HomeBaromètreNOMINATION D’IEPD COMME DRENA : « Un recul de près d’une décennie », selon des encadreurs pédagogiques du secondaire

NOMINATION D’IEPD COMME DRENA : « Un recul de près d’une décennie », selon des encadreurs pédagogiques du secondaire


Comme nous l’annoncions dans notre édition du vendredi dernier, la récente nomination d’Inspecteurs de l’enseignement du premier degré (IEPD) à la tête des Directions régionales de l’Education nationale et de l’alphabétisation (DRENA) du Sud-Ouest, du Sahel et du Centre-Sud, fait grand bruit. La preuve vient d’en être donnée par la présente lettre que des encadreurs pédagogiques du secondaire ont adressée à leur ministère de tutelle, dont nous avons eu copie. Lisez !

 

Monsieur le Ministre,

Lors de la formation du gouvernement en janvier 2016, la fusion des ordres d’enseignement (préscolaire, primaire, post-primaire et secondaire)  avait suscité des appréhensions chez le public averti des particularités de leurs fonctionnements respectifs. Cependant, votre nomination en tant que spécialiste de l’Education, avait laissé espérer une mise en œuvre harmonieuse de la politique éducative du gouvernement, particulièrement pour ce qui est de son approche systémique et de la meilleure articulation du préscolaire, du primaire, du post-primaire et du secondaire. Malheureusement, l’adoption du nouvel organigramme du ministère dont la lisibilité est des moins évidentes, a fait resurgir ces craintes de dysfonctionnement et de malaise qui  se fondent sur plusieurs faits révélateurs.

 

Le transfert du post-primaire à l’ex-MENA en 2012, avait connu une mise en route des plus chaotiques (trois décisions ministérielles en moins d’un mois pour gérer l’admission à  l’entrée en sixième), qui a conduit l’enseignement secondaire à continuer à gérer une partie des flux du post-primaire. De surcroît, la mise en œuvre du continuum scolaire depuis 2014 s’est révélée tout aussi catastrophique. En deux ans d’application, ce sont plusieurs CEG qui ont été ouverts sans enseignants, sans infrastructures et sans prise en compte des réformes entamées par l’ex-MESS. Au total, ce sont des milliers d’élèves sans référence scolaire qui végètent aujourd’hui ; eux qui n’ont bénéficié que de très peu d’enseignements et souvent dans des locaux inadéquats. Dans le même temps, la gestion du personnel  n’a pas échappé à des affectations cavalières comme en témoignent celles de deux professeurs dans la région des Cascades, ce qui avait provoqué les remous que nous savons tous, lors des examens et concours du premier cycle, session de 2016. On ne peut pas non plus passer sous silence, la nomination dans ces établissements, de professeurs stagiaires comme directeurs et personnels de gestion et d’animation de la vie scolaire  en violation des normes de recrutement et de formation. Ce sont autant d’impairs de gestion qui prouvent, si besoin en est, de l’impréparation des cadres de  l’enseignement de base à gérer le secondaire.

Dès lors, il est surprenant qu’en dépit de ces constatations,  vous proposiez  à la fonction de Directeur régional de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (DRENA) dans les régions du Centre-Sud, du Sahel et du Sud-Ouest des Inspecteurs de l’Enseignement du premier Degré (IEPD), lesquelles nominations ont été entérinées par le Conseil des ministres, en sa séance du jeudi 11 août 2016. Quoique cela relève de vos prérogatives, cette décision appelle quelques réflexions.

 

Notre conviction est qu’aucune nomination ne devrait se faire au mépris d’une certaine décence administrative, faute de quoi elle prendrait des relents de récompenses politiques au détriment des exigences pédagogiques et hiérarchiques. Dans ce sens, nous n’avons pas pu nous empêcher de penser que la nomination d’IEPD en qualité de DRENA dans les directions régionales sus-citées transgresse le principe du respect de la hiérarchie des qualifications professionnelles, reconnu à la Fonction publique au niveau décentralisé. En effet, vous conviendrez avec nous que dans l’enseignement de base, il est inconcevable qu’une Direction provinciale de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (DPENA) soit actuellement dirigée par un agent de grade inférieur à celui de l’IEPD. Cela n’est pas non plus envisageable dans aucun autre corps de la Fonction publique. Pourquoi faut-il alors que ce soit à l’Enseignement secondaire que l’on veuille perpétuer des pratiques administratives d’une certaine époque que nous pensions, à jamais, surannées ? Sinon comment comprendre, comment accepter qu’un cadre de catégorie A en vienne à diriger une institution dans laquelle exercent des cadres de catégorie P ?

