HomeRencontreFREDERIC GUIRMA, ancien ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis et homme politique : « Notre problème national n’est pas seulement politique, mais aussi moral»

FREDERIC GUIRMA, ancien ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis et homme politique : « Notre problème national n’est pas seulement politique, mais aussi moral»


Ancien ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis et homme politique, il a affronté l’ex-président du Faso, Blaise Compaoré, à la présidentielle de 2005. Mais la promesse faite de mettre ce renard politique en ballottage fut vaine, car il n’avait obtenu que 5, 86% des voix contre 87, 53% pour son adversaire. Depuis, Frédéric Guirma, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est retranché en France où il vit loin du brouhaha politique de son pays, le Burkina Faso. Mais pourquoi ce choix ? Que devient son parti, le Front de refus ? Comment a-t-il accueilli la chute de Blaise Compaoré? Quel regard porte-t-il sur la classe politique burkinabè ? Que pense-t-il de l’attelage Michel Kafando-Zida? Ce sont autant de questions auxquelles Frédéric Guirma a apporté des éléments de réponses, par écrit, donc sans possibilité de relances. Celui que d’aucuns ont accusé, à tort ou à raison, d’avoir fui avec la subvention de l’Etat accordée à son parti au lendemain de la présidentielle de 2005, trouve l’ex-Opposition médiocre, car n’ayant pas été capable de savoir que faire en cas de chute de Blaise Compaoré, et le général Gilbert Diendéré, un grand officier « formidable », grâce à qui les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) ont eu de la retenue, en cessant de tirer sur les manifestants les 30 et 31 octobre 2014. Selon l’ambassadeur Guirma, si Blaise Compaoré l’avait reçu comme il le lui avait demandé, il lui aurait proposé une porte de sortie honorable. Pour des raisons d’éthique et de déontologie, nous avons supprimé certaines parties. Lisez plutôt.

« Le Pays » : Que devient Frédéric Guirma ? Que faites-vous comme activité en France ?

Frédéric Guirma : Toujours le même. Peu de gens me savent historien de formation académique. J’ai eu mon M.A en histoire à Loyola University à Los Angeles en Californie aux USA. J’ai enseigné l’histoire à une université de l’Etat de New-York. Bibliothécaire à ce qui est devenu le CNRS et dont j’ai constitué le fond de bibliothèque de 1952 à 1959, j’ai aidé à ses recherches pour écrire sa thèse de doctorat, le Dr Eliott P. Skinner devenu depuis, chef du Département d’Anthropologie à Columbia Unversity, et Ambassadeur des Etats-Unis chez nous. Dans son livre “The Moshi of Upper Volta” qui fait autorité dans les académies du monde, il me liste parmi ceux qu’il remercie de l’avoir aidé. Je corrige actuellement un manuscrit d’histoire encyclopédique de notre pays, car l’histoire est le miroir d’un pays et de son peuple, et nos cadres et nos jeunes connaissent très mal celle de notre pays.

Pourquoi, après la présidentielle de 2005, avez-vous choisi de vous installer en France?

Parce que notre vie politique percutait le nadir de l’irresponsabilité et de la médiocrité. Faire de la politique n’est pas faire du business pour être riche, mais faire son devoir civique de citoyen patriote. Ainsi, Salif Diallo a fait institutionnaliser les partis d’opposition en un groupe, avec un chef officiel face au CDP, comme si on était en bipartisme à l’anglaise où parti au pouvoir et opposition sont des partis de la Reine ou du Roi que serait Blaise Compaoré. Je l’avais prévenu qu’il induisait à la patrimonialisation du pouvoir. Chez les Anglais, lors d’élections dont le chef du gouvernement sortira, jamais le chef de l’opposition officielle ne fera voter son parti pour son adversaire au pouvoir. Ce serait de la félonie. En 2005, le RDA de Gilbert Ouédraogo a fait voter pour Blaise Compaoré alors que son devoir officiel était de lui arracher le pouvoir. Qu’est-ce qui expliquait ce choix sinon le mépris de ce parti pour ses militants des masses populaires qui ne lui servent que de monnaie dans les magouilles de ses leaders avec le pouvoir qu’ils sont pourtant censés combattre? Il a récidivé encore dans ce qui vient de se passer. Salif Diallo avait fini par me donner raison, en dénonçant la patrimonialisation du pouvoir!

Que devient le parti de Frédéric Guirma ?

Devant la loi, un parti se constitue et se dissout par son congrès. En ce qui concerne le mien, un congrès de dissolution ne s’est jamais tenu pour autant que je le sache. Il attend donc son heure.

« J’ai refusé de participer au gouvernement de large ouverture parce qu’il n’était pas éthique »

En 2005, certains vous ont accusé d’avoir fui avec la subvention de l’Etat accordée à votre parti. Que leur répondez-vous?

