LYNCHAGE A MORT D’AGENTS DU CCVA DANS LE SUD-OUEST
Il y a des actes qui choquent les consciences individuelles et collectives à cause de leur caractère bestial. Ce qui s’est passé le 27 août 2021 à Bouroum-Bouroum, dans le Sud-Ouest, en est un. En effet, ce jour-là, trois agents du CCVA (Centre de contrôle des véhicules automobiles), de retour d’une mission à Gaoua, ont été lynchés à mort, tels des chiens, dans le village de Banlo, localité située dans la commune rurale de Bouroum-Bouroum, province du Poni, région du Sud-Ouest. Des individus furax leur ont réservé ce sort après que leur véhicule a percuté mortellement un enfant. Les corps sans vie des suppliciés ont été exhibés sur les réseaux sociaux. Ils présentaient tous des signes et des traces qui permettent de se faire une idée du degré d’atrocité qui a entouré leur mise à mort. Le Burkina entier, ou du moins, les femmes et les hommes qui peuvent encore se prévaloir de la qualité d’Homo sapiens (Homme moderne), sont certainement encore sous le choc après qu’ils ont vu les images de la boucherie ou entendu le récit de l’horreur. De tels faits, malheureusement, ne sont pas inédits au pays des Hommes intègres. En 2019 par exemple, à Nafona dans les Cascades, des policiers, dépêchés dans ladite localité pour procéder à l’arrestation de deux prévenus, ont été purement et simplement lynchés à mort par la population. Au Sud-Ouest, on ne compte plus les cas de lynchage, tant ils sont légion. De ce fait, l’on peut logiquement se demander si dans cette partie du Burkina, le lynchage n’est pas perçu comme un acte héroïque. Dans pratiquement toutes les régions du Burkina, le phénomène, même s’il n’a pas atteint les proportions du Sud-Ouest, existe. Le moins que l’on dire c’est que cette propension des Burkinabè à se rendre justice, risque de donner le coup de grâce à l’existence même du pays.
La lutte doit être portée par l’ensemble de la communauté nationale
Et les femmes et les hommes qui se livrent à ces pratiques dignes du Moyen-âge, donnent l’impression de s’en délecter. Rarement, la Justice leur demande des comptes. Tant que l’impunité sera de mise, les cas de lynchage ou de vindicte populaire ne feront qu’augmenter au pays des Hommes intègres. A ce rythme, nous risquons de basculer dans l’état de nature où les plus forts, les plus barbares, dévorent les plus faibles. Dans certaines parties du Burkina, on y est presque, peut-on dire. C’est pourquoi la Justice doit obligatoirement et sans attendre, sévir pour l’exemple. Car, de cela dépendra notre volonté de vivre ensemble dans le même pays. En tout cas, tout le monde doit se convaincre qu’aucun pays ne peut se construire dans la barbarie et que seul le droit doit servir de socle à notre vivre-ensemble. En dehors de cela, nous courons tous à notre perte. Les Burkinabè de toutes les ethnies, de toutes les religions et de toutes les obédiences politiques doivent, au regard du drame qui vient de se jouer à Bouroum-Bouroum, méditer sur l’extrait suivant du communiqué du procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Gaoua : « C’est le lieu pour nous de rappeler qu’en toutes circonstances, le pardon et la tolérance doivent prédominer sur tous autres sentiments de vengeance et de justice privée… ». Ceux qui ont posé l’acte ignoble de Bouroum- Bouroum, ont ôté la vie à trois personnes innocentes. Qu’ont-elles gagné dans ça ? En tout cas, l’enfant ne reviendra pas à la vie. En entendant, les bourreaux porteront à jamais sur la conscience, ces trois meurtres. Chacun de nous doit se dire que ce qui est arrivé à ces trois, peut arriver à tout le monde. C’est pourquoi la lutte contre le lynchage et autres pratiques avilissantes à l’encontre des droits humains, doit être portée par l’ensemble de la communauté nationale. Car, l’enjeu, ici, c’est la protection de la dignité humaine. Au- delà, c’est la préservation du vivre-ensemble et de la cohésion sociale. L’occasion est bonne également pour interpeller les réseaux sociaux par rapport à la diffusion d’images susceptibles d’empirer la peine des parents de personnes victimes de mort atroce. Les corps mutilés des trois agents du CCVA ont été, en effet, présentés sur la toile. Ceux qui ont fait cela, se sont-ils mis un seul instant à la place des parents de ces derniers ? Décidemment, le Burkina va mal et tant que tout le monde ne va pas en prendre conscience, il sera impossible de lui trouver le traitement qu’il faut. Pour terminer, et sans chercher à justifier l’acte ignoble car rien ne peut le justifier, l’on peut inviter les usagers de la route à observer en toutes circonstances, toutes les règles liées à la circulation.
Sidzabda
Made
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Sidzabda, pourquoi les parents des victimes ne doivent pas êtres informé de ce qui est réellement arrivé à leurs enfants? Comme votre nom Sidzabda le dit. C’est même un droit. Ainsi ils prendrons les dispositions nécessaires en fonction de ce qu’on a infligés à leurs gens. Quand au pardon, il devrait commencer par la mort accidentelle de l’enfant. Si ces indigènes n’ont pas pardonné la mort accidentelle, c’est pas les autres qui vont pardonner des morts prémédités. C’est une question de bon sens.
31 août 2021