HomeA la uneM’BI YAMEOGO, SG DE LA COORDINATION  DES SOUS-SECTIONS  SYTTPBHA DU MINISTERE DES INFRASTRUCTURES : « Plus tôt le ministre partira, mieux cela vaudra»  

M’BI YAMEOGO, SG DE LA COORDINATION  DES SOUS-SECTIONS  SYTTPBHA DU MINISTERE DES INFRASTRUCTURES : « Plus tôt le ministre partira, mieux cela vaudra»  


 

Une fois de plus, les militants du  Syndicat des travailleurs des travaux publics, du bâtiment,  de l’hydraulique et assimilés du ministère des Infrastructures (SYTTPBHA-MI) ont déserté leurs bureaux pour observer  un sit-in hier 3 juillet 2017 au sein dudit ministère, à Ouagadougou. Il s’est agi pour le syndicat, d’exiger la satisfaction de sa plateforme revendicative.

Application sans délai de l’arrêté portant institution d’un panier commun, transparence dans la passation des marchés publics,  dépolitisation de l’administration, etc. Ce sont là quelques vœux chers aux   militants du SYTTPBHA-MI qu’ils voudraient voir satisfaits. Et une fois encore, ils ont observé un sit-in ce 3 juillet 2017, pour exiger la satisfaction des différents points de revendication. Selon le Secrétaire général de la coordination des sous-sections  SYTTPBHA  du ministère des Infrastructures, M’Bi Yaméogo, un des points de revendication concerne l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents. « Nous avons,  depuis 2016, entrepris des négociations avec le ministère et sommes même parvenus à des conclusions, notamment  le cas d’un arrêté  qui octroie un certain nombre d’avantages. Mais curieusement, à la dernière minute, certains Directeurs généraux  ont refusé de mettre en pratique l’arrêté. Nous avons alors compris que soit le ministre est complice, ou il est impuissant. Nous sommes là pour exiger que l’arrêté soit respecté, ainsi que toutes les notes signées par le ministère », a fait savoir le SG qui a relevé  « des cas de mauvaise gestion des ressources publiques allouées au ministère des Infrastructures ». « Au titre de la mauvaise gestion, il y a le cas du programme 1 000 km de pistes. C’est la première fois dans l’histoire du pays, que nous constatons que le fonctionnement d’un grand projet présidentiel est assuré par des reversements des entreprises. Dans un premier temps, si les entreprises font un retard dans le versement, cela bloque les sorties sur le terrain et de l’autre côté, les entreprises qui sont aussi des commerçants, peuvent délibérément décider de ne pas verser ces fonds qui permettent à l’administration de venir les contrôler. Nous avons donc exigé du ministère qu’on crée des Unités de gestion de projets (UGP) au sein des directions qui s’occupent de ces pistes et que le fonctionnement et l’administration du projet soient  gérés par  cette unité et non par la DAF, parce que tous ces reversements effectués par les entreprises s’élèvent à 1, 617 milliards de F CFA. C’est une somme colossale et nous ne savons pas comment elle est gérée. Tout ce que nous savons, c’est que c’est avec ces reversements que les missions sont effectuées, qu’on paie le carburant, mais nous ne savons pas après tout cela ce qui est fait… Le fonctionnement de l’administration ne doit pas dépendre du fonctionnement des entreprises… Nous demandons que les reversements des entreprises cessent et que l’Etat s’assume. S’il ne peut pas réaliser ses programmes, il ne faut pas mettre cela sur le dos des entreprises… », a-t-il affirmé.

« Le ministère n’est pas le Parc automobile de l’Etat »