 

Ces interrogations sont d’autant plus pertinentes que nous avons constaté que dans les régions où devront exercer ces trois Directeurs régionaux, l’on s’est gardé de nommer des encadreurs du secondaire comme DPENA, ce qui confirme que la question hiérarchique n’a pas été totalement occultée lors de ces promotions. Or, quelques encadreurs pédagogiques du secondaire ont été désignés ailleurs comme DPENA, preuve, s’il en fallait, qu’il existe bien du personnel de ce rang pour être investi dans les Directions régionales.

 

A l’analyse, ces nominations résonnent à la fois comme un recul de près d’une décennie et l’expression-même d’un mépris à l’endroit des encadreurs pédagogiques de l’enseignement secondaire. En effet, il vous souviendra que  la malencontreuse nomination d’un professeur certifié pour diriger la Direction régionale du Nord dans laquelle exerçaient des encadreurs pédagogiques du secondaire, avait eu pour corollaire    un blocage administratif et pédagogique. Le modus vivendi qui en résulta fut le respect de la hiérarchie des qualifications professionnelles dans la promotion des agents  aux  fonctions de direction et de gestion. L’Histoire doit instruire !

 

Le commun des mortels est convaincu que ces promotions d’IEPD portent en elles-mêmes, entre autres, les germes :

– de conflits de corps et de compétences pouvant entraîner des difficultés de collaboration ;

– de problèmes de management administratif du fait du non-respect de la hiérarchie catégorielle ;

– de malaises socioprofessionnels dans les services.

Le système éducatif étant le même sur le territoire national, il est plus que convenable qu’il soit administré de façon uniforme dans toutes les régions, dès lors qu’on est soucieux d’avoir une même base d’évaluation des performances scolaires et professionnelles. En l’occurrence, l’argument du titre d’inspecteur ne peut prospérer ici, sinon il conviendrait tout autant de nommer un inspecteur d’un corps autre que celui de l’enseignement pour administrer les DRENA. Notre modeste contribution dans ce dilemme cornélien, Monsieur le ministre, est de vous suggérer :

– des nominations qui respectent la hiérarchie catégorielle ;

– l’amendement de l’organigramme du ministère qui instituerait deux directions régionales (à l’instar d’autres ministères), l’une chargée du post-primaire et du secondaire et l’autre chargée du préscolaire et du primaire.

 

Nous voulons, certes, servir notre pays et lui apporter ce pour quoi nous avons été formés, mais pas au mépris des catégories et grades reconnus dans la Fonction publique.

En tout état de cause, les encadreurs pédagogiques de l’enseignement secondaire des  régions du Centre-Sud, du Sahel et du Sud-Ouest refusent collégialement :

– de servir  sous les ordres de tout agent de catégorie inférieure ; 

– d’être complices d’un sabordage programmé de l’éducation ;

– de servir de faire-valoir dans le cadre d’une aventure indicible.

 

Veuillez agréer, Monsieur le ministre, l’expression de notre profond respect.

 

Les encadreurs pédagogiques

de l’enseignement secondaire des Régions du Centre-Sud, du Sahel et du Sud-Ouest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Encadreurs pédagogiques de la région du Centre-Sud

 

  Nom et prénom(s) Emploi
1 OUEDRAOGO Moumini IES/Mathématiques
2 TRAORE Moumouni IES/SVT
3 CONDITAMDE Rigobert F. P. IES/Français
4 PORGO/SANOU Alima IES/Allemand
5 KABRE Adama IES/H-G
6 KABORE Salfo IES/PC
7 GNANKINI Abdoul-Karim CPES/Français
8 KAFANDO Somtinda CPES/Allemand
9 SAM Tounwendé CPES/Mathématiques
10 KOUANDA Tiguyani CPES/EPS
11 BALBONE Benjamin CPES/Anglais
12 WUBDA Evariste CPES/Philosophie
13 NAON N. A. Généviève CPES/Philosophie
14 KABORE/OUEDRAOGO Rasmata CPES/Français
15 KOMPAORE Séhidou IES/Français
16 COMPAORE W. Patrice CPES/Anglais
17 TIENDREBEOGO Damien CPES/HG

 

Encadreurs pédagogiques de la région du Sud-Ouest

 

18 SOME Sankaon IES/PC
19 Dr DA Inyinibon IES/H-G
20 OUATTARA Karimou IES/Mathématiques
21 TRAORE Oumar IES/Philosophie
22 OUATTARA Fatiè IES/Allemand
23 SOMDA D. Clément IES/Mathématiques
24 BEREHOUDOUGOU Evariste Eros IES/SVT
25 SAWADOGO Décard Harouna IES/Philosophie
26 ZINGUE Di IES/TTI
27 KAMBOU Bruno CPES/HG
28 KONE Kassoum CPES/HG
29 SANOU Omar CPES/Anglais
30 OUEDRAOGO Saidou CPES/Français
31 TRAORE Hassami CPES/Français
32 BICABA Narcisse CPES/HG
33 DABIRE Namwinyan CPES/Anglais
34 NANEMA S. Honoré CPES/Mathématiques

