LA NOUVELLE DU VENDREDI : Amour et infertilité
Ils se marièrent, s’aimèrent et eurent beaucoup d’enfants, fruits de leur amour. Ainsi disons-nous souvent pour parler des époux devant Dieu et les Hommes pendant le mariage. Dans la réalité, au regard de ce que nous observons çà et là à côté de nous, les choses peuvent parfois être bien différentes.Car, toutes les plantes d’amour n’ont pas forcément de fruits. Ou alors d’autres fruits se font longtemps attendre. S’il y a une science qui échappe souvent à la médecine et son mystère, c’est bien les caprices de la procréation humaine. Tout semble normal mais…Il y a des choses qui s’expliquent et des choses qui ne le sont pas. Mystère !C’est le cas de mon oncle Sékou et sa femme Tania, ma tante.Mariés, oncle Sékou, un professeur de biologie formé dans les plus grandes écoles occidentales, et sa femme Tania, une brillante journaliste, depuis 17 ans de vie commune, n’ont pas encore connu la joie de l’enfantement.
Discutant un soir avec Tonton Sékou, il me confia :
Tu sais mon fils, c’est Tania qui se ronge beaucoup les ongles dans cette histoire. Je le soutiens du mieux que je peux. C’est vrai qu’un enfant nous aurait fait plaisir, mais l’enfantement n’est pas le socle de mon amour pour ma femme. Si elle me donne un enfant, je l’aimerai. Si elle ne peut pas le faire, je l’aimerai davantage. C’est elle que j’ai choisi mais pas une autre. C’est vrai que sous nos cieux, la logique et la tradition consistent à se marier et à faire des enfants. C’est alors une contre-nature et même une malédiction de ne pas suivre cette logique. Avec ma femme, nous avons fait un certain nombre d’examens médicaux et traitements. Tout porte à croire que c’est une question de temps. Souvent, dans ce genre de cas, c’est surtout le regard extérieur qui est trop pesant. Mes frères et sœurs mariés après moi et qui ont aujourd’hui des enfants, ma famille, ne nous le disent pas ouvertement mais pensent que nous ne faisons pas assez pour avoir un enfant ou que je dois trouver la solution auprès d’une autre femme. Je ne suis pas ce genre d’homme. Si le problème vient de Tania, je l’accepterai. S’il vient de moi, je sais que ma femme m’acceptera. J’ai vécu dans des endroits du monde où de jeunes couples pour des questions personnelles décident de ne pas procréer et vivent bien. C’est un choix de vie accepté par leur société. Et quand cela est indépendant de votre volonté, je pense qu’il faut accepter de vivre avec…dans l’espoir.
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Je comprenais mon oncle et je savais que c’était un homme de parole. Un homme à cheval sur la morale et ses valeurs. L’occasion ne m’avait jamais été donnée de discuter sur le sujet avec tante Tania. Un jour, j’avais écrit un article sur les enfants impossibles à vivre. Ces enfants calvaires et poisons pour leurs parents. Après avoir lu cet article, elle m’appela :C’est Dieu qui a des réponses à certaines questions de l’existence. Après avoir lu ton article et médité, j’ai pensé à notre situation et j’ai voulu te parler. Ton oncle est un grand homme et chaque jour, mon amour pour lui grandit. C’est grâce à son amour, à sa foi, à son soutien et sa confiance que je supporte notre problème de procréation. Quoi qu’il en soit, nous nous aimons et c’est l’essentiel. Plusieurs fois des tiers nous ont même conseillé l’adoption. Je n’y suis pas contre et je trouve que c’est un geste très noble. Mais ton oncle me demande de patienter. Après 17 ans de mariage, je doute mais notre amour est le socle qui supportera toutes les tempêtes. Alors, nous patientons. Le temps a passé, oncle Sékou et tante Tania par amour et tendresse ont patienté et tenu bon. Personne n’y croyait et même eux juste une étincelle d’espoir. Un matin, tante Tania s’est réveillée avec un ventre en gestation dans les bras de son tendre et fidèle époux. À 40 ans, tante Tania a eu son premier enfant et un autre après. Souvent, en pensant à ce couple uni, je ne peux m’empêcher de dire que l’amour, le vrai amour, vient à bout de tout !
Ousséni Nikiéma,
70132596