HomeLe fait du jourMOUSSA NEBIE, MINISTRE DELEGUE EN CHARGE DE LA COOPERATION REGIONALE : « Les arrestations n’ont aucun caractère politique »

MOUSSA NEBIE, MINISTRE DELEGUE EN CHARGE DE LA COOPERATION REGIONALE : « Les arrestations n’ont aucun caractère politique »


Le gouvernement a donné des explications sur la situation nationale par voie diplomatique, suite à l’adoption du projet de loi portant révision du Code électoral par le Conseil national de transition (CNT) et à l’arrestation d’anciens dignitaires du régime déchu. Présidée par le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération régionale, chargé de la coopération régionale, Moussa Nébié, et en présence du ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Auguste Denise Barry, la rencontre avec le corps diplomatique présent au Burkina Faso s’est tenue à huis clos, dans la salle de conférences dudit ministère, le 13 avril 2015 à Ouagadougou.

 

 

Les arrestations ne sont pas à caractère politique ; ce ne sont que des procédures judiciaires qui concernent la gestion des anciens responsables ; c’est l’explication donnée par le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération régionale, chargé de la coopération régionale, Moussa Nébié, pour justifier la vague d’arrestations d’anciens dignitaires du régime déchu. C’était lors de la rencontre à huis clos qu’il a eue avec le corps diplomatique présent au Burkina Faso, le 13 avril dernier. Ladite rencontre a également permis d’évoquer le vote de la loi portant révision du Code électoral par le Conseil national de  transition (CNT). « Le peuple a, à l’issue de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, exprimé sa volonté de ne plus voir les dirigeants de l’ancien régime qui se sont obstinés à modifier l’article 37 de la Constitution », a expliqué Moussa Nébié. Une autre explication du vote de cette loi, a-t-il poursuivi, réside dans les dispositions de la Charte africaine de la démocratie et de la bonne gouvernance, notamment à son article 25, alinéa 4 qui dispose : «Les auteurs de changement anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections organisées pour la restitution de l’ordre démocratique, ni occuper des postes de responsabilité dans les institutions politiques de leur Etat ». Tout en relevant que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) n’est pas exclu du jeu démocratique, le ministre délégué Moussa Nébié a fait noter que cette disposition reflète la volonté des acteurs de l’insurrection de fin octobre et ne vise que ceux qui ont attenté à la Constitution jusqu’au bout de l’obstination. Et de conclure en souhaitant que le gouvernement de la transition puisse bénéficier de la compréhension de la communauté internationale « pour une situation qui n’est que le reflet de la volonté exprimée du peuple ».

 

Thierry Sami SOU

 

 

 

Quelques réactions à l’issue de la rencontre

 

 

Alain Holleville, ambassadeur de l’Union européenne au Burkina Faso

 

« Nous avons tous apprécié que les autorités prennent le temps et la peine de communiquer pour expliquer au corps diplomatique ce qu’il en est de la situation après le vote. Nous ne sommes que des partenaires. Ce qui est important, c’est la population Burkinabè. Nous avons, les uns et les autres, avancé beaucoup de moyens pour l’appui aux élections et ce que nous souhaitons, c’est que le processus de la transition évolue comme cela était prévu, c’est-à-dire en respectant le calendrier qui a été annoncé et en respectant le caractère inclusif du processus, laissant le soin aux électeurs de juger. C’était important qu’il y ait cette séance qui a été appréciée de nous tous. Nous avons posé des questions et nous en avons eu les réponses. Nous avons compris que le processus de clarification mis en place allait se poursuivre. C’est une étape dans la bonne compréhension de la situation.

Nous savons tous qu’une transition est un processus fragile. Et que jusqu’au bout de la transition il y aura des hauts et des bas, parce que c’est dans la nature d’une situation institutionnellement exposée et difficile. Ce que l’on souhaite, c’est que d’aucun côté, ne viennent des comportements qui soient de nature à la remettre en question, à la fragiliser. Nous ne sommes que des accompagnants. Nous souhaitons être utiles et faire en sorte que la transition puisse passer la main à des élus qui auront un programme, qui auront la légitimité et qui seront jugés selon leurs actions, et que la transition ait son rôle de passeur en tenant compte de la vie de tous les acteurs .»

