LIBYE :Des raids qui suscitent beaucoup d’interrogations

Les milices de Misrata qui occupent l’aéroport de Tripoli ont vu, le 18 août dernier, et pour la première fois, leurs positions pilonnées par une aviation. Ces raids qui ont détruit plusieurs cibles à Tripoli, suscitent de nombreuses interrogations. Certes, le général Haftar qui conduit l’opération « dignité » depuis quelques mois, les a revendiqués. Reste qu’il est difficile de vérifier la véracité de ses propos.

 

Des pays occidentaux pourraient se résoudre à venir au secours des Libyens

 

L’armée libyenne, du moins ce qu’il en reste, a-t-elle encore les moyens de mener de tels bombardements aériens? On en doute fort. A l’évidence, si elle était aussi puissante, elle n’aurait pas subi une sévère raclée à Benghazi, face aux milices. C’est dire qu’il y a des zones d’ombres autour de ces raids aériens. Face à l’incapacité du général Haftar et ses hommes à faire plier l’échine aux milices, des pays occidentaux pourraient bien se résoudre à venir au secours des Libyens. N’est-ce pas d’ailleurs le souhait des autorités libyennes qui avaient lancé un appel à la Communauté internationale, appel qui, jusque-là, était resté lettre morte? Dans tous les cas, ce ne serait que service rendu au général Haftar qui, on le sait, est un vrai allié des Occidentaux. Et qui plus est, ce dernier bénéficie d’une certaine légitimité puisque son camp, les libéraux, a remporté les élections et ce malgré les violences perpétrées quotidiennement par les milices dans le pays. Au-delà de ces considérations, les Occidentaux ont certes encore des intérêts à défendre et à protéger en Libye, même s’ils ont donné l’impression de prouver le contraire en évacuant leurs ressortissants.

 

Le général Haftar et ses hommes doivent avoir la pleine collaboration de la population

 

A cela il faut ajouter que le contexte actuel est marqué par une mobilisation internationale pour casser du djihadiste. Que ce soit en Syrie, en Egypte, en Irak et plus près de nous au Mali, le combat est le même : mettre les barbus hors d’état de nuire. Sans doute saura-t-on tôt ou tard qui se cache derrière ces raids aériens qui, à tout point de vue, profitent au général Haftar et ses hommes. En effet, ils pourraient constituer pour eux, une bouffée d’oxygène et donner plus d’éclat à l’opération « dignité » qui commençait à montrer ses limites face à des milices bien équipées et prêtes à occuper tous les endroits stratégiques de la Libye. Les populations de Tripoli pourraient aussi y trouver leur compte, à condition que les dégâts collatéraux soient limités. Chose qui risque d’être difficile car les bombardements aériens font généralement des victimes innocentes, surtout lorsqu’ils sont menés dans la durée. Cela dit, les conséquences de l’utilisation de l’aviation contre les milices pourraient braquer les Islamistes qui chercheront à donner du fil à retordre aux autorités libyennes et ce, à travers des attaques terroristes comme en Irak ou en Somalie. Pour vaincre ces milices, le général Haftar et ses hommes doivent avoir la bénédiction et la pleine collaboration de la population. En tout cas, il faut craindre que cette nouvelle méthode de lutte contre les milices, en plein Tripoli, n’entraîne une escalade de la violence au pays de Mouammar Kadhafi.

 

Dabadi ZOUMBARA