MEDIAS PUBLICS
Les médias publics font face à une fronde des militants du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC). Le 21 février dernier, des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) on été déployés à Sidwaya et à la RTB alors que le SYNATIC observait un sit-in. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la présence de la police sur les lieux, n’a pas été du goût du syndicat. Lisez plutôt ! « Le 17 février 2020, le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) a déposé une notification de sit-in en bonne et due forme pour les 20 et 21 février 2020, afin d’interpeller le gouvernement pour la finalisation des discussions sur le Statut dérogatoire accordé à la RTB et aux Editions Sidwaya. Mais les travailleurs ont été désagréablement surpris, le jeudi 20 février 2020, par un impressionnant dispositif de sécurité mis en place devant et à l’intérieur des médias publics (RTB et Sidwaya), en vue de les empêcher de se réunir. Des agents ont été refoulés ce vendredi 21 février aux environs de 7h à l’entrée principale de la RTB-Télé, sur la base d’une liste mise à disposition de la Police. Seule une poignée d’agents ont eu accès à la Télévision du Burkina, sur instruction du directeur, Evariste Combary. Des confrères envoyés par leurs médias pour couvrir le sit-in ont non seulement été interdits d’accès aux locaux de la télévision nationale, mais ont même été intimidés par des éléments de la CRS. Ces comportements d’un autre âge sont contraires aux dispositions de la loi qui encadre les libertés de manifester au Burkina. En effet, pour un sit-in, selon les articles 4, 7 et 10 de la loi N°22/97/II/AN du 21 octobre 1997 portant liberté de réunion et de manifestation sur la voie publique, les syndicats sont tenus d’adresser au ministre chargé des libertés publiques, 72 heures avant la manifestation, une notification de sit-in afin de l’informer. De plus, les conventions 87 et 89 du Bureau International du Travail (BIT), ratifiées par le Burkina Faso, autorisent les syndicats à tenir des piquets de sit-in ou de grève sur leurs lieux de travail. En réponse à une requête relative au sit-in, formulée le 8 août 2014 par le gouvernement burkinabè, la Commission d’experts pour l’application des conventions et recommandations (CEACR) du BIT, a observé que « les mouvements de grève s’accompagnent souvent de la présence, à l’entrée des lieux de travail, de piquets de grève destinés à assurer le succès de l’action en persuadant les travailleurs concernés de ne pas travailler. Selon la commission d’experts, tant que la grève reste pacifique, les piquets de grève et l’occupation des locaux devraient être permis. Les limitations aux piquets de grève et à l’occupation des locaux ne peuvent être acceptées que si les actions perdent leur caractère pacifique…
En conséquence, la commission d’experts estime que les autorités ne devraient recourir à la force publique en cas de grève que dans des circonstances exceptionnelles et des situations graves où l’ordre public est gravement menacé, et qu’un tel recours à la force doit être proportionnel à la situation [voir étude d’ensemble de la CEACR, Conférence Internationale du Travail, 101e Session, juin 2012]… A cet égard, le Comité a eu à préciser que les piquets de grève organisés dans le respect de la loi, ne doivent pas voir leur action entravée par les autorités publiques… Aussi, le seul fait de participer à un piquet de grève et d’inciter fermement, mais pacifiquement, les autres salariés à ne pas rejoindre leur poste de travail ne peut être considéré comme une action illégitime… [voir Recueil de décisions et de principes du Comité de la liberté syndicale, 5e édition (révisée), 2006, parag. 648, 649, 650 et 651]. » C’est pourquoi le SYNATIC dénonce vigoureusement la violation des libertés syndicales, intervenue dans les médias publics les 20 et 21 février 2020. Il prend à témoin l’opinion nationale et internationale sur les dérives et les entraves aux libertés syndicales orchestrées par le ministre en charge de la Communication, en complicité avec ses directeurs généraux et directeurs de la RTB et des Editions Sidwaya. En outre, le SYNATIC interpelle les autorités en charge de la sécurité ainsi que les exécutants de leurs consignes, à faire preuve de discernement et de professionnalisme dans leur mission pour ne pas se rendre complices de violations des libertés de presse et de manifester. Le SYNATIC félicite l’ensemble des travailleurs des médias publics pour la retenue et le sens de responsabilité observés face à ces menaces, intimidations, répressions et violation des libertés syndicales. Le Bureau national les invite à rester à l’écoute pour tout développement que commanderait l’évolution de la situation.
Ouagadougou, le 21 février 2020
Le Bureau National »