HomeA la uneFUITE DE DOCUMENTS CONFIDENTIELS AMERICAINS ET GUERRE EN UKRAINE : L’Afrique saura-t-elle résister à la manipulation ?

FUITE DE DOCUMENTS CONFIDENTIELS AMERICAINS ET GUERRE EN UKRAINE : L’Afrique saura-t-elle résister à la manipulation ?


Ces dernières semaines, des documents confidentiels américains classifiés top secret et en rapport avec l’invasion russe en Ukraine, se sont retrouvés sur les réseaux sociaux. Selon les premières constatations, ces fuites concernent essentiellement des rapports et des évaluations sur le conflit ukrainien, mais aussi des analyses très sensibles sur les alliés des Etats-Unis. Des fuites qui suscitent bien entendu l’intérêt de Moscou pour laquelle elles indiquent le degré d’implication de sa légendaire rivale dans une guerre qui concerne l’Ours russe au plus haut point. Mais au-delà des risques « très graves » pour la sécurité nationale des Etats-Unis invoqués par le Pentagone, ces fuites ont de quoi mettre dans l’embarras Washington qui se retrouve au cœur d’une polémique tendant à montrer de la supercherie dans ses relations avec certains de ses alliés comme Israël, la Corée du Sud ou encore le président ukrainien, Volodymyr Zélensky, qui ne sont pas loin de faire l’objet d’espionnage. Une situation qui a d’autant plus de quoi gêner aux entournures Washington que ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis sont éclaboussés par de tels scandales.

 

Tout porte à croire que de part et d’autre, on ne lésinera pas sur les moyens pour tenter de ternir l’image de l’adversaire

 

On se rappelle, en effet, le cas, en 2013, de la chancelière allemande, Angela Merkel, qui n’avait pas manqué d’exprimer son indignation quand elle a découvert que son téléphone portable avait été mis sur écoute par les services de renseignement américains.  Pour en revenir à la fuite de ces documents confidentiels, en attendant les résultats de l’enquête diligentée par la Justice américaine sur la question, certaines sources indiquent que des données ont été falsifiées même si l’authenticité de nombreux autres documents ne semble pas mise en doute.  Et à en croire certains médias américains, l’armée russe préparait, entre autres, une campagne de propagande en direction de plusieurs pays africains, avec pour but de discréditer la France et les Etats-Unis et orienter l’opinion publique contre les dirigeants soutenant l’aide à l’Ukraine. Dans cette campagne, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ne devrait pas être épargné par les critiques en plus de faire l’objet de récits défavorables à propager dans des médias africains. La question qui se pose est de savoir si, dans tout cela, l’Afrique saura résister à la manipulation. Quand on sait comment les grandes puissances sont engagées dans une rivalité aux relents de guerre d’influence sur le continent noir, la question mérite d’être posée. Car, non seulement le « berceau de l’humanité » est courtisé de toutes parts par les grandes puissances engagées dans un ballet diplomatique incessant sur le continent, mais tout porte à croire aussi que de part et d’autre, on ne lésinera pas sur les moyens pour tenter de ternir l’image de l’adversaire en espérant rentrer dans les bonnes grâces des Africains qui peuvent se révéler être des partenaires stratégiques dans bien des domaines.

 

C’est le lieu d’en appeler à la vigilance des Africains et à la lucidité de leurs dirigeants

 

Dans le cas d’espèce, les médias américains accusent la Russie de velléités d’influencer l’opinion africaine contre la France et les Etats-Unis. Mais ce n’est pas pour rien que ces pays occidentaux tentent, de leur côté, de mettre en garde les pays africains contre des partenariats jugés risqués avec certains partenaires. Et ce faisant, si toute la mauvaise publicité faite par exemple autour du groupe paramilitaire Wagner ne vise pas à tailler des croupières à un rival comme la Russie à l’influence grandissante sur le continent, cela y ressemble fort.  Et dans cette guerre en Ukraine, où chaque partie tente visiblement de gagner la bataille de l’opinion, rien ne dit que certaines informations destinées à l’Afrique ne font pas déjà l’objet de manipulation à des degrés divers pour les besoins de la cause. C’est le lieu d’en appeler à la vigilance des Africains et à la lucidité de leurs dirigeants pour ne pas se laisser abuser, mais pour décider librement de leurs choix et agir dans le sens des intérêts de leurs pays respectifs. En tout état de cause, ce n’est pas la première fois que des documents confidentiels se retrouvent sur la place publique. En effet, on se rappelle l’affaire WikiLeaks qui avait défrayé la chronique en 2010, et qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive au point de valoir au leader médiatique de l’organisation, Julian Assange, l’ouverture d’un procès en extradition vers les Etats-Unis d’Amérique. Plus près, en 2016, on se rappelle l’affaire des Panama Papers qui avait secoué la finance internationale en mettant en lumière des pratiques fiscales douteuses qui éclaboussaient de nombreuses hautes personnalités à travers le monde, dont des chefs d’Etat, d’anciens chefs d’Etat ou certains de leurs proches, de même que de hauts dirigeants politiques et sportifs. Pour en revenir aux documents confidentiels américains, l’autre question que l’on pourrait se poser, est de savoir à qui profitent ces fuites.  L’histoire se chargera d’apporter sans doute un jour les éclairages nécessaires. Mais en attendant, tout porte à croire qu’elles ne sont pas anodines et l’on attend de voir quelles pourraient en être les conséquences et surtout les implications dans la géopolitique mondiale. Et en cela, l’Afrique est aussi concernée.

 

« Le Pays »

 


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