit avoir sa part du gâteau. L’opinion nationale et internationale est tenue informée de l’apartheid et du projet d’« assassinat » du corps des encadreurs pédagogiques du secondaire en cours. Il n’y a pas de raison qu’on se taise ! Les premiers ne peuvent pas devenir les derniers et les derniers, les premiers ! Autant supprimer le corps des encadreurs pédagogiques du secondaire et arrêter les différents concours professionnels ! L’attentat contre ce corps nous démontre que ceux qui y sont, auraient à gagner en remontant le temps (en repartant dans le passé) dans leur catégorie de l’échelle A pour se faire reverser : c’est vraiment terrible !

Au-delà de cette actualité qui ronge les encadreurs pédagogiques du secondaire, l’Etat doit réorganiser les modalités de rémunération de tous les travailleurs en devenant plus juste dans la gestion des Hommes. Soit l’Etat accorde des statuts particuliers avec les avantages qui siéent à tous les corps d’emploi, soit l’Etat donne les rémunérations mensuelles à tous les agents en tenant compte des diplômes et en y affectant des indemnités selon les spécificités des uns et des autres ! Ce qui est sûr, il faudra que la gestion des Hommes soit équitable : si la situation économique du pays est favorable, que chacun tire profit, et qu’en période de vaches maigres tout le monde serre la ceinture ! C’est à cette seule condition que nous construirons une société juste. Il faut mettre un terme à la gestion égocentrique des ressources humaines et financières de l’Etat !

 

Ouagadougou, le 27/06/2016

 

Le Secrétaire général  National du SPESS,

 

Arouna LANKOANDE,

Inspecteur de l’Enseignement secondaire,

 

Chevalier de l’Ordre des Palmes académiques


Comments
  • Courage chers encadreurs. Quelles injustices? c’est claire et limpide ce que vous dites. En plus, des exemples permettent de mieux cerner la réalité et la gravité de la différence des indices de salaire. Que ceux chargés d’analyser les recommandations avant de faire des propositions d’amélioration de traitement des gains mensuels prennent en compte au moins le niveau et le rang des agents de l’état, bon sens. C’est une honte et une insulte. Manque-t-il des experts pour trouver une péréquation ou c’est clairement de la méchanceté de nos responsables. Que chacun joue son rôle pour mériter son titre sinon le Gouvernement doit éviter de telle réponse aux dignes fils de ce pays qui consciemment ne se sont pas contenté du peu mais ont persévéré en perdant d’autre opportunité (vacation et autres) pour devenir des cadre plus professionnels et plus apte à défendre les problème qui minent notre système. Aussi il faut leur permettre de bien travailler, une condition adéquate. L’avenir de notre nation le Burkina Faso en dépend. Sérieux.

    14 juillet 2016
  • Courage chers encadreurs. Quelles injustices? c’est claire et limpide ce que vous dites. En plus, des exemples permettent de mieux cerner la réalité et la gravité de la différence des indices de salaire. Que ceux chargés d’analyser les recommandations avant de faire des propositions d’amélioration de traitement des gains mensuels prennent en compte au moins le niveau et le rang des agents de l’état, bon sens. C’est une honte et une insulte. Manque-t-il des experts pour trouver une péréquation ou c’est clairement de la méchanceté de nos responsables. Que chacun joue son rôle pour mériter son titre sinon le Gouvernement doit éviter de telle réponse aux dignes fils de ce pays qui consciemment ne se sont pas contentés du peu mais ont persévéré en perdant d’autres opportunités (vacation et autres) pour devenir des cadres plus professionnels et plus aptes à défendre les problème qui minent notre système scolaire. Aussi il faut leur permettre de bien travailler, une condition adéquate. L’avenir de notre nation le Burkina Faso en dépend. Sérieux.

    14 juillet 2016

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