LIBERATION DU CHEF DU TRIBUNAL ISLAMIQUE DE TOMBOUCTOU :Un acte inopportun
La libération du chef du tribunal islamique de Tombouctou, Ag Alfousseyni Houka Houka, par le gouvernement malien, suscite colère et incompréhension au Mali. En effet, certains mouvements comme la Fédération internationale des droits de l’Homme et son antenne malienne, sont montés au créneau pour dénoncer cette libération qu’ils qualifient d’atteinte à l’indépendance de la Justice et de violation flagrante des droits des victimes à la justice et à la vérité.
La libération de Houka Houka apparaît comme un acte inopportun
Cette indignation des mouvements de défense des droits de l’Homme est, somme toute compréhensible, car Ag Alfousseyni Houka Houka n’est pas n’importe qui. Cet ancien dignitaire du groupe islamiste d’Ansar Dine, a eu à ordonner plusieurs flagellations, amputations et lapidations. Et libérer un tel homme peut paraître curieux.
Certes, Bamako dit l’avoir relaxé dans le cadre des discussions en cours avec les groupes armés du Nord. Mais cet argument suffit-il à accorder l’impunité à un bourreau de son rang? Doit-on, au nom de la réconciliation, élargir tous les criminels? Y a-t-il eu un accord dûment signé pour que Bamako accepte de libérer un tel criminel? Un chien peut-il changer sa façon de s’asseoir ? En vérité, la libération de Houka Houka apparaît comme un acte inopportun. Du reste, on ne le sait que trop bien, Ansar Dine, jusqu’à preuve du contraire, est considéré comme un mouvement terroriste et donc infréquentable. Libérer donc ses cadres, c’est susciter incompréhensions et révoltes voire renforcer sa capacité de nuisance.
Un seul mouvement ne peut prétendre défendre les intérêts de tout le monde
Cela dit, on se demande même si Bamako n’a pas perdu au change. A moins que toute la vérité n’ait pas été dite.
La libération de cet homme, jadis craint comme la peste, intervient au moment où s’ouvrent à Ouagadougou, des pourparlers entre plusieurs factions de groupes rebelles du Nord-Mali. L’objectif de cette rencontre est de permettre aux différents groupes d’accorder leurs violons, afin de parler d’une seule voix face à Bamako. A priori, l’unité que recherchent ces groupes armés est bonne en soi, dans la mesure où elle vise à faire avancer le dialogue avec les autorités de Bamako. Il est vrai qu’un seul mouvement ne peut prétendre défendre les intérêts de tout le monde. Mais on a l’impression que les leaders de ces mouvements sont plus préoccupés par leurs propres intérêts. Il est évident qu’être responsable d’un groupe aujourd’hui, offre des avantages et ce faisant, il faut craindre que tout ce ramdam que l’on fait autour de la question du Nord-Mali, ne soit guidé par des considérations œsophagiques.
Dabadi ZOUMBARA