 

Parlant des arrestations

 

« Ce que l’on souhaite, c’est que tout ce qui est conduit par qui que ce soit, le soit dans le respect de la loi. »

 

 

Tulinabo Mushingi, ambassadeur des Etats-Unis au Burkina Faso

 

« Nous sommes très contents d’avoir été conviés à cette rencontre. Avec tout ce qu’on a lu dans la presse, il était important et impératif qu’on entende la version du gouvernement. Ils ont expliqué comment et pourquoi la loi a été votée, de même que les raisons des arrestations qui nous ont beaucoup inquiétés. Nous allons analyser ce que nous avons appris ce matin avant de décider de la démarche à adopter. Comme je l’ai dit dans la salle, il y a de cela deux semaines à Washington, j’ai répondu que la transition se portait bien lorsqu’on me l’a demandé. A la question de savoir si j’étais confiant qu’il allait y avoir, au terme de la transition, des élections libres, transparentes et démocratiques, j’avais répondu par l’affirmative. Les évènements de cette semaine avaient un peu jeté le doute sur ces données ; d’où notre satisfaction de recevoir des informations par la voix du gouvernement. Nous allons continuer notre accompagnement à long terme.

Le principe de base chez nous, est que les choses soient coordonnées, consensuelles et inclusives. C’est aux électeurs de choisir leurs élus. S’ils n’aiment pas tel ou tel candidat, c’est à eux de le dire dans les urnes. Pour nous, c’est le principe de base et nous allons continuer à cultiver cela dans nos discussions.

Mais nous sommes des partenaires, nous allons accompagner le peuple burkinabè dans ses choix. Mais le peuple doit avoir l’opportunité de choisir ses candidats et ceux-ci doivent venir de toutes les couches de la société. »

 

L’impact du vote de la loi sur la cohésion sociale

 

« La loi portant révision du Code électoral vient d’être votée, et nous sommes en train de l’étudier pour mieux la comprendre. Mais à cette réunion, ma question a été de savoir quelle est l’applicabilité de cette loi. Ils ont donné une réponse et c’est celle-ci que nous allons essayer d’étudier.

Pour les arrestations, lorsqu’on voit la liste des personnes interpellées, on se demande s’il n’y a pas anguille sous roche. L’explication qu’on a reçu, c’est que si on a commis une erreur, s’il y a des faits clairs qui prouvent que quelqu’un a fait des erreurs, celui-ci doit répondre devant la Justice, des faits à lui reprochés. Mais ce qui nous intéresse, c’est que les procédures judiciaires existantes puissent être appliquées clairement et pour tout le monde. Et c’est cela qu’on a essayé de savoir lors de la réunion, et nous avons reçu des explications acceptables. »

 

Propos recueillis par TS


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  • D’abord, la démocratie, le droit et la loi sont universellement reconnus dans tous les pays du monde, avec des variantes tirées de l’histoire et l’expérience politique, sociale et culturelle de chaque peuple ! Ainsi, le nouveau Code Electoral de la patrie des hommes intègres, tire sa légitimité de l’esprit de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, et correspond aux aspirations fondamentales et légitimes de ce peuple Burkinabé ! Concernant le régime déchu par l’insurrection, comment peut-on être en démocratie avec des principes Monarchiques ? Le peuple a dit NON aux tripatouillages et aux manipulations de la constitution par Blaise compaoré pour défendre son pouvoir qui était devenu personnel et oppressant ! Et des patriotes et martyrs burkinabé ont faits le sacrifice suprême de leur vie pour défendre la démocratie, l’alternance et pour le changement dans une gouvernance vertueuse dans l’intérêt général ! Faisons en sorte qu’ils ne soient pas morts pour rien ! A ceux qui semblent contesté ce nouveau Code Electoral, on peut leur demander où étaient-ils quand Blaise et son clan faisaient des pieds et des mains pour réviser la Néme fois l’article 37 contre la volonté des burkinabé ? Où étaient-ils quand le régime déchu commettait des crimes de sang et des crimes économiques ? Ont –ils approché à l’époque ce pouvoir pour s’enquérir de la situation et exiger que toute la lumière sur ces crimes soit fait au nom des principes universels des droits de l’Homme ? Ecoutez, il nous faut une nouvelle république et avec un début de renouvellement de la classe politique et des meilleures pratiques de la gouvernance politique, économique, sociale et culturelle dans l’intérêt bien compris du peuple burkinabé ! Laissez chaque peuple faire son expérience et en l’accompagnant autant que possible pour l’avenir des générations montantes ! L’histoire jugera ! Salut !

    14 avril 2015

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