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INTERPELLATION DE PASCAL ZAIDA


En fin de semaine dernière, j’ai appris qu’un acteur de la société civile, en la personne de Pascal Zaïda, a été interpellé et placé en garde à vue dans les locaux du Service régional de Police judiciaire (SRPJ) du Centre, avant d’être relaxé après son audition par le procureur du Faso. On lui reproche d’avoir tenu des propos de nature à porter atteinte à la sûreté de l’Etat ou à inciter à la rébellion. Je reconnais, pour ma part, que Pascal Zaïda était allé un peu trop loin dans ses déclarations. Il a manqué la manière de dire  les choses ; ce qui lui a valu de s’attirer les foudres du régime en place. Mais je reste convaincu qu’il a dit haut ce que beaucoup de Burkinabè pensent bas. Je le dis parce que je sais qu’ils sont nombreux ceux-là qui sont remontés contre la gouvernance actuelle, mais qui, par calculs politiciens, préfèrent se taire. Toute chose qui ne rend pas service au peuple burkinabè. Car, pour moi, il faut critiquer pour avancer. On peut critiquer sans offenser ni injurier encore moins appeler à la révolte ou à la subversion. Mais je fais malheureusement le constat que c’est là où pèchent certains acteurs de la société civile qui se laissent parfois aller à des excès de langage. Je ne suis pas personnellement d’accord avec cette manière de faire. C’est pourquoi je demande aux acteurs de la société civile de jouer sainement le rôle qui est le leur. Il faut dénoncer objectivement et de façon responsable les dérives et autres travers des tenants du pouvoir. A ce propos, j’apprécie, par exemple, la démarche de l’Eglise catholique qui a une incroyable et élégante manière de dire ses vérités aux gouvernants sans pour autant choquer personne. En témoigne la dernière sortie du Cardinal Philippe Ouédraogo qui, à l’occasion de la fête de l’Assomption, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer la corruption, la  mal gouvernance, les injustices sociales, etc.

 

Je demande aux gouvernants de s’assumer pleinement

 

J’ai beaucoup apprécié ce langage de vérité qui, je l’espère, n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. En tout cas, je vais le dire haut et fort. La meilleure façon, pour nos dirigeants, de se mettre à l’abri des critiques, c’est d’améliorer leur gouvernance. Il faut mettre fin aux passe-droits, lutter contre la corruption et les détournements des deniers publics dont les médias n’ont de cesse de se faire l’écho à longueur de parution. Et ce n’est pas tout. Il faut que les dirigeants mettent un point d’honneur à combattre l’insécurité qui passe pour être devenue la préoccupation majeure des Burkinabè dont beaucoup ont fui leurs villages respectifs pour se refugier dans des zones jugées plus clémentes. Et là, je n’apprends rien à quelqu’un, quand on sait que presque chaque jour que Dieu fait, apporte son lot de déplacés internes du fait des violences liées au terrorisme. Voyez-vous ? Autant je demande aux acteurs de la société civile de faire montre de responsabilités dans leur discours, autant je demande aux gouvernants de s’assumer pleinement en assurant la sécurité de tous les Burkinabè, où qu’ils se trouvent. Cela relève de leur rôle régalien défini par la Constitution qui est notre boussole. C’est à ce prix qu’ils pourront rabattre le caquet à leurs contempteurs. Sinon, ce n’est pas en procédant à des intimidations sur fond d’interpellations qu’ils pourront se tirer d’affaire. Car, comme on aime à le dire, ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait retomber la fièvre. Bien au contraire, les choses ne feront qu’empirer. En tout cas, pour moi, les choses devraient aller pour le mieux en matière de gouvernance surtout que le président Kaboré est à son deuxième et dernier mandat. N’ayant plus rien à perdre, il se doit de secouer le cocotier afin que cessent certaines mauvaises pratiques qui entachent son régime. Le peut-il vraiment ? Là sont toutes mes craintes.

 

« Le Fou »


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