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INTENSIFICATION DES COMBATS EN RCA  


Face au climat sécuritaire qui se détériore de jour en jour en République centrafricaine (RCA) à l’orée des consultations électorales du 27 décembre prochain, celles-ci se tiendront-elles à bonne date ? Quid de leur opportunité dans ce climat explosif ? En tout cas, avec l’intensification des combats, il faut craindre que la kyrielle de groupes armés qui écume le pays et qui semble bien décidée à empêcher par tous les moyens, la tenue de ces élections, ne finisse par mettre un frein au processus électoral.  D’autant qu’il est peu probable que les Centrafricains se bousculent devant les bureaux de vote, le jour J, si leur intégrité physique est menacée.  Du reste, une large partie du territoire centrafricain est sous coupe réglée de ces bandes armées. Autant dire que le déploiement de la logistique pour l’acheminement du matériel électoral, s’annonce comme une gageure. Mais à supposer même que ce double scrutin législatif et présidentiel ait lieu, malgré tout, le risque est grand qu’il débouche sur une  crise de légitimité pour les nouveaux élus issus des urnes, si ces derniers sont choisis par une faible proportion de leurs concitoyens.  Alors, l’on a envie de s’interroger : des élections pour quoi faire quand toutes les conditions ne sont manifestement pas réunies?  Le pouvoir de Bangui voit les choses autrement puisqu’il maintient mordicus que ce double scrutin aura bel et bien lieu, et à la date prévue.  Un pari fou, compte tenu du contexte ?  Ou ce pouvoir se résoudra-t-il finalement à aller vers un consensus politique dans l’espoir d’amener ceux qui le combattent, autour d’une table de négociations ? En tout cas, le temps presse et les autorités centrafricaines n’ont pas intérêt à prendre des risques inconsidérés sous peine de se compliquer davantage la tâche. Mais au-delà de l’impasse à laquelle est confronté le pouvoir de Bangui, plus déplorable est le triste spectacle de pays sans cesse aux prises avec les démons de l’instabilité, que continue de renvoyer la RCA au reste du monde.

 

Si un report des élections peut créer une relative accalmie voire une paix durable, pourquoi ne pas envisager une nouvelle date ?

 

Une situation imputable avant tout à une classe politique qui, de tout temps, a toujours donné l’amère impression de manquer de vision pour la RCA et de compassion pour le pauvre peuple pour lequel la paix demeure toujours une vue de l’esprit.  A vrai dire, bien des chefs d’Etat qui se sont succédé à la tête du pays de Barthélémy Boganda, n’avaient rien à cirer avec la démocratie. Ce qui semblait importer le plus, à leurs yeux, c’était leur pérennisation au pouvoir,  quel que soit le prix.   Ce goût immodéré du pouvoir n’est pas sans avoir généré, hélas, des milices et autres bandes armées dont les parrains se comptent parfois même au sein de cette même classe politique.  C’est le cas de l’ex-dirigeant François Bozizé soupçonné d’être l’instigateur de cette nouvelle flambée de violences et qui semble déterminé à reconquérir le pouvoir par la force, à défaut d’avoir été autorisé par la Cour constitutionnelle de son pays, à se relancer dans la course à l’échalote. Avec le recul, le pouvoir centrafricain devrait, en ce moment, se mordre les doigts d’avoir autorisé le retour au bercail de cet ancien putschiste qui ne sait apparemment rien faire d’autre que des coups de force.  Mais, force est de reconnaitre que la RCA doit son instabilité également à l’attrait qu’elle suscite pour certaines puissances internationales (la Russie) et autres Etas africains  comme le Rwanda qui prétendent vouloir voler à son secours.   La RCA, un pays riche de son sol et de son sous-sol, cela est connu.   Toutes choses qui aiguisent bien des appétits au plan domestique et au-delà.  Comment, dans ces conditions, ce pays peut-il connaître une paix durable ?   Cela dit, un report du double scrutin est-il possible, à cette étape du processus électoral ?  Selon certains experts, les textes en vigueur n’imposeraient pas l’obligation de tenir le scrutin le 27 décembre prochain.  Ce qui laisserait au pouvoir, une petite marge de manœuvre.  Si un report des élections peut créer une relative accalmie voire une paix durable, pourquoi ne pas envisager une nouvelle date ? Reste à savoir si une telle option ne sera pas vécue par les adversaires du pouvoir qui ont repris les armes, comme une victoire d’étape.  C’est pourquoi, la responsabilité de la communauté internationale est également engagée.  Tous les fauteurs de troubles doivent être identifiés comme tels et mis hors d’état de nuire.  Il y va de la stabilité de la RCA.  

 

« Le Pays »


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