GREVE DES CHAUFFEURS ROUTIERS DU BURKINA : Le manque de carburant provoque de longues files d’attente dans les stations- services
Les chauffeurs du Burkina, sur mot d’ordre de l’Union des conducteurs routiers du Burkina (UCRB), ont entamé, le 8 février 2017, une grève de 72 heures. Ils protestent contre les rackets, les tracasseries routières et autres phénomènes qui handicapent leurs activités. Au premier jour de cette grève largement suivie par les chauffeurs, l’on peut déjà en constater les effets. Plus de carburant dans la plupart des stations-services. Si certains Ouagavillois ont eu l’information tôt et ont eu le flair de se ravitailler en carburant, d’autre par contre s’en sont rendu compte quand ils n’avaient plus de carburant dans leur engins. Nous avons fait le constat dans quelques stations-services de la ville de Ouagadougou.
Mercredi 8 février 2017. Il était 16h 30 minutes quand nous arrivions à la station service Shell des 1200 Logements de Ouagdougou. « Il n’y a pas de carburant ». C’est par cette phrase que les pompistes accueillaient les usagers qui venaient pour se ravitailler en carburant. Si certains pouvaient repartir tranquillement dans le secret espoir de trouver le précieux liquide plus loin, d’autres par contre ne savaient pas à quel saint se vouer. Parmi eux, Abou Tiéné, un jeune homme visiblement essoufflé, que nous y avons rencontré. Il nous raconte son calvaire. « J’ai pris la moto d’un cousin pour aller déposer un ami et à mon retour, le carburant est fini en cours de route. Je me suis précipité dans une station-service pour me ravitailler, mais on m’a dit qu’il n’y a pas de carburant. Je ne sais plus quoi faire puisque j’ai parcouru plusieurs stations-services à la recherche de carburant. Cela fait déjà 30 à 45 minutes que je pousse la moto, mais rien », nous lance-t-il tout désemparé. A la question de savoir ce qu’il comptait faire, le pauvre Abou soupire : « Je ne sais pas trop, mais je vais essayer de voir ceux qui vendent en bouteille au bord des routes. S’il n’y en a pas, j’irai déposer la moto à la maison ».
Le patron n’est pas là
Après 10 minutes de causerie avec l’infortuné Abou, nous nous adressons au pompiste pour comprendre les causes de cette pénurie, étant donné que nous ne sommes qu’au premier jour de grève. Il nous renvoie à son supérieur hiérarchique, Wendwaoga Demdèga, Contrôleur qualité à ladite station. « Le problème n’est pas à notre niveau, mais au niveau des transporteurs. Le syndicat des chauffeurs a décidé d’aller en grève à compter d’aujourd’hui. La grève n’est pas seulement au niveau national, mais aussi sur le plan international. Nous avons été avertis un peu tôt. Nous nous sommes préparés, mais d’autres stations-services qui n’ont pu le faire ont été surprises par la situation. Du coup, tous les usagers de la zone se sont rués vers notre station. C’est pourquoi notre stock s’est vite épuisé. Nous n’étions pas sûrs que la grève allait avoir lieu aujourd’hui. Malheureusement, c’est le cas », a expliqué celui qui, après avoir donné un premier prénom, s’est ravisé pour dire qu’il s’appelle Wendwaoga. Vrai ou faux ? Difficile à vérifier. Nous décidons de faire le tour de quelques stations–services pour voir si la situation est la même partout. Autre lieu, même constat, a-t-on coutume de dire. A la station PETROFA qui se trouve en face du Centre de santé Saint Camille, la situation était la même au moment ou nous y étions. Les usagers se voyaient répéter le même refrain : « Il n’y a pas de carburant ». Contrairement à ces deux stations-services désertes à notre passage, celle qui était en face de l’alimentation La Surface était assaillie par les automobilistes. « Nous ne savons pas pourquoi il y a manque de carburant. Le patron n’est pas là et nous ne pouvons pas répondre à vos questions», ont répondu les pompistes qui, visiblement, n’avaient pas le temps. Les véhicules qui utilisaient le gazoil comme combustible avaient un peu plus de chance à cette station. Ce qui a entraîné de longues files d’attente. Par contre, les conducteurs dont les véhicules avaient pour combustible l’essence, étaient obligés de rebrousser chemin. Joint au téléphone, le président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina, Ibrahima Rabo, répond à ceux qui disent que la faute incombe aux chauffeurs routiers : « Nous avons déposé un préavis de grève depuis le 8 janvier 2017. Chacun était averti. S’ils n’ont pas fait suffisamment de provisions, ce n’est pas de notre faute », A-t-il dit. Sur ce point précis, notre contrôleur qualité, Wendwaoga Demdèga, ne dit pas le contraire. Mais il reconnaît que compte tenu du fait que la SONABHY s’est retrouvée avec plusieurs citernes à charger en peu de temps, elle n’a pu satisfaire tout le monde. C’est ce qui explique, selon lui, cette rupture rapide après seulement une journée de grève.
Issa SIGUIRE