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MEDIATION  D’EDEM KODJO EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO : La diplomatie unijambiste de l’Union Africaine


La Présidente de la commission de l’Union africaine (U.A), Nkosazana Dlamini Zuma, a chargé l’ex-Premier ministre togolais Edem Kodjo, membre du groupe des sages de l’U.A, de mener des consultations en vue d’un dialogue inclusif en République démocratique du Congo. Encore une autre sortie de l’U.A contre la démocratie, sommes-nous tentés de dire. En effet, que peut bien faire Edem Kodjo en République Démocratique du Congo? Le président congolais, Joseph Kabila, fait face à la loi fondamentale de son pays qui lui interdit de se représenter aux prochaines élections présidentielles. Et voilà que le prince régnant de l’ex-Léopoldville fait des pieds et des mains pour briser cette loi fondamentale, dans le but de continuer à se la couler douce dans le palais présidentiel, au mépris de la démocratie et de la bonne gouvernance. L’on pourrait allègrement dire qu’il marche sur les traces indélébiles de son grand frère Blaise Compaoré. Les princes régnants en Afrique se moquent toujours de l’histoire. Et l’on voit bien que l’insurrection populaire au Burkina Faso n’a apporté aucune bonne leçon à celui qui a succédé à son père. Par contre, les opposants politiques congolais, et le peuple congolais pour tout dire, savent désormais que seule la mobilisation peut contrer la boulimie monarchique du dictateur de Kinshasa. Ce congolais est décidé à ne pas se laisser faire. Que vient faire l’émissaire de Nkosazana Dlamini Zuma dans cet imbroglio congolais ? L’Union Africaine, en mandatant une personnalité comme Edem Kodjo, dont le choix est d’ailleurs mal vu par certaines personnes, joue là sa crédibilité.

Ne soyons pas étonnés que d’autres chefs d’Etat aient la même tentation que Joseph Kabila

L’U.A est-elle cette institution qui passe son temps à dialoguer avec des dictateurs? La réponse pourrait être oui, car la République Démocratique du Congo, qui se veut un pays souverain, s’est doté d’une Constitution et Joseph Kabila ne devrait avoir d’autre choix que de la respecter. En affichant sa ferme volonté de franchir le Rubicon, l’Union africaine devrait envoyer un ferme avertissement au soldat Kabila. Elle devrait même, au vu de ses propres textes qui restent attachés à la démocratie, le mettre en demeure de respecter la Constitution congolaise. Et c’est cela qui montrerait qu’elle est une institution sérieuse qui prône et valorise la démocratie. Hélas! L’Union africaine continue dans sa logique bien illogique. Et elle donne ainsi raison à ceux qui disent qu’elle est plus un syndicat de Chefs-d’Etat, qu’une institution qui veut le bonheur des peuples africains. Joseph Kabila se voit ainsi conforté dans son choix de porter un coup de marteau à la Constitution congolaise, car en lui envoyant un médiateur, l’UA amène le président congolais à penser que quelque part, il pourrait avoir raison face aux opposants et à la société civile de la République démocratique du Congo. L’on peut donc se demander légitimement pourquoi cette diplomatie unijambiste de l’U.A qui fait du deux poids, deux mesures à l’égard de ses membres. Qui n’a pas été content d’entendre l’U.A qualifier de terroristes les putschistes du coup d’Etat de septembre 2015 au Burkina Faso ? Ce sont de tels actes qui honorent cette institution. Et tout comme Gilbert Diendéré et sa meute de soldats armés ont fait un coup d’Etat armé  au Burkina Faso, Joseph Kabila se prépare à faire un coup d’Etat constitutionnel au Congo. Tout le monde le sait. Et voilà qu’au lieu de dire ses quatre vérités à l’homme fort de Kinshasa, l’U.A lui envoie une personne chargée de trouver un consensus entre lui et ses opposants. Voilà qui pourrait être une prime d’encouragement à la volonté de tripatouillage. Ne soyons donc pas étonnés que d’autres chefs d’Etat aient la même tentation que Joseph Kabila. Car, il est désormais avéré que l’UA est incapable de dire la vérité aux chefs d’Etat africains et d’appliquer ses propres textes. En tout état de cause, l’on ne peut résister à la tentation de croire que cette médiation est mort-née. D’autant que Edem Kodjo, ancien Premier ministre du Togo sous Gnassingbé père, a, pendant des années, mis toute son expertise au service du dictateur togolais. Toute chose qui renforce le sentiment que cette entreprise de médiation est, à tous points de vue, la chronique d’un échec annoncé.

Adama SIGUIRE


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