HomeFocusLIBERATION DE SERGE LAZAREVIC : Quelles retombées pour François Hollande ?

LIBERATION DE SERGE LAZAREVIC : Quelles retombées pour François Hollande ?


Serge Lazarévic respire enfin et goulûment l’air de la liberté dont il aura été privé pendant plus de trois ans. Il est sans doute actuellement l’homme le plus heureux de la planète. Serge Lazarévic,  le dernier otage français, a en effet été libéré après plus de trois ans de captivité par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Enlevé le 24 novembre 2011, à Hombori, au Nord-Mali, Serge Lazarévic n’a pas vécu le même sort que Philippe Verlon, du nom de cet autre Français enlevé le même jour puis exécuté plus tard en 2013, alors même que sa santé était chancelante. Peut-être même qu’au moment où vous parcourez ces lignes, Serge Lazarévic a regagné la France, son pays d’origine, où l’attendent avec forte émotion les autorités hexagonales et surtout sa fille Diane qui s’est battue comme une belle diablesse pour qu’il recouvre aujourd’hui la liberté. Car, on se rappelle qu’en dépit des vidéos que publiait AQMI, présentant son père amaigri et fatigué, Diane n’avait de cesse d’acculer les autorités françaises auxquelles elle demandait instamment des preuves de vie de son géniteur. En tout cas, avec la libération de Serge Lazarévic des mains de l’araignée venimeuse, c’est le président français, François Hollande lui-même, qui est libre ; libre parce qu’il n’y a pour l’instant aucun autre otage français détenu dans le monde. Comment peut-il en être autrement, si l’on sait que c’est sous le magistère de François Hollande que bien des otages ont été libérés ? On peut citer en exemples, les  journalistes Nicolas Hénin, Pierre Torrès, Didier  François et Edouard Elios enlevés en Syrie puis libérés. Et peu avant eux, c’est le père Georges Vandenbeuch et la famille d’Alain Mounier enlevés au Cameroun, qui retrouvaient leur liberté de mouvement. Puis suivirent tour à tour Gilberto Rodriguez Leal, Radolfo Cazares et enfin Serge Lazarévic. Mais la grosse tache indélébile demeure l’enlèvement suivi de l’exécution sommaire de Claude Verlon et Gislaine Dupont au Nord-Mali, puis de Hervé Gourdel en Algérie.

En matière de rapt, il n’y a ni philanthropie ni sentimentalisme

N’eût été cette barbarie indigne d’une époque civilisée, François Hollande pourrait se permettre de boire du champagne au nom de la liberté retrouvée de ses compatriotes ; lui à qui les sondages ne font pas de quartier. Cela dit, venons-en maintenant aux conditions de libération de serge Lazarévic. Y a-t-il eu paiement de rançon ? Difficile d’y répondre, ce d’autant que le communiqué de l’Elysée n’apporte aucune précision là-dessus. On sait seulement que cette libération a été rendue possible grâce à l’implication des autorités nigériennes et maliennes. A ce sujet, on se rappelle  que quelques semaines plutôt, le président nigérien affirmait avoir eu des nouvelles de Serge Lazarévic qui, selon lui, se portait bien. Ce qui laissait croire que des contacts avaient été établis entre Paris, Niamey et les ravisseurs du dernier otage. En tous les cas, en matière de rapt, il n’y a ni philanthropie ni sentimentalisme. On ne serait pas étonné d’apprendre un jour que cette libération a fait suite à un grand deal entre l’Hexagone  et les ravisseurs, il y a sans aucun doute eu échange de bons procédés. Mais qu’importe. Une vie est sauvée. Le docteur ès médiation, Blaise Compaoré, ayant pris ses jambes à son cou, la France s’est vite trouvé de nouveaux alliés dans la sous-région. Car, comme on le dit, la nature a horreur du vide.

Maintenant que la France se libère d’un lourd fardeau, ses ressortissants dispersés un peu partout à travers l’Afrique où la menace terroriste est présente, devraient tirer davantage leçon de cette affaire pour s’éviter des ennuis inutiles. Certes, il est notoire que la France en particulier, et l’Occident en général, n’abandonne jamais les leurs, quand il s’agit surtout de menaces sur leur vie. Mais on imagine que tous ces pays du Nord voudraient bien faire l’économie de ces situations difficiles qui ne finissent pas toujours, hélas, sur les notes d’un « happy end ». Car, si Serge peut s’estimer  heureux de s’en être finalement sorti sans trop de casses, on ne saurait en dire de même pour tous ces otages français qui n’ont malheureusement pas eu cette chance, pour avoir été sauvagement assassinés.

Boundi OUOBA


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