Qu’un journal sérieux comme « Le Pays » me pose cette question, prouve que beaucoup le croient. Notre peuple est analphabète. Ses fonctionnaires et autres lettrés et diplômés qui lui servent de cadres, se moquent de son information correcte pour son éducation politique. Ils constituent des coteries de petits copains de jeux de cartes ou de dames, se retrouvent dans les maquis et les gargotes à des tables chargées de poulets rôtis et de Brakina et selon leur taux d’alcoolémie, s’abandonnent à des fornications frénétiques de la langue, où chacun prétend avoir des informations croustillantes sur les hommes en vue qu’ils détestent. Leurs calomnies ignobles se propagent ainsi en rumeurs qui, à la fin, paraissent crédibles, faute d’avoir jamais été démenties par leurs victimes qui ne les apprennent que bien plus tard. L’opinion publique analphabète qui ne s’informe que par les rumeurs, prend ces ragots de soûlards irresponsables et maléfiques pour du pain bénit. Aussi je rafraîchis donc la mémoire de vos lecteurs.
Aux élections qui venaient de se tenir, on a prétendu que je n’avais eu que 5,86%, face aux 87,53% de Blaise. Je ne comptais pratiquement donc pas sur la scène politique. Après l’assassinat de Norbert Zongo, j’ai refusé de participer au gouvernement de large ouverture, parce qu’il n’était pas éthique que ma crédibilité auprès de ces 5,86% serve à endormir le peuple sur des magouilles politiciennes visant à empêcher la lumière et la justice de se faire. Les premiers couteaux de Blaise, Salif Diallo son grand Chambellan, Roch Marc Christian Kaboré Président de l’Assemblée nationale et du CDP, Simon Compaoré maire de Ouagadougou, Boureima Badini ministre de la Justice et Blaise lui-même chargèrent Yéro Boly, son ministre de l’Intérieur, de me nettoyer de parti sur la scène politique. Si mon score était si dérisoire à 5,86%, pourquoi fallait-il le faire ? Pourquoi Yéro Boly s’est-il employé avec tant de rage atrabilaire à me faire diffamer dans le pays et le monde entier, en me faisant passer pour un voleur d’argent de mon parti? Les statuts constitutifs et le règlement intérieur d’un parti stipulent qu’on n’en est vraiment membre que lorsque qu’on a payé ses droits d’adhésion, sa carte de membre en faisant foi, en restant un membre qui cotise. Le parti fonctionne sur ses cotisations et les dons, subventions et legs en sa faveur. Il est aussi stipulé que qui ne s’est pas acquitté de ses obligations ne peut ni assister à ses réunions, ni à ses congrès, ni a fortiori être élu à sa direction et avoir le droit de demander des comptes sur ses finances auxquelles ils n’ont pas cotisé. Mais en raison du contexte de l’époque, aucun parti n’a fonctionné sur les cotisations de ses membres, depuis la reconstitution de la Haute Volta en septembre 1947. C’était leurs dirigeants qui payaient leur fonctionnement. Et en plus, les gens, membres ou pas, exigent qu’ils leur servent de Croix-Rouge pour payer leurs ordonnances médicales et autres besoins. Quand j’ai réactivé le Front de Refus RDA à la présidentielle de 1998, ses statuts constitutifs et son règlement intérieur stipulaient les mêmes obligations à tous ses adhérents.
Ses anciens cadres étant au CDP ou au Groupe du 14 Février et au Collectif qui boycottaient ces élections, je me suis contenté du tout venant pour tenir un congrès et former son bureau. C’est ainsi que Yamba Sonmanda, Vincent Douamba, Sinaré en ont été. Des enseignants et un jeune étudiant ressortissants du Houet et un jeune médecin originaire de Garango, m’ont rejoint mais trop tard pour être membres du bureau. Ils ont été du reste très efficaces dans leurs provinces et je ne les oublierai jamais. Le parti a ainsi fonctionné de ma poche, jusqu’en novembre. Yamba Sonmanda, Vincent Douamba, Sinaré et leur clique ont eu tout le temps de payer chacun son droit d’adhésion, et de prendre leur carte car les cartes imprimées étaient bien là et j’ai insisté plusieurs fois pour qu’ils le fassent. Aucun ne l’a fait. L’argent de la subvention de l’Etat au candidat et non au parti, quelque 33 millions de F CFA et poussière, je les ai partagés cash, devant tous, avec les responsables de provinces. Chacun y est retourné avec sa part. Du Sanguié où aucune carte n’avait été placée ni aucune cotisation perçue, Jean Bado a dépêché ses amis, l’un en cravate, qui sont arrivés tout excités comme si c’était pour renverser des montagnes et ont exigé en plus plusieurs millions. Je n’ai pas été dupe. Je savais qu’ils ne contrôlaient guère leur province et mangeaient à tous les râteliers. Mais il avait fallu les contenter, sinon il y seraient des saboteurs redoutables. Après les élections, aucun ne m’a rendu compte de l’usage qu’il a fait de l’argent. Chez nous, c’est comme ça la politique ! Et 33 millions de F CFA, ce n’était pas le Pérou pour une campagne présidentielle auprès d’électeurs pauvres et désargentés, négligés d’éducation politique et éduqués aux achats de votes.
Après les élections que j’ai perdues, une délégation d’un quartier de Ouagadougou est venue me demander de l’aide en vivres et en argent parce que, disent-ils, ils ont voté pour moi. Sans doute, ils me croyaient milliardaire comme El Hadj Oumarou Kanazoé. Je leur ai répondu que je ne pouvais pas nourrir leur quartier et ils étaient repartis fort mécontents. Une femme est venue me demander de lui payer deux congélateurs, et une autre est venue me demander de quoi payer son lopin de terre dans son quartier. Puis Yamba Sonmanda, ancien gendarme que j’avais mis à la CENI où il a touché de grosses indemnités et Vincent Douamba, ancien inspecteur de Police, sont venus exiger que je leur donne ce qui reste de l’argent de l’Etat, de quoi aller lancer eux aussi leurs propres affaires. Je leur ai répondu que même s’il en restait quelque chose, éthiquement, ce serait un délit si je le faisais. Ce serait l’argent du parti que je ne pourrais pas leur donner pour leurs affaires personnelles. Furieux, Yamba Sonmanda a emporté l’ordinateur que j’avais acheté pour le secrétariat du parti, pour que sa fille s’en serve pour saisir les lettres et les papiers officiels des illettrés de leur quartier qui leur payaient le service. Exécutant les ordres de Blaise Compaoré et de son brain-trust de me liquider de parti, Yéro Boly acheta Yamba Sonmanda, Sinaré et une clique pour qu’ils me déclarent à la presse déchu de la présidence du parti pour détournement de l’argent du parti ( que le parti n’avait pas) et remplacé par Yamba reconnu par le ministère de l’Intérieur comme président du Front de Refus RDA. En vain, j’ai expliqué à Yéro Boly que faute de cotisations, le parti n’avait pas d’argent et que statutairement, Yamba et aucun de sa clique ne sont encore vraiment membres du parti, aucun n’ayant pris sa carte d’adhésion ni a fortiori payé ses cotisations.

Mais au mépris total de ces statuts et de ce règlement intérieur, donc de la légalité constitutionnelle, Yéro Boly leur maintint la reconnaissance de l’Etat. (…) Il m’a fait convoquer par la gendarmerie pour enquête, et a mis des véhicules de l’Etat à la disposition de Yamba et de sa clique pour parcourir, tous frais payés, les provinces et m’y assassiner de réputation et d’honneur. Si plutôt que d’étaler en pages de titre les déclarations de Yamba devenues leurs choux gras en l’appelant président du Front de Refus RDA comme l’a décrété Yéro Boly, et d’aider à me diffamer au plan national et international, les journalistes respectueux de la déontologie de leur profession qui les oblige au devoir de vérité et d’objectivité pour mieux informer l’opinion nationale et internationale, avaient voulu publier aussi ma version, c’est ce que je leur aurais dit. Mais certainement, le sinistre Yéro Boly avait pris des précautions pour accomplir sa mission de m’éliminer de la scène politique. Beaucoup de journalistes avaient bouffé du gombo comme vous dites dans votre jargon.
A propos de cette présidentielle, un plumitif (…) m’a diffamé au plan national et international, en écrivant dans un journal de la place que j’ai été un candidat de complaisance acheté par Blaise Compaoré qui redoutait d’être seul candidat encore, comme en 1991, à cause du boycott des élections par le Groupe du 14 février et le Collectif. L’évidence du contraire se lit, rien que dans l’écrit de Hector Adam’s publié par votre quotidien « Le Pays » dans sa livraison du mercredi 18 novembre 1998 N°1770 que je vous cite de mémoire,

« Celui-là même qu’on disait incapable de tenir un meeting honorable a étonné plus d’un. En effet, le candidat Frédéric Guirma, quoi qu’on dise, n’a laissé personne indifférent; bien que généralement calme, il a montré qu’il pouvait aller jusqu’au bout dans le pire comme dans le meilleur. N’a-t-il pas certaines fois dit haut ce que nombre de Burkinabè pensaient bas? Tout politicien, dit-on, partage avec les acteurs le sens des tréteaux: l’aptitude à traduire des sentiments qui ne montent pas toujours du coeur, les acteurs étant en général meilleurs menteurs. Cependant, les déclarations de Frédéric Guirma qui ne produiront pas nécessairement des actions efficaces auront eu le mérite d’appeler les Burkinabè à un devoir de mémoire pour ne plus avoir à revivre des cauchemars. » Fin de citation.

« En homme politique, j’aimerais lire dans ce qui est arrivé chez un vrai événement »

Etes-vous en contact suivi avec les hommes politiques du pays? Si oui, avec lesquels, sinon pourquoi ?

Je n’ai aucun contact avec eux. Je ne suis pas un politicien mais justement un homme politique qui ne joue pas avec le destin de son peuple. Vous savez, ils ont tous un esprit si fétide que si l’on prend contact avec eux, ils croient qu’on les courtise ou que l’on veut se les récupérer. Le Balai Citoyen me paraît cependant une pépinière bien prometteuse de futurs hommes politiques valables. Mais il lui faut un autre cadre d’expression aujourd’hui que les manifestations populaires et le Conseil national de transition qui manque totalement de représentativité et de légitimité populaires et donc de crédibilité.

Quelle lecture faites-vous des événements qui se sont déroulés les 30 et 31 octobre 2014 dans notre pays ?

D’abord, en historien, j’établis la distinction entre un événement et un simple fait. Même tragique, douloureux, cruel et effroyablement dévastateur, le terrible accident de l’avion d’Air Algérie, tout en faisant partie de l’histoire, est un fait qui ne fait pas nécessairement l’histoire. Cet accident ne changera pas le cours de notre histoire et des gens continueront de voyager sur des vols d’Air Algérie. Un fait est un événement quand il force nécessairement à un changement radical du cours de l’histoire. En homme politique, j’aimerais lire dans ce qui est arrivé chez un vrai événement, une révolution au sens étymologique du terme, qui se traduira par le changement profond et radical du système imposé par la Constitution de 1991 tant de fois tripatouillée, suivant les caprices et les besoins de ses oligarques. Quand on considère ses acteurs, je redoute qu’il ne s’agisse que d’un moment d’humeur suivi d’une révolution de palais qui a ouvert la porte à une période d’incertitudes des lendemains. Les 24 morts seraient alors morts pour des clous et les quelque 600 blessés aussi blessés pour des clous.

