HomeA la uneMODIFICATION DES TEXTES A LA FBF « Il y a des intentions inavouées », selon Adama Ouédraogo du Majestic SC

MODIFICATION DES TEXTES A LA FBF « Il y a des intentions inavouées », selon Adama Ouédraogo du Majestic SC


 

Au cours de l’assemblée générale extraordinaire de la Fédération burkinabè de football (FBF) qui a eu lieu le dimanche 8 avril 2018 à Ouagadougou, des délégués n’ont pas manqué de relever des insuffisances dans la modification de certaines dispositions des textes fondamentaux de l’instance du football burkinabè. Et Adama Ouédraogo, président de Majestic SC, en fait partie. Nous l’avons approché pour savoir ce qui ne rencontrait pas leur assentiment.

 

Le Pays : Pensez-vous qu’il y avait matière à débat dans les modifications des textes proposées par le comité exécutif de la FBF ?

 Adama Ouédraogo : Oui, il y avait matière à débat dans les textes proposés par le comité exécutif de la Fédération burkinabè de football. D’abord, et selon les textes fondamentaux de la FBF en vigueur, il est clairement dit que les textes ne seront relus que six ans après leur adoption. Alors que les statuts en vigueur ont été adoptés en fin d’année 2014. Et pour pouvoir les modifier, il faut deux conditions. La première est d’observer un délai de six ans après 2014, date à laquelle les statuts ont été adoptés. La deuxième condition est que s’il y a une assemblée générale extraordinaire qui porte sur la modification des statuts, il faut justifier la nécessité qui commande cela. Alors que le comité exécutif de la FBF n’a rien justifié, ni par écrit ni verbalement. Si le  comité exécutif veut procéder à la modification des statuts avant cette date, il doit expliquer aux clubs la nécessité de le faire. Or, la seule raison avancée par ce dernier est que la CAF et la FIFA recommandent que les fédérations nationales rendent conformes leurs textes aux leurs. Mais qu’est- ce qui est contraire aux textes de la FIFA et de  la CAF dans la nomenclature actuelle de la FBF et qui commande cette relecture ? Le comité exécutif ne nous le dit pas. Il faut arrêter de faire croire aux clubs que c’est la CAF et/ou la FIFA qui obligent à procéder à la modification de tous les textes qui ont été proposés. Ce n’est pas vrai. Pour étayer cela, il suffit de regarder les textes visés à l’article 1er des statuts. Il n’y a aucun texte de la CAF encore moins de la FIFA. Ce sont tous des textes nationaux. Il y a  problème parce que le président du comité exécutif de la FBF, tout seul, décide désormais, selon son bon vouloir, de qui il veut pour composer ledit comité. C’est un recul que la FBF vient de faire. Les membres du comité exécutif n’auront pour seul bienfaiteur que celui qui les a nommés et ils ne feront rien qui soit contraire à la volonté du président. Il y a une seconde instance qui est créée, à savoir le comité d’urgence. Le nombre de ses membres est très réduit et rien que pour cela, il ne fallait pas l’ériger en une autre instance de la FBF. Car, ce que les gens ne comprennent pas, c’est que le comité d’urgence a la même force de décision que l’assemblée générale. Au stade actuel de notre football, le comité d’urgence n’a pas sa raison d’être. L’âge limite pour être candidat au poste de président de la FBF était de 65 ans. Je n’arrive pas à comprendre l’idée qui était derrière cette proposition. Est-ce pour empêcher certaines personnes  bien connues du milieu du football d’être candidats ? C’est possible.

 Comment expliquez-vous que la majorité des propositions faites par le comité exécutif de la FBF soient passées sans difficulté, alors qu’on s’attendait à des débats houleux et que l’assemblée générale prendrait plus de temps que prévu ?

 C’est simple. Il faut lire les textes pour comprendre ce qui se prépare contre ou pour vous. Et même si tous les dirigeants lisent ces textes, nous savons comment fonctionne une telle assemblée générale, avant et pendant les travaux. Des dirigeants de clubs ont même été appelés au téléphone afin de les dissuader, de faire attention à tel ou tel dirigeant. A cela, il faut ajouter que d’autres ont peur de prendre la parole, de crainte d’être démasqués ou de recevoir des menaces venant de X. Le comité exécutif, à mon sens, est l’exécutif de la FBF ; les clubs représentent le peuple, comme à l’Assemblée nationale. Comment l’Assemblée nationale peut-elle avoir peur de l’Exécutif ? Les présidents de clubs doivent mieux s’organiser pour défendre leurs intérêts. Si nous passons tout le temps à venir applaudir pour adopter des textes, il ne pourra jamais y avoir de débats sérieux et dignes d’intérêt. Ce n’est pas tout ce qui vient du Comité exécutif de la FBF qui est forcément bien pour le football burkinabè et tout ne reflète  pas non plus la volonté de la CAF ou de la FIFA. Il y a des intentions inavouées.

 N’avez-vous pas pu obtenir suffisamment d’adhésion autour de vos amendements pour aller contre les propositions du comité exécutif de la FBF ?

 Quand j’ai reçu les textes, je me suis mis rapidement au travail parce que je savais que de grands changements allaient s’opérer. Il faut dire qu’il revenait à chaque club de faire ses amendements. Donc, je n’ai pas cherché d’adhésions. Cependant, j’ai rencontré certains dirigeants de clubs qui semblaient avoir les mêmes amendements que moi, sinon plus. Mais hélas, le jour de l’assemblée générale extraordinaire, personne n’a pris la parole pour défendre son point de vue. C’est leur droit, après tout.

 Selon vous, cette modification des textes avait-elle un but précis et lequel ?

 La modification des textes avait un but et c’était bien évident. C’est de donner plus de pouvoirs au président du comité exécutif et de trouver une instance qui prendrait des décisions au même titre que l’assemblée générale. C’était aussi la volonté d’écarter certaines personnes du poste de candidats à la présidence de la FBF.

 Comment voyez-vous l’avenir du football burkinabè avec les changements intervenus dans les textes ?

 Les changements intervenus ne contiennent rien qui puisse objectivement nous renseigner sur l’avenir du football burkinabè. Le football burkinabè ne se limite pas aux textes cousus sur mesure. Il va au-delà. De plus, le comité exécutif ne peut rien faire sans la volonté réelle des présidents de clubs et du ministère des Sports et des loisirs. Il faut donc, pour espérer avoir un avenir radieux du football burkinabè, se mettre au travail dans le bon sens.

 

Propos recueillis par Antoine BATTIONO

 

 


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