HomeA la uneMEETING  DE L’OPPOSITION A LA PLACE DE LA NATION   La foule dispersée à coups de matraques et de tirs de sommation

MEETING  DE L’OPPOSITION A LA PLACE DE LA NATION   La foule dispersée à coups de matraques et de tirs de sommation


Depuis la démission du président Blaise Compaoré du pouvoir, la confusion règne au pays des Hommes intègres. Certes, le président de la transition est connu. Il s’agit du lieutenant-colonnel Yacouba Isaac Zida. Tout le problème se situe à ce niveau. L’Opposition et une partie de la société civile estiment que la transition doit être dirigé par un civil. Alors, ils ont organisé un meeting à la place de la Nation, le 2 novembre 2014, pour faire le point de la situation nationale.

 

« Nous ne bougerons pas de la place de la Nation tant que nous n’avons pas le nom du civil qui va assurer la transition », clamaient les jeunes qui ont encore répondu au mot d’ordre de l’Opposition politique et une partie des organisations de la société civile. Et finalement, la manifestation qui a débuté aux environs de 8h à la place de la Nation s’est terminée en queue de poisson à la Télévision nationale du Burkina (TNB). En effet, les jeunes qui se sont déportés à la TNB ont récolté des tirs provenant des militaires venus y assurer l’ordre.

 

Le fil des évènements

 

Las d’attendre les délégations du CFOP et de la société civile qui ne revenaient pas, certains manifestants ont  commencé à rentrer. C’est alors qu’à  12h 20mn, Saran Séré/Sérémé fait son entrée à la place de la Nation. Elle est acclamée par les manifestants. Puis elle prend la parole pour réaffirmer son soutien au peuple et à sa lutte.  Après son message,  les manifestants, pensant que c’était elle la présidente de la transition,   l’oblige à aller à la Télévision nationale pour sa déclaration.   Elle est accompagnée des manifestants qui scandaient «prési, prési, prési ». Elle est rejointe plus tard par le  général Kouamé Lougué. Malgré la présence des forces de l’ordre devant  la TNB, certains manifestants parviennent tout de même  à accéder à la cour de la Télévision nationale. C’est alors que  l’on apprend que la télévision  n’émet plus.  Après 30 minutes d’attente, des hommes en uniforme militaire envahissent la cour de la télévision.  Ils tirent en l’air pour disperser les manifestants.

 

Retour à la place de la Nation

 

L’Opposition et une partie de la société civile estiment que le pouvoir du peuple a été confisqué par les militaires. Raison pour laquelle, ils ont  invité les jeunes à sortir à la place de la Nation pour dire  non au lieutenant-colonnel Yacouba Isaac Zida qui a été désigné comme président de la transition. C’est ainsi que dès 8h, en petits groupes, à pieds ou à moto, les jeunes se dirigent vers la place de la Nation. Aux environs de 9h, ladite place est noire de monde. Une foule de plus en plus excitée par les harangueurs de foule. Déjà les positions des uns et des autres sont connues. En témoigne les différents écriteaux : « Les militaires dans les casernes, les civils au pouvoir », « On ne remplace pas un diable par un diablotin », « Zida, c’est Judas Iscariot ». Tout porte à croire que l’objectif des jeunes en cette journée du 03 novembre 2014 est de « chasser le Régiment de sécurité présidentiel (RSP) du pouvoir »,  le lieutenant-colonnel  Zida étant issu du RSP.

Tout allait bien jusqu’à la déclaration du représentant des partis de l’Opposition. En effet, aux environs de 9h, une délégation du CFOP fait son entrée dans l’aire sécurisée de la place de la Nation. Et c’est Jean Hubert Bazié de la Convergence de l’espoir qui prend la parole au nom des partis de l’Opposition. Dans son adresse, il dit ceci : «Nous sommes venus vous annoncer  que l’Opposition réaffirme la nécessité d’une transition consensuelle qui prend en compte toutes les composantes de notre société. (…) Nous avons voulu que ce soit un meeting d’information pour vous rendre compte de l’évolution de la situation nationale.  Vous êtes le peuple et nous devons vous rendre compte. L’Opposition politique composée de toutes les tendances, est le reflet du peuple. Nous allons vous demander de rester vigilants et de ne pas céder à l’esprit de division. C’est à ce titre que nous allons préserver la victoire du peuple  qui était annoncée  et qui est effective sur l’arbitraire, sur la dictature, sur  le mensonge et sur le mépris du peuple. Aucune de ces composantes ne doit être mise à part. Nous allons vous demander de rester vigilants,  de ne pas céder à l’esprit de division et d’avoir une démarche d’intégration et d’unité dans le combat. Nous vous demandons de rester mobilisés (…) et à l’écoute».  Tout allait bien jusqu’à ce que le représentant du chef de file de l’opposition demande aux jeunes de «Rentrer chez eux ». Là, le meeting prend une autre tournure. Le CFOP n’arrive plus à maîtriser la foule qui, jusque-là, était docile. En effet, à cette annonce, les jeunes ont envahi l’aire de sécurité en clamant : « On ne bouge pas ». Prise de court, la délégation du CFOP et de la société civile venue à la place de la Nation se retire  pour une concertation rapide. Mais rien n’est sorti de cette concertation. Alors, la délégation a quitté les manifestants tout en leur promettant de revenir à la place de la Nation pour donner le nom du civil qui assurera la transition. Aux dernières nouvelles, c’est l’armée qui quadrille les lieux, tenant les civils en respect hors de la place de Nation.

 

Françoise DEMBELE et Issa SIGUIRE


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