Comment avez-vous accueilli la chute de Blaise Compaoré?

Avec beaucoup de tristesse sincère. Ce n’est guère une sortie honorable pour lui, hélas !

Avez-vous eu une fois l’occasion d’attirer l’attention de Blaise Compaoré sur le danger que constituait sa volonté de modifier l’article 37 de la Constitution?

Au paroxysme du tohu-bohu, avec les manifestations de rues du peuple en foules frôlant le million d’individus, mon jeune frère Joanny , ancien Directeur du personnel à Air-Afrique qui vit en France, et mes deux fils Victor Guirma et Pascal Guirma, qui vivent aux USA, étaient si angoissés et redoutaient tant une fin tragique qui plongerait notre pays dans le chaos dans lequel gît la Centrafrique, qu’ils m’ont persuadé de tout faire pour voir Blaise Compaoré et tenter de lui suggérer une voie de sortie honorable. J’ai vu notre Ambassadeur à Paris et lui ai dit de m’obtenir une audience auprès du Président, mais cela ne m’a pas étonné que ma démarche ait essuyé une fin de non recevoir. La dernière fois qu’en tête-à-tête nous nous sommes rencontrés en 1998 à Ouagadougou pour échanger sur la crise déclenchée suite à l’assassinat de Norbert Zongo, j’avais constaté que sûr de lui surtout après sa réélection, le Président Blaise Compaoré était d’un autisme effroyable et ne croyait qu’en son propre jugement.
Valère Somé (…) a publié dans Fasozine sur Internet que dans l’affaire Norbert, “Blaise a suivi les suggestions de Frédéric Guirma qui est un libéral“. Dans le bureau de Blaise et mandé par lui, j’étais seul avec lui. Valère Somé n’y était pas. Valère Somé n’a rien pu savoir de ce que je lui ai dit. Valère Somé (…) qui croit tout savoir, pour se sentir l’important qu’il n’est pas.

J’ai dit à Blaise Compaoré que cet assassinat n’était que le révélateur d’une crise institutionnelle qui couve depuis notre indépendance en 1960, aggravée par la longue présence des militaires au pouvoir, et exacerbée du fait qu’il a prétendu démocratiser après une révolution marxiste sanglante et sa rectification aussi sanglante sans avoir expurgé des mentalités les séquelles de la révolution et effectué la réconciliation nationale. Et je lui ai suggéré exactement la même chose qu’à Roch Marc Christian Kaboré et au Bureau politique du CDP venus chez moi à la Zone du Bois pour me consulter sur ce sujet. Blaise Compaoré m’a répondu qu’il n’y a pas de crise mais que ce sont des gens qui s’agitent pour rien et finiront bien par se calmer. Je lui ai répliqué qu’alors lui et moi n’avions pas la même lecture de la situation et que dorénavant, le fantôme de Norbert Zongo le hanterait aussi chaque année, jusqu’au jour où sa fuite en avant percutera un mur. Nous nous étions quittés sans plus. Si donc Blaise Compaoré m’avait reçu comme je le lui demandais, par notre ambassadeur, je lui aurais suggéré la même voie de sortie honorable exactement qu’en 1998, et qu’il a rejetée pour créer son Collège de Sages qui a été l’exercice en futilités le plus parfait que des politiciens se croyant des génies politiques aient jamais ingénié, malgré le prestige religieux de son président Mgr Anselme Sanou alors évêque de Bobo-Dioulasso.

« On ne pensa même plus que le Général Gilbert Diéndéré a bien mérité de la patrie »

Que pensez-vous de la classe politique burkinabè d’aujourd’hui?


Elle est un incroyable panier à crabes comme celle de 1998 et qui s’est montrée plus médiocre que jamais. A force de détruire de dignité et de réputation les hommes les plus crédibles comme l’a fait le CDP, et de jouir de cette cannibalisation de caractères par le CDP comme l’ont fait les partis de l’opposition parce que c’était autant d’ennemis politiques à éliminer de la scène, elle n’a même pas eu la sagacité de prévoir que faire en cas de chute de Blaise. L’opposition est si nulle que personne, dans l’immense foule, n’a crié Zéphirin Diabré au pouvoir, ou Roch Marc Christian Kaboré au pouvoir ou Ablassé Ouédraogo au pouvoir où Me Bénéwêndé Sankara au pouvoir. On est revenu au cri idiot de 1966 de, cette fois, le Général Honoré Traoré, chef d’Etat- major au pouvoir, le Général retraité Kwamé Lougué au pouvoir et même une brave dame a failli se proclamer Chef de l’Etat, tant le pouvoir gisait à terre ! Les leaders de l’opposition se sont réservés pour les élections, on le sait, mais justement à cause de cela, c’est minable et désolant que leurs ambitions personnelles égoïstes priment sur leur souci pour les intérêts supérieurs et vitaux du peuple.

Quel sera votre candidat pour la présidentielle de 2015?

Paf, d’abord à réfléchir. Quand le nom du Général Honoré Traoré a été crié comme Chef d’Etat, on y a objecté qu’il est une créature de Blaise, donc disqualifié pour la fonction. Quand le Lt-Colonel Isaac Zida a pris le pouvoir, on y a objecté qu’il est aussi une créature de Blaise et donc disqualifié aussi pour la fonction. On est allé même jusqu’à insinuer que le Général Gilbert Diéndéré, pourtant resté discret est lui aussi une créature de Blaise. On ne pensa même plus que le Général Gilbert Diéndéré a bien mérité de la patrie, et cette mention est lourde de sens pour les militaires, pour avoir préservé le peuple de la boucherie que le RSP en eût fait s’il n’avait pas agi, et pour avoir persuadé Blaise qu’il n’avait plus qu’à démissionner pour se préserver et préserver le peuple du pire. Alors qui, diantre, dans ce pays que Blaise gouvernait depuis 27 ans et où il a nommé à tous les postes des plus hautes responsabilités civiles et les militaires, n’est pas une créature de Blaise? Il n’y a que moi en fait qui ne le suis pas puisqu’il ne m’a jamais nommé et que même, il s’est parjuré de parole d’officier et de Chef d’Etat à mon égard ! Autrement, même Michel Kafando, le Président de transition, est une belle créature de Blaise qui l’avait nommé ambassadeur à l’ONU où il est resté près de 10 ans ; ce qui lui a donné du crédit aux yeux de ceux qui l’ont proposé à ce poste et l’y ont fait retenir. Et il y a les créateurs de Blaise qui sont devenus ses créatures.

