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JOURNEE INTERNATIONALE DE LA FIN DE L’IMPUNITE POUR LES CRIMES COMMIS CONTRE LES JOURNALISTES : Ce qui n’a pas bougé jusque- là


Le monde entier commémorait, ce 2 novembre 2022, la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes.  A titre de rappel, cette Journée a été instaurée en décembre 2013, à travers la résolution A/RES/68/163 de l’ONU, intitulée «la sécurité des journalistes et la question de l’impunité ».  C’était lors de la 68e session de l’Assemblée générale de l’Organisation. Celle-ci posait ainsi un acte mémorable, noble et hautement symbolique visant à interpeller ses Etats membres, à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle de l’impunité des crimes à l’encontre des journalistes. C’est, du reste, pourquoi la résolution en question, se fait fort de condamner toutes les attaques et violences perpétrées contre les femmes et hommes de médias.  Cette résolution se présente par ailleurs, comme une invite à promouvoir un environnement sûr et propice dans lequel les journalistes peuvent effectuer un travail de manière indépendante et sans ingérence indue. Autre rappel de taille :  la date de cette commémoration a été choisie en mémoire des deux journalistes français, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés le 2 novembre 2013 au Mali. Cette année, pour marquer la Journée qui a pour thème : « connaitre la vérité, c’est la protéger », une conférence de haut niveau est organisée les 3 et 4 novembre 2022 à Vienne en Autriche. Un événement qui marque dans le même temps, le 10e anniversaire du Plan d’action des Nations unies sur la sécurité des journalistes et la question de l’impunité.   A cette occasion, un point sera fait sur les avancées et les défis en matière de protection des journalistes au cours des dix dernières années et définir une stratégie pour mettre en œuvre le Plan.   Les menaces, les intimidations et autres tueries continuent d’être le lot de professionnels de médias à travers le monde

 

 

Espérons que les fruits tiendront la promesse des fleurs.

 

En tout état de cause, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’initiative qui réunit des convives dans la capitale autrichienne, est louable. Assurément, si cette Journée n’avait pas existé, il aurait fallu la créer. C’est donc tout à l’honneur de l’ONU, que de travailler à faire de la protection du journaliste dans l’exercice de son métier, un sujet de préoccupation majeure. Même si, hélas, l’assassinat des deux journalistes français, aura été le déclic. Et Dieu seul sait si la liste macabre s’est allongée après ce double assassinat, depuis l’instauration de cette Journée quasiment une décennie après.  Quel impact réel cette Journée a-t-elle sur la liberté d’expression à travers le monde ? A-t-elle refreiné les sordides et maléfiques ardeurs de tous ceux qui n’hésitent pas à courir sus aux journalistes parce qu’ils voient en eux, des ennemis à abattre plutôt que des alliés précieux dans la quête d’une gouvernance plus vertueuse ?  Rien n’est moins sûr. Il faut savoir qu’entre 2006-2015, 827 meurtres de journalistes ont été condamnés par la Direction générale de l’UNESCO. Sur les 827 cas signalés, seulement 8% ont été résolus.  Les faits ne prêtent pas vraiment à l’optimisme.   Car, ce qui n’a pas bougé jusque-là, et il faut avoir le courage de le dire, c’est que les menaces, les intimidations et autres tueries continuent d’être le lot de professionnels de médias à travers le monde.  Gageons donc que les réflexions qui seront menées au cours des activités commémoratives de ladite Journée, déboucheront sur des mesures concrètes, hardies et plus efficaces de nature à limiter la casse.  En tous les cas, il urge d’aller au-delà des condamnations. Autrement, le risque est grand que l’Organisation onusienne s’offre encore en triste spectacle de « machin » qui ne parle plus qu’elle n’agit, face aux violences en tout genre perpétrées contre les journalistes. Mais il est vrai que ce n’est pas toujours chose aisée, la chasse aux prédateurs de la liberté de la presse.  Car, bien souvent malheureusement, un crime contre un journaliste, sous les tropiques africains notamment, relève du crime d’Etat. Difficile donc de l’élucider a fortiori y appliquer une sanction. Et tant que la malgouvernance sera le sport favori de gouvernants corrompus, tant que perdurera le règne de la dictature, le journaliste fouineur se fera évidemment toujours du mouron ; tant il est exposé. Il est tout aussi clair que des gouvernants mouillés jusqu’au cou dans des meurtres de journalistes, ne seront jamais disposés à coopérer en toute transparence dans le cadre d’une enquête internationale. En tous les cas, des mesures fortes s’imposent. En attendant, il faut saluer le courage, la détermination et la résilience des organisations professionnelles de médias et de quelques organisations de la société civile qui continuent de mener une lutte acharnée contre les exactions à l’encontre de médias qui se battent au quotidien sur le terrain.  C’est notamment le cas d’Organisations journalistes en danger, Reporters sans frontières et bien d’autres encore.

 

 CBS


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