HomeA la uneLE PRESIDENT BAZOUM A NDJAMENA SUR FOND DE CRISE SECURITAIRE AU SAHEL :  Une visite de raison

LE PRESIDENT BAZOUM A NDJAMENA SUR FOND DE CRISE SECURITAIRE AU SAHEL :  Une visite de raison


Le président nigérien, Mohamed Bazoum, est depuis le 12 juillet dernier, en « visite de travail et d’amitié » au Tchad pour une durée de 48 heures. Au menu des échanges avec son homologue tchadien, Mahamat Idriss Deby, les questions sécuritaires régionales sur fond de recrudescence des attaques terroristes au Sahel. L’une des dernières en date au Niger, est celle de Waraou dans le département de Gothèye, dans la région de Tillaberi dans la zone des trois frontières avec le Burkina Faso et le Mali, le 14 juin dernier, qui a fait une dizaine de gendarmes tués et plus d’une trentaine de blessés. La semaine dernière, c’est une demi-douzaine de militaires nigériens qui tombaient dans la région du Lac Tchad, au cours de deux attaques terroristes. Du côté du Tchad, les incursions meurtrières des insurgés islamistes de Boko Haram dans cette même région du Lac Tchad, sont récurrentes aussi bien contre les militaires que contre les civils. C’est dire si la problématique des questions sécuritaires en lien avec le terrorisme dans la sous-région, qui sera au cœur des échanges entre les deux chefs d’Etat, est plus que d’actualité.

 

Il s’agit de trouver une réponse concertée et appropriée à la question du terrorisme

 

Ce sera aussi l’occasion, pour les deux dirigeants, d’aborder la question de la présidence du G5 Sahel restée en suspens depuis le retrait, en mi-mai dernier, du Mali en signe de protestation contre le refus de lui en confier la présidence tournante.  Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette visite du président Mohamed Bazoum à Ndjamena, est une visite de raison. Car, au-delà des questions habituelles de coopération bilatérale dans ses volets politique et économique, il s’agit de trouver une réponse concertée et appropriée à la question du terrorisme à leur frontière commune, mais aussi « dans la zone des trois frontières après le départ des forces françaises du Mali ». Ce, au moment où l’unité d’action au sein du G5 Sahel est quelque peu mise à mal par le retrait du Mali, de la force commune. C’est dire si Ndjamena valait bien un détour pour le président nigérien.  Non seulement en raison des relations de voisinage et de la communauté de destins qui lient le Niger et le Tchad dans la lutte contre l’hydre terroriste, mais aussi en raison du rôle central joué par le pays de Mahamat Idriss Deby dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, avec ses forces combattantes entre-temps engagées dans le « triangle de la mort » que constitue la zone des trois frontières entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Si c’est une volonté de ne pas laisser mourir le G5 Sahel et de le maintenir en vie, c’est une initiative qui est hautement louable. Car, au-delà des faiblesses conjoncturelles de l’institution commune dans la mobilisation des ressources financières nécessaires à son opérationnalisation, c’est un instrument de lutte contre le terrorisme dont l’importance et la nécessité ne sont plus à démontrer.

 

Le chef de l’Etat nigérien est sur la brèche

 

Surtout en ces moments où les pays du Sahel sont à la croisée des chemins, et où l’unanimité se fait sur la nécessité de mutualiser les efforts dans une synergie d’actions, pour se donner de meilleures chances de venir à bout de la pieuvre tentaculaire. Et cela, on peut dire que le président nigérien l’aura bien compris.  Lui dont l’action semble s’inscrire dans la continuité de celle de son prédécesseur et dont le pays a déjà organisé plusieurs opérations conjointes avec le Burkina Faso. La dernière en date, l’opération Taanli 3 menée en avril dernier, a permis de neutraliser une centaine de terroristes, de détruire des bases et de saisir de l’armement, des munitions et de la logistique.  Pas plus tard que le 11 juillet dernier, le président Bazoum a signé un accord de coopération militaire avec le Bénin, cet autre voisin entré dans l’œil du cyclone des terroristes, qui voudrait s’inspirer de l’exemple nigérien pour mieux assurer sa défense contre l’ennemi commun.  Ce n’est donc pas une surprise qu’il se retrouve aujourd’hui  au Tchad avec lequel son pays partage une frontière commune, après s’être rendu quelques mois plus tôt en Algérie pour réchauffer ses relations bilatérales avec son grand voisin du Nord. C’est dire si par rapport à la question sécuritaire dans son pays et dans la sous-région, le chef de l’Etat nigérien est sur la brèche. De là à voir en son activisme, une volonté d’en assumer le leadership, il y a un pas que d’aucuns pourraient vite franchir. D’autant que le locataire du palais présidentiel de Niamey semble dans les bonnes grâces de partenaires stratégiques comme la France et les Etats-Unis, même si cela lui vaut aussi des critiques acerbes de la part de ses détracteurs qui lui reprochent de jouer le jeu de la France et pour qui il n’est ni plus ni moins qu’un valet  de l’impérialisme occidental.

 

 « Le Pays »

 


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