Les Sankaristes, Me Bénéwêndé Sankara et Ernest Nongma en tête, ceux du PAI et autres groupuscules communistes ont été les créateurs de Sankara et de Blaise puis leurs créatures. A la rectification, beaucoup ont choisi d’être les créateurs de Blaise au Front Populaire père de l’ODP/MT mère du CDP où ils sont devenus ses créatures. Ministre d’abord puis Conseiller du Président, poste où l’ambassadeur de France lui a remis la légion d’honneur le jeudi 7 janvier 1999 pour services rendus et d’où Blaise l’a parrainé pour que le PNUD le nomme Administrateur associé, poste d’où il accéda à celui de cadre à Areva en France alors que nous ne produisons même pas d’uranium, Zéphirin Diabré est une créature de Blaise dont les faveurs lui ont donné l’assurance, les moyens et l’ambition politique qui l’habitent depuis. Il est aussi parmi les créateurs de Sankara et de Blaise à la Révolution, et après la rectification de Sankara, de Blaise dans l’ODP/MT clonée du Front populaire et devenue CDP. Salif Diallo, Roch Marc Christian Kaboré, Simon Compaoré, de créateurs de Blaise sont devenus, depuis, ses créatures les plus emblématiques dont il a fait la fortune politique et financière. Aucun n’est né avec une cuillère d’or ou d’argent dans la bouche comme les sycophantes de certains le crient partout, mais avec tout au plus une cuillère d’aluminium brute, voire la petite calebasse traditionnelle des bébés mossi. Qui ne connaît pas qui est qui ou le fils de qui? Ablassé Ouédraogo est une créature de Blaise dont il fut le ministre des Affaires étrangères et qui l’a parrainé pour ses postes à l’OMC et à l’OUA. Bassolet est une créature et à la fois un créateur de Blaise qu’il a parrainé, selon Jeune Afrique, pour qu’il entre dans sa loge maçonnique. Tournez-vous à droite, puis à gauche, regardez devant vous puis derrière vous, vous vous heurtez partout à des créatures de Blaise. On ignore seulement ce qui les a aliénés de Blaise dont ils ne se sont en tout cas pas séparés.

J’entends que d’aucuns créent un mouvement qui réclame le retour de Blaise et ont reçu l’aide financière du Président Alassane Dramane Ouattara pour les élections. De quoi se mêle-il donc le jeune frère? La question lancinante aux civils et aux militaires est donc la suivante : alors c’en est fini pour Blaise et pour de bon ou bien n’est-ce que la mi-temps d’un jeu ? Nos politiciens aiment tant le clair-obscur comme on l’a si bien vu naguère avec Maurice Yaméogo, dont beaucoup de militaires et de civils travaillaient pour le retour, que ce ne sont pas les élections la priorité, mais de savoir clairement s’il s’agit d’un vrai changement du système ou d’un simple accident de parcours, qui sera réparé par une reprise normale du même parcours avec les mêmes hommes pour Blaise ou juste à la place de Blaise dont ils sont quand même les créatures ? Apparemment, rien de tout cela ne semble exclu, et ce n’est pas la confiscation de la victoire du peuple par l’armée seulement qu’il faut craindre !

Pensez-vous rentrer définitivement au bercail un jour ?

Tout exilé, surtout pour des raisons politiques, ne prie Dieu que pour cela.

En tant que diplomate de carrière, vous connaissez certainement Michel Kafando. Que pensez-vous de l’homme?


Je le connais mal comme diplomate. Je n’étais pas son ministre des Affaires étrangères. Aussi je ne pense absolument rien de particulier de l’homme que je puisse livrer à un organe de presse.

« Il est évident que le Général Gilbert Diéndéré nous a préservés de cette calamité »

De 1966 à aujourd’hui, il n’y a eu que des militaires à la tête du pays. Est-il temps que le pouvoir revienne aux civils comme le pensent beaucoup de citoyens Burkinabè aujourd’hui?


Un gouvernement civil n’est pas nécessairement la panacée, la garantie absolue de bonne gouvernance mais celui de civils et de militaires patriotes pétris du sens de l’Etat et non opportunistes, égoïstes et situationnistes qui veulent le pouvoir pour le pouvoir afin de s’enrichir licitement ou illicitement. Car il nous faut rebâtir un Etat dont chaque institution jouera son rôle selon sa raison d’être. Ceci dit, il faut avouer qu’en 1966 c’est un civil du MLN, Joseph Ki-Zerbo, pour ne pas le nommer, qui, y trouvant la chance de son parti d’accéder enfin à des postes dans le gouvernement, avait crié “l’armée au pouvoir” ; cri repris en tonnerre pas la foule car les chefs des autres partis étaient trop divisés pour s’entendre sur un projet politique commun. Depuis, le MLN a été dans tous les cabinets de Lamizana, sauf sous la IIe et la IIIe   Républiques. Les groupuscules communistes qui, au fur et à mesure, naissaient de lui, ont fini par pénétrer clandestinement dans l’armée où ils ont organisé le Regroupement des Officiers Communistes (le ROC) qui a instauré la révolution. Certains aussi du RDA et du parti d’Hermann Yaméogo ont compté sur les militaires au pouvoir pour leurs fortunes personnelles. Cette fois, il faut arriver à ce que des civils ne se servent pas des militaires et que des militaires ne se servent pas des civils.

Quelle appréciation faites-vous du rôle joué par l’armée pendant l’insurrection populaire?

Le Président Maurice Yaméogo a ordonné au Commandant Sangoulé Lamizana, le chef d’Etat-major, de faire tirer l’armée sur la foule, le 3 janvier 1966. La majorité, dans le corps des officiers, a décidé de désobéir à l’ordre. Il ne s’agissait pas d’une émeute d’anarchistes et de crapules à mâter mais d’une insurrection massive légitime du peuple contre son Président, et une armée ne tire jamais sur son peuple. C’est le Président Lamizana qui me l’a dit et beaucoup d’autres officiers me l’ont confirmé. Prétendre le contraire pour les besoins de sa carrière politique, c’est du révisionnisme historique que la Justice des nations civilisées condamne comme un crime grave contre la mémoire d’un peuple. J’ignore si les 30 et 31 octobre 2014, le Président a ordonné aux militaires de tirer sur le peuple car il y a deux armées, la régulière dont le Général Honoré Traoré était le chef d’état-major, et le Régiment de la Sécurité Présidentielle, RSP, dont le Général Gilbert Diéndéré est le chef d’état-major indépendant de son homologue Traoré. La mission spécifique de raison d’être de l’armée régulière est de défendre le pays contre toute menace et toute agression venant de l’extérieur. Celle spécifique de raison d’être du RSP est, comme son nom l’indique, de défendre automatiquement même sans ordre spécifique la personne du Président, contre toute menace et toute agression venant de l’intérieur. Et on connaît l’antagonisme entre les deux groupes du fait que le RSP est mieux armé et mieux payé que l’armée régulière.
Ainsi, si l’armée régulière n’a pas tiré sur le peuple, c’est du fait du Général Traoré et des officiers de son état-major, qu’ils aient désobéi au Président Blaise Compaoré ou décidé de leur propre chef de ne pas le faire, et c’est hautement louable et admirable. C’était comme en 1966. Donc un grand hourra et un grand merci pour le Général Honoré Traoré et le corps des officiers de son état-major. Si des éléments du RSP ont tiré et tué certains des 24 morts et blessé, ces quelque 600 blessés, cela allait de soi, du moment où ils devaient le faire automatiquement dès que le chef de l’Etat était immédiatement menacé dans sa sécurité, voire dans sa vie comme ce fut le cas. Si après ils ont eu de la retenue et ont cessé de tirer, c’est du fait du Général Gilbert Diéndéré qui n’est pas le « blaisolâtre » obtus comme le prétendent beaucoup de gens, mais un vrai officier général formidable d’intelligence, de patriotisme, de courage politique, de sang froid et de discernement. Il est évident que dans le contexte d’alors, le RSP n’eut pas toléré un Général Honoré Traoré au pouvoir. Un affrontement armé entre les deux armées en eut résulté, nous installant dans la guerre civile. Il est évident que le Général Gilbert Diéndéré nous a préservés de cette calamité comme il a préservé le peuple du massacre par le RSP et le Président Blaise Compaoré, de l’ignominie d’être enfermé derrière des barreaux ainsi que le régime transitoire de l’embarras d’avoir notre chef d’Etat déchu en prison. Quand son adjoint, le Lt Colonel Isaac Zida, alla prendre le pouvoir à la place du Général Honoré Traoré, il était clair qu’il a été envoyé en mission. N’avez-vous pas remarqué qu’aux questions délicates de la presse, il répondait, “je n’ai pas encore consulté la hiérarchie”, ou, “il faut que je consulte la hiérarchie”? Pour le lieutenant-colonel qu’il est dans le RSP, qui est au-dessus de lui dans la hiérarchie de son unité le RSP si ce n’est son chef d’état-major, le Général Gilbert Diéndéré?

