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LIBERTE DE LA PRESSE AU BURKINA


Le Burkina Faso a célébré, le 20 octobre 2020, la Journée nationale de la liberté de la presse, autour du thème : « Le journalisme à l’épreuve de l’éthique et de la déontologie en période électorale ». Un thème dont nul ne doute de l’actualité et de la pertinence. C’est d’autant plus vrai que le Burkina est en train de mettre les petits plats dans les grands pour réussir la tenue des élections législatives et présidentielle, le 22 novembre prochain. Et on le sait, sous nos tropiques comme ailleurs, la période électorale est une période sensible où le rôle du journaliste est encore plus important. Toujours est-il que le journaliste est généralement au cœur des joutes électorales où, pour se donner plus de chances, chaque candidat provoque un tsunami de promesses à ses électeurs. Comment le journaliste qui n’est autre que l’historien du temps présent, peut-il écrire cette page de l’histoire d’une nation sans égratigner les chances d’un candidat ? Se tenir à équidistance des chapelles politiques ? Et puis en cette période électorale, la tentation de la corruption est très forte. Ne nous voilons pas la face. Si dans certaines entreprises, des patrons de presse font l’effort d’octroyer un salaire décent à leurs travailleurs, force est de reconnaître que d’autres travailleurs des médias, surtout privés, sont payés au lance-pierre. Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette célébration de la liberté de la presse s’est déroulée dans un contexte marqué par des hauts et des bas. Au titre des progrès, l’on peut citer l’opérationnalisation, par l’Etat, du Fonds d’appui à la presse privée (FAPP), la réduction de 50%, au titre de l’année 2020, du paiement de la redevance TNT pour les télévisions et des redevances ARCEP pour les organes de presse de radiodiffusion. Cependant, ces progrès cachent mal des défis.

Il n’y a pas d’acquis définitifs en matière de liberté de la presse

La presse nationale, surtout privée, ploie sous le poids des taxes et impôts dans un contexte de morosité économique généralisée. Comment des organes de presse qui tirent déjà le diable par la queue, peuvent-ils garantir une liberté d’exercice du métier de journaliste à leurs travailleurs ? Bien que considérée comme dépassée au regard de l’évolution du coût de la vie, la Convention collective des journalistes et assimilés peine à connaître une application effective par bon nombre de médias de la place. Et d’ailleurs l’Etat, la plupart des organisations professionnelles des médias et des patrons de presse n’en font plus un problème. En tout état de cause, il sied de féliciter et d’encourager les patrons de presse qui l’appliquent, qui continuent d’améliorer les conditions de travail et de vie de leurs journalistes. Sur le plan strictement des libertés, le Burkina ne saurait trop pavoiser puisqu’il perd deux places par rapport à 2019, au dernier classement mondial de Reporters sans frontières en terme de liberté de la presse. Le 38e rang mondial sur 180 et le 5e rang au niveau africain, qu’il occupe cette année, sont interpellateurs. Ils montrent, et c’est encore peu de le dire, qu’en la matière, il n’y a pas d’acquis définitifs. C’est dire si les professionnels des médias auraient tort de dormir sur leurs lauriers. Ils doivent, et c’est peu dire, poursuivre la lutte afin que les facteurs qui ont contribué à un recul du pays, soient éliminés. C’est vrai que la dépénalisation des délits de presse constitue, en soi, une avancée majeure, mais le journaliste burkinabè n’est toujours pas à l’abri de la prison et du paiement d’amende dont le non-plafonnement au titre des dommages et intérêts, reste une véritable épée de Damoclès sur la tête de chaque pratiquant du métier, et sur son entreprise. L’on fait également le constat que la journée nationale de la liberté de la presse édition 2020, aura été célébrée dans un climat délétère. Car, ce n’est un secret pour personne que le ministre de la Communication et des relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, et le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) sont à couteaux tirés. Puissent-ils trouver la bonne solution. En attendant que les deux parties fument le calumet de la paix, l’on ne peut que souhaiter bonne fête à chaque homme et femme journaliste qui se bat pour tirer la démocratie burkinabè vers le haut.

Dabadi ZOUMBARA


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