 

Encadreurs pédagogiques de la région du Sahel

 

35 SAMANDOULGOU Issouf IES/Français
36 GAMBA Adobatourou Junior CPES/SVT
37 TINTO Hamadé CPES/SVT
38 OUEDRAOGO Guy Amédée IES/Mathématiques
39 IBA Souleymane CPES/HG
40 NAO Hamidou D. CPES/HG
41 BOUDAONE Barthelemie IES/PC
42 SOGLI Dialomo CPES/Allemand

 

 

 

 

 

 

 


Comments
  • La solution est simple: la séparation du ministère, la nomination des IEPD Au niveau de l’éducation de base et les IES dans le secondaire. Néanmoins, tirons les choses au clair : les IES n’ont jamais été les supérieurs hiérarchiques des IEPD. Les préfets, les maires, les hauts commissaires et les gouverneurs avaient-ils un statut supérieur à leurs administrés ?

    26 août 2016
  • M.le Ministre a la chance d’avoir de nombreux conseillers et des écrits qui lui servent de boussole. S’il ignore les prémisses qui lui sont envoyées, alors le ministère court à sa perte

    26 août 2016
  • pas plus tard que ce soir, je posais que l’éducation est devenue un projet “le projet MENA”. Par la faute de personnes non averties, un grand malaise s’installe lentement mais sûrement dans le champ éducatif. Je vous avertis que cette sinistre situation risque me semble -t-il de créer une division profonde entre les éducateurs. Et comme qui dirait je cité: “il n’y a rien de plus préjudiciable à un enfant que les dissensions entre ses éducateurs. C’est dire que toutes ces gesticulations corporatistes qui n’ont qu’une’ seule destination(le tube digestif) risquent de compromettre l’avenir de la jeune génération. Ce serait tautologique de dire que le CPES et l’IES sont des agents de catégorie P, mais faut-il le rappeler, selon la spécialité de chacun, l’IEPD n’est pas le subordonné ni de l’IES ni du CPES. Si les plus hautes autorités ne prennent pas des mesures pour arrêter l’hémorragie, je parie que c’est le début de dégénérescence de tout le système éducatif burkinabé. Il est urgent que chacun fasse la critique et autocritique de sa raison pour parler comme le Pr Jacques Nanema de l’université Ouagal. Merci.

    28 août 2016
  • Que vous avez raison Abdoul! Un IES n’est pas pas le supérieur hiérarchique d’un IEPD. Mais est-il pour autant possible qu’un soldat, au motif qu’il n’est pas du même corps qu’un général, conclue qu’il peut commander à celui-ci? Depuis que le ridicule ne tue plus, l’humanité assiste à des drôles de spectacles! En vérité, il faut traiter ce problème et les questions qu’il soulève avec moins de passion. Je ne pense pas que les positions extrêmes, inspirées par un corporatisme de mauvais aloi, est la solution. Dans l’organisation des DRENA nouvelle formule, il est tout à fait possible d’indiquer à chacun sa place sans qu’il en surgisse conflits et contestations. Cela n’est pas au-dessus de nos intelligences…quoique cela impose dépassement et humilité. Mais où sont le dépassement et l’humilité dans bruit et le fracas actuels que certains confondent malheureusement à de la réflexion?

    28 août 2016
  • C’est dommage que cela se passe dans un ministère d’intellectuels. Même ceux qui ne sont pas du domaine de l’enseignement savent que tôle c’est pas tôle. Alors, on a des IEPD qui n’ont que le BEPC comme diplôme comparativement ceux qui pour être même professeurs doivent avoir fait des études supérieures. Maintenant, il y a les IEPD recrutés niveau licence.
    Je ne suis pas de l’enseignement mais je constate que les enseignements du primaire ont trop d’avantage par rapport à ceux du secondaire : pourquoi ? Même les DPENA qui sont des IEPD et qui vont commander les conseillers, les professeurs, je trouve que cela n’est pas bon. L’IEPD est bon dans une circonscription donc revoyez la touche M. le MINISTRE. Prenons le grand KADIOGO à problème qui sera commandé par un IEPD, vous aussi M. le MINISTRE, voua aimez chercher problème dès !!!!!!!! Mettez chacun à sa place.

    1 septembre 2016
  • Commentaire…il faut egalement revoir et annuler la nomination des instituteurs cetifies comme economes dans les CEG du continuum, les reconduire en classe car ces gens la n’ont jamais ete forme a l’ENAM et recruter les AISU niveau BAC par concours directs. les emplois doivent etre professionnalises. Pas de reconversion.

    4 septembre 2016

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