« Pourquoi Sankara tenait-il tant à intégrer à l’armée Vincent Sigué au grade de lieutenant »

Selon vous, doit-on juger Blaise Compaoré?


Oh la belle question ! Et selon vous doit-on le juger ? Et pour quoi ? Mes paupières ont sauté en circonflexe quand, dans l’atmosphère électrisée et l’ambiance euphorique de leurs investitures, le Lt Colonel Zida a déclaré que la mission du régime transitoire serait de se saisir des dossiers des assassinats du capitaine Thomas Sankara et de Norbert Zongo, de s’occuper des prédateurs des biens de l’Etat et de réaliser la réconciliation nationale et que Michel Kafando, vêtu du cordon de grand’croix ainsi que du collier de grand maître des ordres nationaux, a surenchéri en autorisant l’ouverture de la tombe de Sankara. Certes, cela a enthousiasmé les Sankaristes ainsi que les jeunes qui le vénèrent comme une Dieu sans savoir qu’il y a des dieux malfaisants dans le polythéisme. Mais cela ne revenait ni plus ni moins qu’à nettoyer les écuries d’Augias. Or, Michel Kafando et le Lt Colonel Zida ne sont pas des demi-dieux. Et détourner les eaux des Volta Noire, Blanche et Rouge ne suffirait guère à nettoyer les écuries de Blaise Compaoré !

Vouloir s’occuper des prédateurs des biens de l’Etat ne pourrait bien se faire qu’en réactivant les TPR, les Tribunaux populaires de la Révolution. A l’époque, il s’agissait de nettoyer de la scène politique les politiciens très populaires. On les a discrédités, vilipendés aux yeux des masses populaires en les traitant de “bourgeois compradores“, termes espagnols empruntés aux communistes cubains et qui signifient Citadins Marchands alors qu’aucun d’eux n’était un marchand. On les a qualifiés de voleurs des biens de l’Etat et partant du peuple et des juges iniques les ont condamnés à la confiscation de leurs maisons péniblement construites à force d’économies sur leurs salaires, et à des amendes odieusement fantaisistes de plusieurs milliards de F CFA que l’on n’a d’ailleurs jamais trouvés sur leurs comptes bancaires au pays ou hors du pays. Or, déjà, la prédation des biens de l’Etat par les révolutionnaires était bien en cours. Je me suis laissé dire par un gendarme retraité qui était alors en service au Conseil de l’Entente, que l’argent des loyers de maisons que Sankara forçait leurs propriétaires à reverser à l’Etat, aboutissait en fait au Conseil de l’Entente en cash dans des sacs et que chaque leader révolutionnaire venait y puiser à gogo comme des cacahuètes et en repartait. En somme, l’Etat avait déjà été transformé en Etat mafieux qui servait aux mafiosi révolutionnaires. Depuis, parmi ceux qui ont créé ces TPR, beaucoup qui n’avaient même pas un compte bancaire ni même 1.000 F CFA vaillants dans la poche, sont devenus des milliardaires spontanés qui, surtout pendant les privatisations de toutes les industries étatiques imposées par le FMI, sont devenus propriétaires d’industries par des prête-noms ainsi que de monopoles scandaleux dans le commerce des articles les plus lucratifs, et d’innombrables villas et bâtiments acquis par la spéculation immobilière effrénée.

« Si l’on veut regarder objectivement l’affaire Thomas Sankara, ce n’est absolument pas Blaise seul qu’il faut juger »

Alors, pourquoi ne pas réactiver les TPR pour qu’ils se saisissent sérieusement, cette fois, de ces véritables enrichissements illicites et criminels ? Mais, bien sûr, le laps de temps d’un an imparti au gouvernement transitoire et au CNT, ne leur permettra pas de se saisir de cette affaire. La laisser aussi au soin du gouvernement qui sortira des élections est tout simplement cynique. Alors que faire? Le dossier de l’assassinat de Norbert Zongo qui est un crime crapuleux et cruel, est simple. Il suffit de l’exhumer du non-lieu expéditif où l’avait inhumé ce brave Procureur du Faso et de reprendre son instruction en entendant enfin en justice François Compaoré, premier suspect dans cette affaire qui devra être extradé du pays où il se trouve, et ceux qui l’y aidèrent. Si Blaise y est impliqué alors, il faudra parler de son extradition pour qu’il s’explique en justice. Le dossier de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara est politique, donc plus complexe et compliqué. Il est hypocrite et pervers de susurrer à Jeune Afrique comme si l’on cherchait un bouc émissaire qui paiera pour tous les embusqués, que le Général Gilbert Diéndéré en connaît beaucoup sur cette affaire et se tait pour le moment.

Car, et Me Bénéwêndé Sankara? Et Ernest Nongma? Et les autres Sankaristes ? Et Roch Marc Christian Kaboré ? Et Salif Diallo ? Et Zéphirin Diabré ? Et Simon Compaoré? Et d’autres qui étaient si actifs et zélés dans la faction de Blaise comme dans celle de Sankara ? Dans leur frénésie et leur savoir-faire expéditif et limité, tous se disaient révolutionnaires marxistes léninistes dont l’idéologie enseigne que la fin justifie les moyens et, partant, pour s’installer au pouvoir il est légitime et licite de tuer violemment ses adversaires. Ils avaient accepté que Sankara et ses camarades militaires tuent beaucoup de monde pour prendre le pouvoir et qu’une fois au pouvoir, ils assassinent beaucoup d’autres pour s’y préserver. Le Colonel Badèmbié Nézien, le Colonel Gabriel Yorian Somé, le Ct Fidèle Guébré, le Colonel Didier Tiéndrébéogo et ses amis, pour ne citer que ceux-là, ont été exécutés sous Sankara et avec son accord. Avec cet accord, un Sankariste bien connu a même fait placer des armes au-dessus du faux plafond de la maison de Didier puis a envoyé ses agents “les y découvrir”. Ces armes ont servi ainsi de preuves irréfutables au prétendu complot que le Colonel Didier Tiéndrébéogo et ses amis ourdissaient !

Les CDR tuaient impunément, en son nom, les gens comme des poulets, il le savaient et les laissaient faire. Ces révolutionnaires au nom de Sankara et Sankara lui-même, ont fait aussi des veuves inconsolables, des orphelins prostrés et malheureux ainsi que des parents désemparés, exactement comme ses orphelins à lui, sa veuve Mariam Sankara et ses propres parents, et qui aspirent aussi tout comme eux à la justice et à des réparations de l’Etat au nom de qui et avec le pouvoir de qui Sankara a agi. Le CNT et le gouvernement transitoire peuvent-ils vraiment se saisir de ce problème et le solutionner avant les dates des élections ? Assurément, non; car au fait, de connivence avec qui, Vincent Sigué a-t-il placé à l’Hôtel Président à Yamoussokro dans la chambre de Blaise, la bombe qui a explosé et qui devait réduire Blaise en viande hachée ? Pourquoi chacun avait-il dans les commandos du CNEC, sa propre faction qui ne dormait que d’un œil ? Qui sont ces civils qui menèrent la guerre entre factions des tracts anonymes injurieux et obscènes qui empoisonnèrent tant les rapports entre Sankara et Blaise? Pourquoi Sankara tenait-il tant à intégrer à l’armée Vincent Sigué au grade de lieutenant, ce que Blaise et les siens ne voulaient pas du tout? Et pourquoi Sankara l’a-t-il tout de même fait, pendant que Blaise était en mission dans le pays et donc en son absence? Avec tous les organes d’Etat policier qui opprimaient le peuple, à quoi servait la Force d’Intervention du Ministère de l’Administration territoriale et de la sécurité, la FIMATS, ersatz de Gestapo SS Nazi que Sankara et sa faction tenaient à créer à tout prix sous le commandement de Vincent Sigué, et dont Blaise et sa faction ne voulaient absolument pas en entendre parler ?

