HomeA la uneLUTTE CONTRE BOKO HARAM Biya fait mieux que Goodluck

LUTTE CONTRE BOKO HARAM Biya fait mieux que Goodluck


Quelques semaines après le sommet de Paris qui a réuni autour du président français François Hollande, les chefs d’Etat du Nigeria et ses voisins pour peaufiner leur stratégie de lutte contre Boko Haram dans une synergie d’action, le Cameroun, l’un des participants à ce sommet, vient de porter un coup dur à la secte islamiste, en lui infligeant de lourdes pertes à l’issue d’affrontements à la frontière du Nigeria.

 

Le sommet de Paris a permis de faire bouger les lignes du côté du Cameroun

 

Ces accrochages du week-end dernier, entre troupes camerounaises et terroristes de Boko Haram, ont fait une quarantaine de morts dans les rangs des terroristes, au moment où le président camerounais réussissait à obtenir la libération de deux prêtres italiens et d’une religieuse canadienne, enlevés il y a de cela deux mois au Nord du Cameroun. Cette libération n’est pas sans rappeler celles de la famille Moulin-Fournier en avril 2013, et du père Georges Vandenbeusch en début d’année 2014, grâce à l’implication du président camerounais, tous enlevés par la secte nigériane respectivement en février et novembre 2013 dans son pays.

Au regard de tous ces faits, l’on pourrait dire que dans la lutte contre Boko Haram, Biya fait mieux que Goodluck. Pendant que le premier enregistre des succès probants, dont il pourrait en tirer des dividendes en terme d’image,  le second vole de déconvenue en déconvenue. La dernière en date, et  non des moindres, est cet attentat à la bombe à Mubi, dans l’Etat d’Adamawa, au Nord-est du Nigeria. Cet attentat, survenu dans un stade de football, a fait, au bas mot, une quarantaine de morts, alors que le dossier des jeunes filles enlevées mi-avril, n’a connu aucune avancée notable malgré la mobilisation internationale autour de Goodluck et de son gouvernement, par l’apport de moyens logistiques et humains importants.

Comme on le voit, le déploiement d’importants renforts par le président camerounais le long de la frontière avec le Nigeria, est en train de donner des résultats qui gênent Boko Haram. A ce titre, l’on pourrait dire que le sommet de Paris n’aura pas été inutile et qu’il a permis de faire bouger les lignes du côté du Cameroun. Quand on sait que ce pays est devenu la base-arrière de la secte, il faut espérer que ce réveil et cette implication du président Biya permettent d’entrer dans une phase décisive de la lutte contre cette secte qui a des ramifications dans ce pays. Du reste, ces terroristes sèment la terreur et la psychose au sein des populations camerounaises frontalières du Nigeria, par des actes de pillage et des enlèvements répétés d’otages. Paul Biya s’est donc engagé dans le bon combat dont il ne manquera pas de tirer politiquement profit. Car, par son entregent, il a réussi à faire libérer des otages, au moins pour la troisième fois, sans effusion de sang. Il peut donc bomber la poitrine là où son grand voisin fait profil bas. En cela, il a plus de mérite que Goodluck Jonathan.

 

Biya fait preuve d’efficacité dans la discrétion

 

A l’analyse, Paul Biya démontre, si besoin en était encore, qu’il est un pion essentiel dans la lutte contre Boko Haram, et qu’il faut compter avec lui. En tout cas, sa stratégie s’est montrée productive plus d’une fois. Au-delà de la question de savoir quel est son secret, il faut reconnaître que chaque fois que le président camerounais s’est secoué, il a obtenu des résultats dans des délais souvent surprenants. En réussissant en quelques mois là où certains ont mis des années entières sans forcément obtenir de résultats probants, il a prouvé que s’il s’engage aux côtés du Nigeria, il peut faire plier Boko Haram.

Toutefois, on ne peut s’empêcher de poser la question suivante : à qui profitent ces prises d’otages ? Aux ravisseurs en termes de rançons qui leur sont payées sans tambour ni trompette, et à Paul Biya en terme d’image, d’autant plus que l’omerta qui frappe ce genre d’opérations pour leur donner des chances de succès, ne permet pas d’en savoir sur les tractations souterraines qui s’y mènent. Son implication personnelle qui se solde par des succès tend à faire de lui un personnage incontournable. Si ses succès sont à saluer à leur juste valeur, il faut craindre que le sentiment d’être un homme indispensable ne l’entraîne dans certaines dérives, notamment la tentation de s’éterniser encore plus au pouvoir ; surtout s’il a le sentiment que par devoir de reconnaissance, les puissances occidentales lui devront désormais un fière chandelle.  Aussi, même s’il est impensable que Paul Biya puisse pousser le cynisme jusqu’à organiser ces rapts pour se faire une renommée, la puissance de sa diplomatie et de ses services de renseignements qui auraient une certaine connexion avec les ravisseurs par des intermédiaires discrets et efficaces, semble ne pas faire l’objet de doute. Il fait ainsi  preuve d’efficacité dans la discrétion. Si sur le plan de la négociation et de la libération des otages, Paul Biya s’est illustré par un activisme très intense, sur le plan de la lutte armée contre Boko Haram, il paraissait moins engagé. Mais une chose est de réussir la libération d’otages, une autre est de faire en sorte que plus jamais aucun otage ne soit enlevé sur le sol camerounais. Là est le véritable défi. En tous les cas, il faut espérer que cet engagement soit un tournant décisif dans la lutte contre le terrorisme en vue d’une meilleure protection des citoyens.

 

« Le Pays »

 


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