De l’avis de M. Yaméogo, au niveau de la passation des marchés, la transparence n’est pas de mise. « Quand on ouvre les offres, l’autorité se saisit pour donner des orientations, pour dire à qui l’on doit donner le marché. Nous avons des éléments de preuves parce que des membres de sous-commissions nous ont saisis pour dénoncer le fait qu’ils travaillent et que l’administration modifie les résultats avant de les publier. Ces preuves sont là et nous pensons que la pratique doit cesser », a dit le SG qui a également évoqué la « politisation de l’Administration ». Selon ses propos, des catégories B dirigent des catégories A, c’est-à-dire des Bac+2 qui dirigent des Bac+5. « Cela est inadmissible dans le cadre de l’Administration. Nous avons également des arrêtés que le ministre a lui-même signés, pour désigner une seule personne comme chef de service financier  dans trois projets différents, pendant que les autres agents sont assis », a-t-il martelé. Par ailleurs, il a exigé la restitution des véhicules attribués au ministère des Infrastructures, mais qui ont été envoyés dans d’autres institutions. « Dans le cadre de la réalisation de l’échangeur du Nord, des véhicules ont été octroyés au ministère. Avant la fin du travail, trois véhicules ont été envoyés à la Présidence, un au Secrétariat général du gouvernement et du Conseil des ministres et un autre au gouverneur de Gaoua. Pendant ce temps, nos services sont démunis. Nous demandons à ces institutions de nous restituer les véhicules pour nous permettre d’accomplir nos missions. Le ministère n’est pas le Parc automobile de l’Etat qui, en fonction des besoins, est habilité, en fin de projet,  à affecter  des véhicules aux institutions. Il ne revient pas au ministère de  le faire », a-t-il dit. A son avis, au regard de ces éléments suffisamment graves, il revient au ministre d’en tirer les conséquences. « Actuellement, il y a véritablement une crise de confiance entre le ministre et tout le monde, des responsables au plus petit des agents… En réalité, il faut dire que plus tôt le ministre partira, mieux cela vaudra pour tout le monde. Pour nous-mêmes, pour le gouvernement, pour le premier responsable du pays qui a un programme à exécuter,  parce que nous avons des éléments d’appréciation et d’évaluation qui prouvent qu’à l’heure actuelle, si on continue dans ce sens, on ne pourra véritablement rien faire dans le cadre des infrastructures », a-t-il déclaré avant d’ajouter que « le programme 1 000 km de 2016 a déjà échoué parce que ce qui a été lancé, rien n’a été fait ; en 2017, ils ne pourront pas finir les  1 000 km et ça va aller jusqu’en 2018. Il faut comprendre là, un échec. Par conséquent, il faut recadrer, réorienter et mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut », a-t-il soutenu.

Le processus de dialogue continue

Par ailleurs, il a tenu à préciser : « Nous ne parlons pas d’individu, mais de système. Nous avons posé nos préoccupations au ministre. Qu’il nous dise ses limites et si la solution se trouve ailleurs, nous irons la chercher. Si c’est à la présidence du Faso, nous sommes prêts à y aller pour rechercher les solutions… Nous ne disons pas de trouver tout de suite des solutions à tous les problèmes, mais qu’il nous dise ce qu’il peut faire,  et ce qu’il s’est engagé sur papier à faire, qu’il le respecte ; c’est de cela qu’on parle… Quelle que soit la personne qui est là, nos problèmes seront posés de la même façon et avec la même détermination ».  Approché, le SG dudit ministère, Paul Yaogho, entouré de ses proches collaborateurs,  a indiqué que le syndicat et les premiers responsables sont dans un processus de dialogue qui continue, afin que des solutions idoines soient trouvées. « On n’avait même pas terminé ce processus que le mot d’ordre de sit-in a été lancé », a-t-il déclaré. En ce qui concerne l’opérationnalisation du panier de fonds commun, le SG a confié  qu’un comité a été mis en place et  les échanges   avec le personnel se poursuivent  pour voir les moyens nécessaires à prendre de sorte que ledit panier profite à tout le monde. « Aucune  direction n’est contre l’arrêté, du moment où c’est un arrêté ministériel, mais  c’est un débat qui est toujours en cours et nous attendons de conclure avec les partenaires », a dit le directeur général des Infrastructures routières,  Vincent Dabiré.

Quant aux marchés publics, M. Yaogho a fait savoir que tout se passe sur la base des procédures. « Ce sont ces procédures que nous appliquons et si d’aventure une procédure a été biaisée, ou que quelqu’un se sent lésé, c’est de son plein gré de se plaindre auprès de l’ARCOP et en aucun cas, nous n’avons entendu cela », a-t-il relevé.  Sur la question des véhicules, le directeur général des pistes rurales, Oumarou Bassavé, a affirmé qu’ils n’ont pas été donnés en cachette. « L’Etat est un tout. Si un département ministériel a un besoin et qu’on peut leur venir en aide, nous allons le faire. Il n’y a pas de crime à prendre un véhicule ici pour le donner à un autre ministère. Du reste, aucune direction générale ne s’est plaint qu’elle a un problème de véhicule. S’il y en avait, on pouvait comprendre. Nous ne voyons pas pourquoi nous ne pouvons pas appuyer une structure de l’Etat qui a des problèmes. Ce n’est pas à un privé, mais plutôt à une structure de l’Etat. Ce ne sont pas des véhicules qui sortent en dehors du circuit de l’Administration », a-t-il dit. Et d’ajouter que des bordereaux de transfert ont été produits. Par conséquent, il y a des traces. « Ce sont des affectations à titre temporaire ; ils peuvent nous revenir à tout moment, lorsque le besoin va s’imposer », a précisé Evariste Diasso, DAF du ministère.

Colette DRABO


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