MISE EN EXAMEN DE TOUMBA DIAKITE : Un pas de plus vers la vérité ?
Va-t-on vers la levée du mystère lié au massacre du 28 Septembre 2009 en Guinée ? On peut se risquer à le penser avec l’arrestation à Dakar, le 16 décembre 2016, suivie de l’extradition vers la Guinée le 12 mars dernier dans la soirée et de l’inculpation de l’un des principaux présumés coupables de ce pogrom qui s’était soldé par le sinistre bilan de 157 morts et 109 femmes violées, le commandant Aboubacar Sidiki Diakité alias Toumba. En effet, l’homme était sous le coup d’un mandat d’arrêt international pour assassinat, complicité d’assassinat, meurtre, complicité de viols en réunion, séquestration et autres, mais avait jusque-là échappé aux rets de la police grâce à un nom d’emprunt et aux mutations successives de son apparence. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’inculpation de ce soldat est une bonne nouvelle. Sans doute permettra-t-elle de sortir de l’ornière un dossier judiciaire qui n’avait connu que très peu d’évolution mais n’en empoisonnait pas moins l’atmosphère politique guinéenne. Les familles des victimes qui avaient pleuré toutes les larmes de leur corps dans la longue attente de la justice, peuvent se permettre à présent d’espérer. En tout cas, la justice de la Guinée dispose désormais d’une pièce maîtresse pour élucider l’affaire. Avec l’extradition suivie de l’inculpation de Toumba Diakité, la balle est désormais dans le camp du Professeur Alpha Condé sur les épaules de qui repose une immense pression. Il joue, en effet, sa crédibilité dans ce dossier qui concerne certains membres de son sérail politique et qui, jusque-là, s’étaient prémunis de la carte du parti pour se soustraire à tout pépin judiciaire. Mais l’homme aura-t-il suffisamment de cran pour lâcher les siens dont les mains dégoulinent de sang ? Rien n’est moins sûr et il faut malheureusement craindre une politisation du dossier.
Les malheurs de Toumba sonnent comme un avertissement
L’inquiétude est d’autant plus fondée que la pratique, sous nos tropiques, est que la justice fait l’affaire des puissants du moment. Les chances sont donc fortes que si procès il y a, le régime fasse tout pour protéger ses caciques impliqués dans le dossier et à renverser la vapeur sur les opposants politiques dont certains des leaders et pas des moindres sont cités dans le dossier, en l’occurrence le célèbre réfugié de Ouaga 2000, Dadis Camara. Mais ce dernier, on le sait, a du souci à se faire même s’il a toujours clamé haut et fort son innocence. Toutefois, il a là une belle opportunité de s’exprimer et de se défendre. Il faut donc croiser les doigts pour que le procès à venir soit équitable pour que la vérité, rien que la vérité soit dite dans cette affaire. Cela dit, ce procès, s’il a lieu, aura une forte valeur pédagogique parce que pour la Guinée, ce sera le procès en lien avec les violences politiques. Or, la scène politique s’est, en effet, toujours caractérisée par ses éruptions meurtrières mais jusque-là, très peu ont répondu de leurs actes. Pour toute l’Afrique coutumière des exactions des hommes de tenue, les malheurs à venir de Toumba et de ses acolytes sonnent aussi comme un avertissement et rappellent bien à propos que le rôle des militaires est de protéger les civils et non de s’immiscer violemment dans les affaires politiques des pays.
SAHO