MANIFS CONTRE LE 5e MANDAT DU PRESIDENT TCHADIEN : La société civile gesticule, Deby avance
La semaine dernière, quatre militants de la société civile opposés à un 5e mandat du président Idriss Deby ont été arrêtés. En réaction à cette vague d’arrestations, les syndicats ont lancé un mot d’ordre de grève illimitée à partir d’aujourd’hui 29 mars, pour exiger la libération de leurs camarades et ce alors même que le pays est en pleine campagne pour la présidentielle du 10 avril prochain. De quoi troubler le sommeil de Déby qui, faut-il le dire, ne s’attendait pas à un tel scénario. Mais de là à croire que les gesticulations de la société civile pourront faire renoncer Déby à un nouveau mandat, ce serait faire preuve d’une grande naïveté. Le combat de la société civile est noble certes, mais l’on peut trouver à redire sur le timing de cette volée de bois vert.
Déby semble adossé à du roc
A y regarder de près et sans jouer les Cassandre, le combat de la société civile tchadienne ressemble à un combat d’arrière-garde qui a peu de chances d’aboutir dans le contexte actuel. En effet, non seulement la candidature de Déby a été validée par les instances suprêmes du pays, mais aussi elle n’est pas a priori en porte-à-faux avec la loi fondamentale tchadienne qui n’inscrit aucune clause limitative de mandat. Et cela, Idriss Déby l’a obtenu avec la passivité voire la complicité de ce même peuple, par voie référendaire. Aussi y a-t-il peu d’espoirs que ces manifestations aient un écho à l’échelle internationale à même de gêner aux entournures un Idriss Déby dont l’engagement sans faille dans la lutte contre le terrorisme en fait un partenaire privilégié pour les grandes puissances. Elles qui, disons-le, ont besoin de stabilité dans cette région, par peur des incertitudes du changement. De ce point de vue, Déby semble adossé à du roc, d’autant plus que dans la conscience collective des maîtres de ce monde, l’on ne saurait raisonnablement se passer d’un tel homme avant d’avoir trouvé son remplaçant ; ce qui est loin d’être fait. Tout porte donc à croire que le mieux que ces opposants puissent espérer, c’est de voir la communauté internationale faire dans l’hypocrisie, même si tout le monde est d’accord pour admettre que cinq mandats, cela fait un peu trop ! Malgré tout, il y a lieu de croire que quelle que soit l’ampleur de la cohue, Déby passera cette épreuve sans coup férir, un peu à la manière d’un certain Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville. Ce qui n’augure pas d’un mandat de tout repos pour lui, car l’on voit aussi mal ses contempteurs s’arrêter en si bon chemin, surtout s’ils ont la conviction d’être sur la bonne voie, celle de jeter sur lui un certain discrédit.
Outélé KEITA