HomeA la uneMOUVEMENT D’HUMEUR AU LYCEE MARIEN N’GOUABI : Quand une cotisation de 1000 F CFA fait grand bruit

MOUVEMENT D’HUMEUR AU LYCEE MARIEN N’GOUABI : Quand une cotisation de 1000 F CFA fait grand bruit


Le lundi 9 mai 2016, les élèves du lycée Marien N’Gouabi se sont lancés dans un mouvement d’humeur pour, ont-ils dit, exiger de leur administration, leurs numéros de PV en vue de pouvoir effectuer leurs examens dans de bonnes conditions. Un mouvement qui fait suite à une assemblée des parents d’élèves tenue en novembre 2015, et à l’issue de laquelle il avait été convenu d’une cotisation ponctuelle de 1 000 F CFA par élève pour réparer le mur de l’établissement tombé du côté ouest et aussi, acquérir une machine à photocopier. Une cotisation mal comprise par les élèves qui ont donc décidé de se faire entendre.  A l’occasion, ils ont abandonné cahiers, stylos et tables-bancs pour envahir la cour du lycée.

En l’absence du proviseur, c’est Claudia Ouédraogo, censeur du lycée Marien N’Gouabi, qui nous a reçue en cette matinée du 9 mai où des élèves s’étaient lancés dans un mouvement d’humeur. Dans la cour, ces derniers s’étaient regroupés çà et là et n’entendaient pas reprendre les cours s’ils n’avaient pas leurs numéros de PV pour la composition des examens. Que s’est-il passé pour qu’on en arrive là ? Explications du censeur : « Il y a eu un malentendu entre l’administration et les élèves. Au mois de novembre dernier, les parents d’élèves ont tenu leur assemblée au cours de laquelle la direction du lycée a expliqué les difficultés que nous avons et qui sont liées à une machine à photocopier et à la clôture qui est tombée du côté ouest de l’établissement. Ce qui fait qu’on n’arrive pas à mettre de la discipline parce que certains élèves passent par là et, quand d’autres font le sport, il y a aussi des voleurs qui passent et, pendant que les élèves sont occupés, ils dérobent leurs sous et leurs téléphones portables. L’assemblée a donc décidé de faire une cotisation ponctuelle de 1 000 francs CFA par élève pour pallier ces deux problèmes. Comme nous avons eu cet accord, l’établissement ne pouvant pas attendre la fin de l’année pour acquérir la photocopieuse a donc préfinancé l’achat de la machine. Et c’est l’argent du fonctionnement que nous avons utilisé pour acheter la photocopieuse afin de pouvoir travailler. Depuis, la cotisation de 1000 F ne rentre plus. Il était donc devenu difficile d’assurer le fonctionnement quotidien de l’établissement. L’un des moyens que l’intendance a trouvé pour faire pression sur les élèves afin qu’ils s’acquittent de la cotisation, c’était de retenir leurs numéros de PV pour ceux qui sont en classe d’examen. Les élèves devaient donc verser la somme de 1000 F contre leur numéro de PV. Il y a eu un amalgame quelque part parce que la cotisation a été instaurée depuis novembre dernier ; les enfants ont donc oublié de quoi il s’agissait, sinon ce n’est pas qu’il faut payer avant d’avoir les PV. »

Et Claudia Ouédraogo de poursuivre : « Nous reconnaissons que ce sont des dérives parce que l’administration n’a pas le droit de retenir les numéros de PV, pour quelque raison que ce soit. Nous aurions pu le faire sur les bulletins mais pas sur les PV. » Mais, le canari s’étant déjà cassé sur la tête de l’administration, elle ne pouvait maintenant que boire son eau. La voilà donc devant des élèves en mouvement. Si pour le censeur, la situation est déjà rétablie, les numéros de PV étant déjà affichés, pour les élèves manifestants, il n’en était rien quand nous leur avons tendu notre micro. Ces derniers n’entendent pas reprendre les cours de sitôt, tant que les choses ne rentrent pas dans l’ordre. Selon Ismaël Roch Bassolé, élève en classe de Terminale A2, les élèves des classes de 3e ont été obligés de payer la cotisation pour avoir leurs PV. Quant à eux, élèves de terminale, ils refusent catégoriquement de payer les 1 000 F CFA et réclament le remboursement pour ceux des classes de 3e. Ils soutiennent, par ailleurs, n’avoir pas encore eu leurs PV. Pour ces élèves, la solution aurait été que l’administration inclue cette somme dans la scolarité. Ils estiment que ce n’est pas à eux ni à leurs parents de refaire le mur de l’établissement qui est un établissement public. « L’administration n’est pas pour notre réussite. Sinon, elle ne nous aurait pas refusé nos PV pour nous contraindre à payer 1 000 F CFA. », martelaient-ils.

Pour les élèves, le mur est tombé depuis septembre 2009, quand d’autres élèves étaient là. Pourquoi est-ce maintenant que le problème se pose ? Ce n’est pas normal, ont-ils estimé. Et d’aucuns de chanter : « tond nina poukamé, gaam gaam ka lé toin ngam tond yé » ; entendez par là « Nos yeux se sont ouverts, nous voyons maintenant clair ; on ne peut plus tromper notre vigilance ». Le président de l’association des parents d’élèves, Baudile Hien, tout en reconnaissant que la cotisation avait effectivement été instaurée par les parents d’élèves pour venir en soutien au lycée, avoue cependant n’avoir pas été mis au courant de ce moyen de pression, à savoir la rétention des numéros de PV, pour obliger les élèves à honorer la cotisation. « Je dois avouer que nous n’avons pas été associés. Nous n’aurions pas été d’accord si nous avions été mis au courant », a-t-il déclaré. Pour lui, c’était une erreur monumentale que d’opter pour cette démarche. A son avis, beaucoup de parents d’élèves qui viennent chercher les bulletins de leurs enfants ne sont pas au courant de cette cotisation ; les enfants n’ayant pas transmis les lettres qui leur ont été remises à l’intention des parents. Il pense même que certains élèves ont récupéré l’argent chez leurs parents et ne sont pas venus payer. Et M. Hien de rassurer que les PV sont déjà affichés. Il invite donc les élèves à reprendre les cours. Signalons que les épreuves sportives du BEPC débutent le 10 mai et le censeur de rassurer que l’établissement va respecter le calendrier.

Christine SAWADOGO

 

 


Comments
  • C’est purement de l’escroquerie. Petites affaires entre l’Administration et le bureau des parents d’élève et cela se passe dans la plupart des établissements publics.Il faut que l’Etat revoie cette histoire de parent d’élèves. Par exemple au Lycée Mixte de Gounghin il y a environ 2000 élèves et chaque parent doit payé obligatoire 3000 par élève et par an et avec tout cela, il y a manque de manuel scolaire pour les enfants. De plus, pas de rencontres. Pourquoi ne pas envoyer des SMS pour informer les parents de réunions ? C’est le flou total, l’escroquerie légalisée.
    Je crois que le problème des associations des parents d’élèves est plus important que l’affaire Zida ou l’affaire de la Transition.

    11 mai 2016

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