GREVE GENERALE
Le mot d’ordre de grève des syndicats pour protester contre l’application de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur les primes et indemnités des travailleurs du public, lancé le 3 mars dernier, a été largement suivi à Ouagadougou. C’est en tout cas le constat que nous avons fait dans certains services publics, hier 16 mars 2020.
Après son Assemblée générale du 26 février, ses marches-meetings du 7 mars 2020, le collectif syndical de la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), l’intersyndical des magistrats, la coordination des syndicats du ministère de l’Economie, des finances et du développement, sont passés à la vitesse supérieure avec la grève générale de 120 heures, allant du 16 au 20 mars 2020. Une chose est sûre, le constat fait sur le terrain hier 16 mars, dans quelques services publics, nous permet d’affirmer que le mot d’ordre a largement été suivi dans la capitale. La première étape de notre périple a commencé à la direction du Centre des impôts de Ouaga V. Lorsque nous y arrivions à 9h 30mn, la quasi-totalité des bureaux était fermée. Un seul guichet était ouvert pour offrir des services à quelques usagers que nous avons trouvés au moment de notre passage. Impossible pour eux de s’acquitter de leur devoir de citoyens, celui de payer leurs impôts ou de se faire délivrer des actes administratifs. Parmi eux, Jean Marie Bonkoungou qui a déclaré avoir pu payer son impôt sur le foncier après plusieurs jours de démarches. « J’ai pu payer mon impôt ce matin. Depuis plus d’une semaine, chaque fois que je viens, on me dit qu’il n’y a pas de réseau. J’ai pu le faire depuis 7h 30, mais c’est à cette heure (NDLR : il était 9h40mn lorsque nous l’avons rencontré) qu’on a pu me remettre la quittance », s’est-il réjoui.
Même constat dans les services
Après la direction du Centre des impôts de Ouaga V, nous voilà à la direction générale du Trésor. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le constat est le même. Déjà, au parking, dès l’entrée principale, seulement quelques motos et véhicules étaient garés. Lorsque nous sommes rentrés à l’intérieur du bâtiment où les différents services sont offerts, c’était le désert total. Quelques usagers, sûrement non informés de la grève, rentrent et ressortent aussitôt. La plupart des guichets sont fermés, un seul est ouvert pendant que les usagers se font attendre. Notre périple nous conduit, après la direction générale du Trésor public, au Palais de justice de Ouagadougou. Pour avoir accès à la cour, il faut remettre sa pièce d’identité. Aussitôt après avoir remis notre carte, nous nous dirigeons vers le bâtiment central lorsque le policier nous interpelle en ces termes : « où allez-vous ? Ça ne travaille pas, tout est fermé, il n’y a personne ». Nous lui avons tout simplement répondu que nous voulions voir quelqu’un. Il ne s’y oppose guère mais dès que nous avons monté les escaliers, nous avons constaté que toutes les salles d’audience étaient fermées. Quelques usagers qui avaient fait le même constat que nous, ont rebroussé chemin. A la direction générale des Impôts, la situation était pareille. Un travailleur qui a requis l’anonymat, nous fait comprendre que les agents sont absents, mais que seuls les responsables de services étaient présents.
Issa SIGUIRE
Les mots d’ordre réadaptés par les syndicats en mouvement
1 – Le maintien de la grève de 120 heures allant du 16 au 20 mars 2020. A cet effet, les travailleurs sont invités à rester chez eux. Les responsables syndicaux aux divers niveaux sont invités à prendre des dispositions pour assurer le suivi et l’évaluation ;
2 – Le service minimum sera assuré dans les secteurs de la santé, des hydrocarbures, des transports sous la supervision des syndicats desdits secteurs ;
3 – La suspension des marches-meetings prévues le 17 mars 2020 sur l’ensemble du territoire national.
Si à l’issue de la grève, la plate-forme n’est pas satisfaite ou que les travailleurs sont victimes d’une quelconque répression, notamment de coupures sauvages de salaires telles que le gouvernement les envisage, les mots d’ordre suivants, qui n’excluent pas d’autres actions, seront mis en œuvre :
1 – Le boycott des réunions de service et des ateliers pour compter du 23 mars 2020 sur toute l’étendue du territoire national en sus des actions déjà entreprises par les structures sectorielles ;
2- Une nouvelle grève sans service minimum dans tous les secteurs d’activités dans un délai de deux semaines.
Source : Communiqué de presse