MINISTERE DE LA CULTURE : Des organisations professionnelles de la culture contre le départ du SG

Des représentants d’organisations professionnelles de la culture ont manifesté devant le ministère de la Culture et du tourisme (MCT), le mercredi 21 octobre 2015, pour dire « non » au départ du Secrétaire général du département. Cela, suite au mouvement d’humeur d’un groupuscule d’artistes le 16 octobre dernier demandant son départ pour avoir répondu à l’appel des putschistes le 18 septembre 2015.

 

Des organisations professionnelles de la culture ont manifesté devant le ministère de la Culture et du tourisme (MCT), le mercredi 21 octobre 2015, pour dire leur mécontentement quant à l’action spontanée menée par un groupuscule d’artistes-musiciens pour demander le départ du Secrétaire général (SG) du ministère. Il s’est agi aussi, selon leur porte-parole Martin Zongo, administrateur du CITO (Carrefour international du théâtre de Ouagadougou), de s’adresser à leur ministre de tutelle pour lui demander de ne pas se baser sur la peinture faite du SG par les manifestants pour prendre sa décision. Le ministre étant absent, c’est son directeur de cabinet, Boureima Djiga, qui a reçu les manifestants. En effet, Désiré Ouédraogo, SG du ministère, a rendu sa démission le 19 octobre dernier, sous la pression d’artistes qui avaient manifesté le 16 octobre 2015, à travers un sit-in devant le ministère pour exiger son départ. Pour ces frondeurs, Désiré Ouédraogo aurait soutenu ouvertement le putsch du 16 septembre 2015 en répondant le 18 septembre, avec des Secrétaires généraux d’autres ministères, à la convocation du Général putschiste Gilbert Diendéré pour gérer les affaires courantes. Les organisations professionnelles de la culture ont souhaité que le ministre sorte de son silence et prenne sa décision en toute âme et conscience. Pour eux, les acteurs de la culture entendent travailler sur la base d’une discipline et cette discipline voudrait que tous les problèmes qui se présentent soient solutionnés suivant une procédure. Il ne faudrait donc pas, à leur avis, que pour un oui ou pour un non, les gens se mettent à manifester, à traiter l’autorité de tous les noms d’oiseau. Pour eux, ce qui s’est passé devant le ministère a été un excès parce qu’ils connaissent bien l’homme et qu’il n’était pas le seul à répondre à la convocation des putschistes. C’était un excès parce que le langage qui a été utilisé et la peinture qui a été faite de lui étaient insultants. Ces organisations disent avoir pris le soin de rencontrer le ministre, de se faire un écho de la situation et c’est faisant la somme de tout cela qu’elles en sont arrivées à cette conclusion. Il y a des départements plus importants dont les SG ont participé à cette rencontre mais n’ont pas été inquiétés.

« Les malades ne sont pas des agents du ministère de la Santé »

A leur avis, l’acte que le SG du MCT a posé était purement administratif, mais d’aucuns peuvent le banaliser et d’autres peuvent en avoir une lecture politique ; toute chose qui peut entraîner ce type de mouvement. « De toute l’histoire du Burkina Faso, qui a été émaillée de coups d’Etat, chaque fois que des situations pareilles se présentent, c’est aux SG des départements d’assurer la gestion des affaires courantes », a dit Martin Zongo. Il a rappelé que leur ministre actuel l’est devenu également par le fait de l’insurrection des 30 et 31 octobre, donc a eu à répondre à ce même type de convocation. Pour eux, certains sont allés à cette convocation en toute « bonne foi », en toute « naïveté » et ils pensent que c’est le cas du SG du MCT. Le directeur de cabinet a pris acte de leur doléance et promis de transmettre le message au ministre dès que possible.

Le Syndicat national des travailleurs de la culture et du tourisme (SYNATRACT) dont nous avons trouvé le porte-parole sur les lieux, a tenu à dire la consternation du syndicat quant à ces mouvements d’humeur qui perturbent la bonne marche du ministère. Il a rappelé, par la voix de son porte-parole, Sibidé Léman, que la défense des intérêts matériels et moraux des agents reste son seul leitmotiv et que les perturbations extérieures ne sauraient entacher cet idéal. Il a par ailleurs invité les agents du MCT à rester mobilisés en attendant tout mot d’ordre dans le cadre de la défense de leurs intérêts sociaux et moraux. Le porte-parole du syndicat dit qu’il aurait pu comprendre la position des artistes si et seulement si ceux-ci avaient demandé le départ de tous les SG ayant répondu à l’appel des putschistes. Pour lui, « les malades ne sont pas des agents du ministère de la Santé » et ne sauraient donc interférer dans son fonctionnement. Les artistes sont leurs partenaires. S’il y a donc un mouvement à faire, les artistes devraient tenir les agents informés afin qu’ensemble ils essaient de trouver solution.

Christine SAWADOGO