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INSECURITE AU SAHEL


On ne sait plus quelle épithète employer quand on parle de l’insécurité au Sahel. En tout cas, la situation est devenue aujourd’hui intenable au point que l’on perd son latin. Mme Bintou Kéïta, sous-Secrétaire chargée des questions africaines, en a fait l’état des lieux le 20 novembre dernier devant le Conseil de sécurité. Le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Alpha Barry, n’a pas dit autre chose à la même tribune. Avant eux, la même trompette a été embouchée d’abord à Paris puis à Dakar à l’occasion des rencontres consacrées à la paix et à la sécurité au Sahel, par des dirigeants africains. Face à ce qui se profile à l’horizon, tous ont reconnu la nécessité pour la communauté internationale, de voler au secours du Sahel pour l’aider à mieux faire face au péril terroriste. Certains responsables africains, comme le président sénégalais et celui de la Mauritanie, n’ont pas eu besoin de gants pour dénoncer l’indolence de la communauté internationale face au drame vécu par le Sahel. Extrait du coup de gueule de Macky Sall : « Avec plus de 14 000 membres de la Minusma, un peu plus de 5 000 du G5 Sahel, plus l’armée malienne ; ça ne fait pas moins de 30 000 hommes qui sont sur un théâtre qui est pris en otage par une bande d’individus ». Ce cri de détresse semble avoir été entendu, ne serait-ce que partiellement, du  côté de l’Europe et du Conseil de sécurité de l’ONU. En effet, les deux pays phares du vieux continent que sont la France et l’Allemagne, en plus de ce qu’ils ont déjà fait pour casser du terroriste au Sahel, ont décidé de la mise en place d’un outil dénommé « P3S » (Partenariat pour la Sécurité et la Stabilité au Sahel). Dans le même registre, l’on peut mentionner l’appel pressant de la ministre française des Armées, Françoise Parly, lors d’une audience à l’Assemblée nationale, à la richissime Arabie Saoudite, l’invitant à s’acquitter de sa promesse de soutenir le G5 Sahel à hauteur de 100 millions d’euros. Quant au Conseil de sécurité de l’ONU, il s’est engagé, ce mercredi 20 novembre, à appuyer, via la Minusma, le G5 Sahel et cela en partenariat avec l’Union européenne (UE) et Barkhane.

 

L’heure est venue maintenant de passer à des actes efficaces

 

Ce soutien annoncé, même s’il est encore loin du souhait des chefs d’Etat des pays concernés, de voir les troupes onusiennes remuer les dunes de sable du Sahel pour en déloger les terroristes, peut être décrypté comme une avancée dans la lutte contre le péril. De ce point de vue, l’on peut légitimement se poser la question suivante : assiste-t-on enfin au réveil de la communauté internationale face à la dégradation de la sécurité au Sahel ? Il faut l’espérer. Car ce serait une honte pour l’ensemble de l’humanité de voir une poignée d’hommes, aussi déterminés soient-ils,  soumettre le Sahel africain à leur diktat. Cette crainte est d’autant plus justifiée que l’on pouvait avoir l’impression que la communauté internationale n’avait pas pris la pleine   mesure du danger qui plane sur le Sahel. Et ce qui vient confirmer cette perception est, entre autres, la réticence de l’Arabie Saoudite à délier les cordons de la bourse, pour aider à bouter les terroristes hors du Sahel africain. Une autre réticence à noter est celle des Américains, qui jouent des pieds et des mains pour que l’ONU ne prenne pas en charge les Forces du G5 Sahel. Cela dit, l’on a trop enregistré de fora sur l’insécurité au Sahel depuis que la crise a éclaté. L’heure est venue maintenant de passer à des actes efficaces, observables et évaluables contre le phénomène. C’est tout ce qu’attendent les populations des pays touchés ; elles qui, aujourd’hui, ont le sentiment d’être abandonnées non seulement par leurs gouvernants respectifs, mais aussi par la communauté internationale. Et en ces moments où les nouvelles du front sont relativement bonnes en ce qui concerne les ripostes victorieuses des armées burkinabè et nigérienne, la communauté internationale gagnerait à appuyer davantage ces armées pour autant qu’elle veuille véritablement aider le Sahel à sortir la tête hors de l’eau. Et lui demander cela n’est pas la mer à boire pour elle.

 

« Le Pays »


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