JOURNEE NATIONALE DE PROTESTATION DE L’OPPOSITION : La rue a grondé à Ouahigouya
Ouahigouya, capitale du Yatenga a, à l’instar des autres villes du Burkina, strictement respecté le mot d’ordre de protestation contre la modification de l’article 37 de la Constitution. Hier mardi 28 octobre 2014, la ville a ressemblé à une ville fantôme. Le marché central, les banques, les stations-services, les boutiques ainsi que les services privés et publics étaient fermés. En un mot comme en mille, la mobilisation était de taille. En dehors d’un seul incident qui s’est produit entre quelques militants du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et les marcheurs, tout s’est déroulé dans le calme.
Ils étaient tous là, hommes et femmes de tous âges, de toutes les couches socioprofessionnelles qui ont répondu à l’appel à la journée de protestation initiée par l’Opposition politique. De la place Bandana où ils se sont donné rendez-vous à 8h, les marcheurs ont arpenté certaines grandes artères de la ville en brandissant des pancartes, des banderoles hostiles à la modification de l’article 37 de la Constitution, à la mise en place du Sénat et à la tenue du référendum. Alors que la marche battait son plein, des militants du CDP occupaient leur siège pour, soi-disant, assurer sa sécurité. Mais c’est là justement que les choses ont failli tourner au vinaigre, suite à une vive altercation survenue entre ces militants et les contestataires. Dans la foulée, Irisso Younga alias Mozinga, un ancien militant du CDP ayant rejoint le MPP, sera bastonné. Un incident que les militants du CDP ont assimilé à une provocation ourdie par les marcheurs à leur endroit. Certains militants postés à l’entrée du siège ont confié avoir vu une arme à feu dans les mains du sieur Irisso Younga. Mais ce dernier, accueilli en héros à la Place de la nation, fera savoir que son intention était de stopper la ruée des jeunes gens vers le siège du parti au pouvoir. Un acte qui lui aura donc valu des coups. Citant nommément son agresseur, il a dit que la provocation est plutôt venue du CDP. Longuement ovationné pour son courage et surtout pour sa combativité, le « héros du jour » qui jouit d’une popularité incontestable dans les mouvements de foule, a dit ne rien craindre si ce n’est Dieu.
Une forte mobilisation dans les 12 communes rurales du Yatenga
Outre cela, des marcheurs très indignés par la prise de position de l’ADF/RDA, n’ont pas été tendres avec Gilbert Noël Ouédraogo, par ailleurs natif et maire de Ouahigouya. Sur les pancartes, on pouvait lire : « Gilbert, la honte du Yatenga », « Tu n’es pas digne du Yatenga ; tu as vendu ta dignité », « Traître, tu nous trouveras sur ton chemin », et bien d’autres plus violents les uns que les autres. Lors de notre passage devant la résidence du maire à 9h passées, une dizaine de militants du parti de l’Eléphant, armés de gourdins et d’objets tranchants montaient la garde. Ils portaient des T-shirts estampillés à l’effigie de leur leader ou encore favorables au référendum. Aux environs de 9h 45, au passage devant la mairie, le 1er adjoint au maire, Ibrahima Ouédraogo, et quelques agents conversaient hors de leurs bureaux, en l’absence des forces de sécurité. D’ailleurs, les forces de défense, la police et la gendarmerie sont restées très discrètes tout au long de la marche-meeting. Organisées en petits groupes, elles avaient l’air de ne pas trop se préoccuper des manifestants. A la Place de la Nation, les intervenants ont montré leur détermination et n’attendent pas céder, face à ce qu’ils ont appelé « la boulimie du pouvoir ». Assami Ouédraogo, un jeune agitateur du secteur 11 est tout aussi radical. « Notre colère est légitime. Cette colère provoquée par la folie du régime Compaoré doit aller au-delà de la désobéissance civile. Il faut convertir cette agitation en un soulèvement populaire. Le pouvoir de la IVe République n’a plus de base légale », a-t-il martelé. Selon plusieurs sources concordantes, une forte mobilisation a été également constatée dans les 12 communes rurales du Yatenga, pour empêcher le pouvoir à vie au Burkina.
Hamed NABALMA
matyp & K'Emp
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Où sont les forces de sécurités pour que des gens “protègent” la mairie avec des gourdins ? Sont-ils de la police ? Où est-ce que c’est juste une milice à la solde de l’adf-rda ?
29 octobre 2014