Etait-il vrai que si ce 15 octobre 1987 à 16 h, Thomas Sankara et les siens n’avaient pas été liquidés à 20 h, c’était Blaise Compaoré et les siens qui allaient l’être, et la FIMATS créée ? Et dans ce cas, Blaise et sa faction auraient-ils agi préventivement en légitime défense? Et puis
devant tant d’amoralisme politique, dans la mésaventure de la conscience nationale comme dirait Frantz Fanon, passe encore que par peur d’être tués, les gens du peuple soumis à la terreur sanglante soient restés apathiques ou que certains s’y soient mis ardemment avec les révolutionnaires et les CDR, selon la sagesse négative du proverbe moaga qui dit que « quand la danse de famille se danse dans un plat, tâche -toi aussi d’y mettre ton pied ». mais où étaient ceux qui incarnent et perpétuent ces institutions traditionnelles? Bien sûr, on les qualifiait de féodaux, qu’ils n’ont jamais été pour celui qui sait ce que c’est qu’un féodal. Aussi assistaient-ils, muets, à la violation des consciences des gens du peuple. Même les leaders religieux de toutes les religions, saisis de cette peur, étaient muets aussi. Au Collège de Sages, en regardant Mgr Anselme Sanon bien droit dans les yeux, je lui ai dit que surtout les Evêques catholiques ont été d’un absentéisme peccamineux à la détresse du peuple.

En raison de cela, si l’on veut regarder objectivement l’affaire Thomas Sankara, ce n’est absolument pas Blaise seul qu’il faut juger, mais Sankara aussi à titre posthume et tous les révolutionnaires, ceux du CDP, ceux qui l’ont quitté depuis longtemps et plus récemment, et tous les Sankaristes, ceux du PAI, du PCRV, de l’ULC, bref tout le monde dans le pays pour complicité active ou passive, par peur comme par opportunisme. Seul un organe comprenant aussi les représentants du peuple réel et pas seulement ceux des partis en majorité, peut se saisir de cette affaire et de celle du dossier des prédateurs des biens de l’Etat, peut entendre la confession de toutes ces fautes et crimes. Il est encore temps de procéder ainsi et justement il faut bien le faire !

Beaucoup pensent qu’au regard des contraintes liées au temps et aux moyens financiers, il faut différer le vote des Burkinabè de l’étranger. Qu’en pensez-vous?

Il est légitime que notre diaspora veuille participer au vote mais à l’impossible nul n’est tenu. Par contre, je sais que le CDP compte beaucoup sur nos trois millions de compatriotes en Côte d’Ivoire qui, eux aussi, voteraient conformément aux souhaits d’Alassane Dramane Ouattara, ami et hôte de Blaise Compaoré. Lorsque j’étais vice-consul de France à Kumasi au Ghana, j’ai averti nos compatriotes de ne pas se laisser influencer par le Président Kwamé N’Krumah en ce qu’ils font, car il peut y avoir un successeur de N’Krumah qui les persécute. De fait, après N’Krumah, le Dr Busia est venu et les a expulsés en masse. J’ai donné le même conseil à ceux de Côte d’Ivoire. Ils doivent se rappeler que si le Président Houphouet-Boigny les avait bien accueillis, son Premier ministre Alassane Dramane Ouattara leur a imposé la carte de séjour qui les a fait tant souffrir, et son successeur, le Président Henri Konan Bédié, a accouché de la doctrine de « l’Ivoirité » grâce à laquelle on les a massivement dépossédés de leurs terres et expulsés. Ami de Blaise pour des intérêts financiers, Alassane n’est pas nécessairement leur ami. En diplomate, je leur dis que les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts. Laurent Gbagbo a été l’ami de Blaise chez qui il envoyait souvent Dakouri pour prendre des millions pour financer son parti. Devenu chef d’Etat, c’est chez son ami, Blaise Compaoré, chef d’Etat, que les rebelles du Nord se sont installés, ont été formés puis de là, ils l’ont attaqué pour le chasser du pouvoir. Je recommande à ces compatriotes en Côte d’Ivoire et à ceux de l’étranger d’avoir la sagesse et le patriotisme de savoir que notre pays est en pleine recomposition. Et la sagesse d’un proverbe moaga dit, accroche-toi d’abord à l’arbre avant de chercher à y accrocher ta ruche. Et la sagesse d’un autre proverbe dit encore, enlève d’abord l’épine de ta fesse, avant de chercher à enlever celle de ton talon. Connaissant bien ce qui se passe en Côte d’Ivoire, je n’hésite pas à dire que la sagesse de ces deux proverbes va bien aussi à mon jeune frère le Président Alassane Dramane Ouattara. Je saisis cette occasion pour dire au Président Alpha Condé qu’il n’a vraiment pas d’oignons chez nous et au Président Macky Sall du Sénégal, de rester chez lui à Dakar.

Comment entrevoyez-vous l’avenir du CDP et de tous les partis qui l’ont soutenu dans son projet de modification de l’article 37 de la Constitution?

Justement nous y voilà ! C’est cela que l’UA et la Communauté Internationale ne voient pas. Car, comment faire prendre conscience à notre peuple tout entier que ces partis posent problème et qu’il faut résoudre avec objectivité ce problème afin qu’ils redeviennent réellement légitimes? Aussi ma réponse vous renvoie à votre question N° 15 et à la procédure que j’y propose.

« Dans la Constitution, il n’y a aucun article qui proclame la République »

Quelles devraient être selon vous les priorités de la transition?


Pas les élections qui pourraient nous ramener à la case départ, mais la réconciliation nationale pour faire des élections saines, propres, et responsables qui sécurisent les lendemains.

Que pensez-vous de l’attelage Kafando-Zida?

Ce n’est en effet qu’un attelage dont on se demande qui le tire en avant ou le pousse en arrière. Ce qui est arrivé le 4 et le 5 février 2015 le prouve dramatiquement et l’on se demande maintenant s’il est vraiment libre de gouverner et que sera aussi le sort du gouvernement qui sortira des élections. Car faire suspendre un Conseil de ministres, faire venir le Premier ministre dans un camp militaire, lui infliger des avanies humiliantes, puis le sommer de démissionner ou de satisfaire à des revendications corporatistes, cela s’appelle un coup d’Etat militaire ou que dans l’Etat il y a un autre Etat plus réel qui est ce corps de militaires. Heureusement que le Général Gilbert Diéndéré a été encore là, mais jusqu’à quand va-t-il pouvoir maîtriser les éléments de cette unité dont le noyau a été des éléments instigués par les capitaines Blaise Compaoré, Thomas Sankara et Henri Zongo qui les poussaient à se mutiner contre la hiérarchie de l’armée ?
Alors Zida et Kafando et le CNT ne pouvaient absolument pas dissoudre cette unité. La commission créée par Kafando ne pourra pas non plus faire quelque chose, car de quelle autorité le pourrait-elle quand on a bafoué celle du Premier ministre et partant du Chef de l’Etat qui l’a créée ? Et voilà qui nous ramène à la nécessité de l’organe dont j’ai parlé plus haut et qui comportera aussi les représentants du peuple réel qui est souverain dans tout pays démocratique. Seul un tel organe jouira de l’autorité légitime pour réconcilier l’armée avec son peuple, et elle-même et les institutions d’une République clairement proclamée. En effet, on est tous là, avocats, magistrats, professeurs de droit constitutionnel, étudiants, syndicalistes, leaders religieux, coutumiers, militaires, paramilitaires et membres de la société civile, à gambader et à bêler comme des cabris alors que nous ne sommes pas du tout en République mais au Faso. Dans la Constitution, il n’y a aucun article qui proclame la République. Les constituants de l’ODP/MT étaient alors si préoccupés de préserver les acquis de la révolution qui fut une dictature militaire marxiste. Voyons dans quel pays et par quel miracle la forme d’une chose est la chose réelle? Et comme ils prétendent que Faso signifie le pays, cela revient à dire en français, “le pays est la forme républicaine de l’Etat” volapük que seuls Blaise et ses révolutionnaires pouvaient comprendre.

