HomeA la uneLUTTE CONTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS : Tant que prévaudront la pauvreté et l’ignorance…

LUTTE CONTRE LE TRAVAIL DES ENFANTS : Tant que prévaudront la pauvreté et l’ignorance…


Il s’est ouvert, le 15 mai 2022  à Durban, en Afrique du Sud,  une conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants. De prime abord,  il  est bon  de  saluer  la tenue de cette  conférence,    la première du genre  sur le sol africain,  surtout  lorsqu’on sait que sur les 160 millions d’enfants forcés à travailler dans le monde, environ 60% se trouvent en Afrique. Un véritable malaise  auquel est confronté un bon nombre d’Etats en Afrique de façon générale, et en Afrique subsaharienne en particulier et ce,  malgré les efforts entrepris pour éradiquer ce phénomène. A l’analyse, la pauvreté et l’ignorance   sont  les principales raisons de ce fléau. La  Côte d’Ivoire était accusée, à tort ou à raison, depuis  de nombreuses années,  par   certains pays  européens   acheteurs  de cacao, qui avaient menacé, on s’en souvient, de boycotter le produit si ce  pays  ne mettait  pas en place un système  de lutte contre  le travail des  enfants de 5 à 11 ans,   dans les plantations  de café et de cacao. Cette menace mise à exécution, a eu un écho favorable auprès des autorités ivoiriennes. On assistera alors à  la forte implication  de Dominique Ouattara,  la première dame  de Côte d’Ivoire,  qui, avec son franc-parler, a pris son bâton de pèlerin  afin d’aller rencontrer les planteurs de café et de cacao dans les régions de l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Ainsi, les nombreuses campagnes de sensibilisation des planteurs dans ces régions  productrices de café et de cacao,  destinées à ne plus utiliser les enfants  dans les plantations, ainsi que la sensibilisation sur le bien-fondé de l’école pour ces enfants, a contribué à réduire considérablement le fléau.

 

La lutte contre le travail des enfants doit aussi se faire  dans certains espaces publics

 

Au-delà de la Côte d’Ivoire, la lutte contre le travail des enfants  pourrait réussir  si  les Etats qui partagent les mêmes frontières,  conjuguent leurs efforts. Notamment en accentuant   la vigilance le long des frontières afin d’éviter de laisser filer entre les mailles,   des convois transportant des mineurs dont les destinations finales   font froid dans le dos.  D’ailleurs,  une enquête  de l’UNICEF  a montré que ce  sont  plusieurs  centaines  d’enfants qui sont convoyés depuis  un certain nombre de  pays, pour y être utilisés comme  des bêtes de somme.    Les modiques ristournes qu’ils perçoivent  après de durs labeurs au quotidien, leur permettent  d’assurer la pitance quotidienne pour  leurs   parents  dont la  complicité est souvent établie  dans  cette pratique. En  Afrique, une étude a montré qu’un enfant sur dix est contraint de travailler pour subvenir aux besoins de ses géniteurs.

Cela dit, outre  la Côte d’Ivoire, on note  des progrès au Zimbabwe où le gouvernement s’est récemment engagé à combattre le travail des enfants dans l’industrie du tabac. Dans ce pays, la loi fixe l’âge d’embauche à 16 ans, mais n’interdit pas aux plus  jeunes, de manipuler le tabac. La lutte contre le travail des enfants  ne  doit pas se limiter  aux seules plantations  de café et de cacao et autres industries du tabac.  Elle  doit  aussi se faire  dans certains espaces publics  (maquis, bars,  restaurants, etc.)  où on rencontre des enfants mineurs livrés à eux-mêmes mais aussi à la prostitution.

Les sites miniers sont des endroits où l’on rencontre des enfants. Au  Burkina Faso, en Guinée,  au Niger   et dans certains autres pays de l’Afrique francophone, ces enfants à la recherche du gain facile, encouragés par leurs  parents,  abandonnent les salles de classes au profit de ces  sites miniers avec l’espoir de trouver  un jour le métal précieux. Un facteur de ce phénomène : les conflits en Afrique occidentale,  par exemple, au Mali, au Burkina Faso. La Centrafrique n’est pas épargnée, ni le Tchad, encore moins la RDC. Ce dernier  pays est aujourd’hui,  profondément affecté par le travail des enfants en raison de l’exploitation minière artisanale.

 

Ben Issa TRAORE  


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