Il existe une polémique autour des émoluments des membres du CNT. Suite à cela on est passé de 1.778.000 Frs CFA à 800 000 Frs CFA. Quel commentaire en faites-vous ?

Cela ne m’étonne pas. Les représentants des partis politiques y sont. Alors comme dit le proverbe moaga, c’est la chatte qui a accouché du chaton. Aussi fallait-il qu’ils mangent un peu aussi, d’autant plus qu’ils n’auront pas le droit de se présenter aux élections à venir. Je trouve d’ailleurs cette mesure à leur égard très injuste et hypocrite. Que vont-ils faire qui doive les en disqualifier ?

Certes, il y a eu l’immense colère du peuple, mais ces actes de vandalisme à grande échelle qui consistèrent à saccager et à incendier des domiciles privés ciblés d’avance, à infliger ce sort à des établissements industriels, des maisons de commerce et des hôtels sauvagement pillés, ravagés et ruinés, exprimaient bien la vindicte de la canaille contre leurs propriétaires qu’elle jalousait, ainsi que des laissés-pour-compte de la société qui y ont trouvé l’occasion de manger. Que faire pour que ces jeunes malheureux qui vivent dans la misère noire, toujours désargentés et qui chôment en masse sans espoir, prennent conscience que la démolition de facilités industrielles et de commerce et que la réhabilitation d’édifices tels les Palais de Justice à Bobo-Dioulasso et de l’Assemblée Nationale à Ouagadougou leur coûtera à eux et à tout le peuple beaucoup plus de taxes et d’impôts, si l’on écarte du processus de la transition leurs représentants et ceux du peuple réel dont ils font partie ? Les partis politiques, dans le CNT qu’ils dominent, se substituent en fait à ce peuple réel dont ils usurpent la victoire alors qu’on est là à craindre que ce soit les militaires qui le fassent ! Notre problème national n’est pas seulement politique mais aussi moral. Il exige l’éducation politique des masses populaires dans leur profondeur pour les responsabiliser politiquement au discernement, au patriotisme et au civisme dans les élections. Il est temps de leur expliquer enfin ce que doit être un parti politique, ce que sont une armée, une gendarmerie, une police, le corps des agents des douanes, et pourquoi les magistrats surtout sont absolument interdits d’être membres de partis comme c’est le cas depuis toujours.

« Je peux donc dire au Pr Albert Ouédraogo que cette chambre n’a pas de pertinence »

Il faut leur expliquer pourquoi une Constitution est sacrée comme un fétiche national, ce qu’est un féodal et que naguère les révolutionnaires leur mentaient épouvantablement en qualifiant de féodaux nos chefs coutumiers qui ne sont d’ailleurs pas des Chefs comme l’Administration coloniale nous a enseigné. Il faut réhabiliter individuellement ces Chefs dans la modernité républicaine et la vérité historique de chacun mise à mal par la colonisation puis après l’indépendance par le Président Maurice Yaméogo et surtout par la révolution et par sa rectification qui leur a fait perdre leur dignité et les réconcilier d’honneur avec le peuple. Il faut donner à chacun la conscience vive que c’est sa personne, ses qualités intrinsèques qui font sa fonction. Sur ce sujet, à l’université de Ouagadougou le 16 novembre 2014, le Pr Albert Ouédraogo, par sa conférence, prône pour ce qu’il appelle la « Chefocratie », une Chambre des Chefs Traditionnels comme en Côte d’Ivoire.

J’ai lu en 1955 dans Afrique Nouvelle, l’hebdomadaire des Pères Blancs, une joute mémorable avec François Bouda, Conseiller de l’Union française et Naba de Manga sur ce sujet. Il appelait à la création d’un Syndicat des Chefs Coutumiers et des membres de leurs familles. Je soutenais qu’au regard des partis politiques, ce serait superfétatoire et que cela ne marcherait pas. De fait, il n’a jamais marché. Je peux donc dire au Pr Albert Ouédraogo que cette chambre n’a pas de pertinence. Grammaticalement, le néologisme Chefocratie est un barbarisme parce qu’originellement, Naba ne signifie pas Chef, et un solécisme car traditionnellement nos Nabas ne gouvernaient pas. Ils étaient les cardinaux (qui veut dire au sens étymologique du terme les gonds), les charnières sur lesquelles reposaient nos sociétés ancestrales dont ils assuraient et préservaient l’harmonie, la stabilité, la coexistence pacifique et l’égalité des identités plurielles dans le respect mutuel et la justice. Il faudra une conférence aussi pour exposer ce qu’ils étaient en réalité. Dans la modernité donc, ils doivent être les catalyseurs autour desquels se feront la promotion humaine globale de nos masses paysannes, et la résurrection de nos valeurs culturelles positives authentiques qui se perdent de plus en plus. Aussi il faudrait les restituer à leur vérité historique, dans la dignité humaine qui était la leur. Le rôle de premier plan, voire historique que le Moro Naba a été appelé à jouer les 30 et 31 octobre 2014 et après, puis les 4 et 5 février 2015 où il aida le Général Gilbert Diéndéré à nous préserver du pire, commande justement la réhabilitation des institutions traditionnelles dans leur vérité historique. Il faudrait encore une conférence pour exposer l’humanisme fondateur de nos sociétés ancestrales qui est bien supérieur à celui des Grecs, légué aux Européens par les Romains.

Et à propos de vérité historique, Larlé Naba Tigré par exemple, se complait à se présenter en ministre de la Guerre de l’Empereur à notre jeunesse qui ne sait rien de nos traditions, aux ambassadeurs étrangers chez nous et aux journalistes internationaux. S’il est le ministre de la Guerre du Moro Naba, qu’est devenu alors le Tapsoba ? Qu’il ne se sente pas offensé et ridiculisé en public que je rétablisse la vérité de nos traditions. Je l’aime bien comme j’ai aimé son père Jean, filleul du mien Victor Guirma, raison pour laquelle lui porte le prénom Victor. J’ai aidé à ce qu’un de ses oncles ne le frustre pas. C’est pour son bien que je dis la vérité. Et je répète que ce n’est pas le CNT qu’il faut mais un organe qui assemble, avec les représentants des partis politiques, ceux des fils de chaîne et de trame de notre tissu social. Cet organe s’appelle les Etats généraux du peuple, et il n’est pas trop tard de le faire.

Comment réagissez-vous à la caricature du Prophète Mahomet et au tollé qui s’en est suivi ?

J’ai été profondément choqué par l’assassinat barbare de 17 Français à Paris par ces terroristes djihadistes, que je condamne fermement. Je compatis très sincèrement à la douleur de leurs parents et du peuple français auxquels je présente mes condoléances les plus attristées. J’ai participé en esprit et de tout cœur à la grande marche à Paris qui a rassemblé autour du Président François Hollande, un grand nombre de Chefs d’Etat et de gouvernement, au nom de la liberté de la presse. Je sais que le Président Barack Obama ne pouvait pas y venir, parce que je connais les institutions des Etats-Unis. Le Service Secret qui assure leur protection n’autorise pas un Président des Etats-Unis à participer à une manifestation de rue.

« Les hommes politiques du Niger doivent éduquer leurs masses populaires »

Toutefois, par discernement d’homme politique et diplomate africain, je m’autorise à dire que ce n’est pas la liberté de presse en tant que telle qui est vraiment concernée dans cette affaire. Vous savez, le Général de Gaulle lui-même avait dit que « Les Français sont des veaux. » Chacun sait qu’un veau n’a pas le sens du sacré. Aussi, je m’autorise à corriger le pessimisme du monstre sacré en disant non mon général, pas tous quand même, mais quelques-uns seulement.

En effet, certains journalistes humoristes français baptisés chrétiens mais aliénés par le christianisme ou carrément athées à l’incroyance d’un militantisme provocateur, ne sont pas conscients que leurs gags que certains Européens prennent pour de l’esprit, qui sont insolents, orduriers obscènes, irréligieux et blasphématoires, ne sont pas exportables partout dans le monde comme leurs fromages et leurs vins. La liberté de presse, pour un peuple, n’autorise pas ses sujets à violer idiotement la conscience d’autres peuples dans ce qu’ils ont de plus sacré. Le tollé qui s’en est suivi est donc légitime. Ces journalistes ne font que fournir des prétextes et du combustible au fanatisme aveugle dans d’autres peuples. Je suis d’accord avec le Pape François que je réagirais si on frappait ma mère. La France et l’Europe, dont les Etats protègent à grands frais leurs peuples du terrorisme, doivent trouver le moyen légal de réprimer l’inconscience et l’irresponsabilité de ces journalistes qui persistent à ignorer que le monde est un village dont la France et les pays d’Europe sont des quartiers.

Car, ils sont pleinement responsables et coupables de la fureur criminelle des musulmans irresponsables et inconscients qui ne savent même pas que ces plumitifs ne sont pas des chrétiens ou ne se comportent pas en chrétiens, mais en des enfants gâtés, mal élevés et insolents de peuples nantis et qui se fichent de ce que pensent et sentent les autres hommes du monde. Je crois savoir que l’évêque de Niamey et certains de ses prêtres de paroisses ainsi que des chrétiens au Niger, sont des citoyens de notre pays. Nos fils soldats ne peuvent pas avoir libéré le Mali de la barbarie des djihadistes, puis être en train de protéger ce Mali et le Niger de la sauvagerie de ces gens qui discréditent l’islam, pendant que des musulmans nigériens tuent leurs frères chrétiens et leurs enfants, et incendient leurs domiciles, leurs églises et leurs temples puis ravagent leurs biens au motif qu’ils sont des musulmans pieux. Les hommes politiques du Niger doivent éduquer leurs masses populaires à savoir qu’il y a aussi des millions d’Arabes chrétiens et que être chrétien ne signifie pas du tout être Français pour qu’on vous châtie pour les fautes et les blasphèmes de Français, mauvais chrétiens ou athées. Même transitoire, notre gouvernement a le devoir sacré de protéger les personnes et leurs biens. Il doit signifier fermement au gouvernement nigérien qu’il ne faut plus que cela se répète encore. Voilà qui nous commande encore de ne pas laisser passer cette occasion historique de conscientiser notre peuple aux réalités d’un monde dangereux en tenant les Etats Généraux surtout que Boko Haram est au Niger.

Que pensez-vous de tous ces chefs d’Etat africains qui modifient les Constitutions pour s’accrocher au pouvoir ?

Je pense que ce sont des chancres d’une syphilis mortelle qui infectent leur peuple et qui s’appelle le colonialisme indigène africain.

Propos recueillis par la rédaction


Comments
  • Du régal par l’enseignement historique, politique et sociétale que nous comble de grand Monsieur, du reste son EXCELLENCE GUIRMA. Je me comme si c’était hier de la phrase célèbre, et ce selon: “Maurice YAMEOGO aurait été un président exemplaire, s’il n’avait pas épousé les tares de sa race”. L’honnêteté et le courage de le dire en pareille moment, m’a conférer l’admiration à son Excellence GUIRMA. Je ne connais pas du tout l’Excellence GUIRMA, par contre, son frère aîné m’appréciait tant et me réclamait pour des convivialités autant que son temps et plus tard sa santé lui ont permis. Excellence vous vous êtes réserver pour ne pas le dire tout haut, mais il faut le dire, tant que cette phase transitoire de notre histoire politique et historique n’est pas équitable, le Burkina pour un moindre mal ne sera pas à l’abri d’in perpétuel recommencement, et au pire des cas à une guerre civile à l’image du la Centrafrique; car, nul n’a le monopole de la violence. L’attentisme d’inertie de la part de l’ex majorité est alimentée par un sentiment de culpabilité partagé avec les premiers décideurs de l’ex régime. La balle à terre pour les acteurs politiques, que les OSC jouent à la maturité d’esprit et à la vérité des faits, pour que tout un chacun puisse se sentir en sécurité et à la recherche de l’essentiel du ciment national. Merci au journal de nous offrir un vrai cadeau post insurrectionnel.

    19 février 2015
  • Rien que des propos fielleux dont il a le secret. Vous avez été bel et bien aide candidat avec RAM en 1998 aux frais de Blaise et cela est bien connu. A plusieurs reprises vous rencontré blaise à Paris pour empocher quelque euros. A votre age,vous devriez faire profil bas,excellence Guirma!

    19 février 2015
  • Merci au PAYS et àFrédéric Guirma qui font là oeuvre de salut public.

    19 février 2015
  • Je ne savais pas que ce farfelu existait toujours!!

    19 février 2015
  • QUEL TALENT POUR CET HOMME POLITIQUE QUI NA PAS ETE COMPRIS A SON TEMPS PAR SES COMP ATRIOTES. CEST DU PUR REGAL EN LE LISANT.

    19 février 2015
  • Très content de vous lire. En 1998 je venais juste d’avoir mes 22 ans et je fus emballé par vos discours et prises de position sur certaines questions d’intérêt national lors de la présidentielle. Votre fameux projet de société en son temps m’intéresse même aujourd’hui et je serai enchanté de l’avoir. De toutes les élections qui ont eu lieu au Burkina depuis 1998 vous avez été l’unique politicien candidat à qui j’ai porté ma voix. Je n’ai trouvé en aucun politicien l’incarnation de mes convictions pour un développement sociétal harmonieux. Les événements des 30 et 31 m’ont donné une certaine optimisme qui se dissipe au fil du temps avec cette transition qui a du mal a trouver son chemin. A vous lire aujourd’hui, je me réconforte à l’idée que mon choix porté à votre personne à l’élection présidentielle de 1998 avait tout son sens. Je dirai tout simplement que Dieu vous donne longue vie Papi.

    19 février 2015
  • Une categorie de burkinabé ont toute honte bue, celle de la generation de blaise et cie nous a donné la preuve qu’ils sont nés après la honte, l’intégrité et tout ce qui fait d’un Homme un Homme, et meiux quand il nait en terre africaine du Burkina Faso.
    C’est bien pour cela qu’ils avaient déclaré que la morale a agonié et a été enterré pour eux au Burkina; mais cela n’est que bien valable que pour eux et non pour cette vaillante jeunesse qui n’a rien connue de leur agonie et avec laquelle l’Afrique va compter pour sa renaissance.
    frederic guirma est de cette catégorie d’homme si petit dans tous les sens et surtout d’esprit!

    19 février 2015
  • De l’histoire taillée sr mesure! C’est le prototype même du réactionnaire voltaïque. Que du verbe de la part d’un fossile politique qui a toujours fait de la trahison une stratégie pour monter au sommet. Heureusement qu’il ne lui reste plus que les mots.

    19 février 2015
  • sacré Frédo !!! Avec lui, il faut retrouver son Larousse avant de commencer à lire ses interview. mais j’avoue que le lire est toujours un regal, même si à on avantage, il omet certaines vérités historiques (cf séquence de l’élection de 1998). On voit aussi qu’il a une haine contre les révolutionnaires de 1983 et mélange un peu sur cet aspect les serviettes et les torchons. mais globalement l’homme garde un oeil sur ce qui se passe au Faso et surtout une grande lucidité.

    19 février 2015
  • Avec Cellou, je dirai même plus que ce monsieur n’a autre à la bouche que du fiel. Il faut arrêter d’amuser la galerie ce fameux “pays” de journal; trouvez mieux sinon ! ! !

    19 février 2015
  • Moi je pense que c’est bien beau tout ce discours,vraiment “papi” tu as raison seulement au burkina nous on se mefie des beaux parleurs

    20 février 2015
  • Assez bon en diplomatie, mais fort peu convaincant en Politique

    11 juin 2015

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