NOUVELLES VIOLENCES EN EX-OUBANGUI CHARI : La RCA va à vau-l’eau
Faut-il désespérer de la RCA ? C’est sans doute la question que tout le monde se pose, à l’analyse de la situation sociopolitique que connaît ce pays. Car, à peine l’encre de l’accord signé entre le gouvernement et une dizaine de groupes armés sous les auspices de la communauté catholique Sant Egidio a-t-elle séché, que les combats ont repris de plus belle en Centrafrique. En effet, de violents affrontements ont eu lieu à Bria, du nom de cette deuxième ville souffre-douleur après Bambari, entre groupes armés, faisant, selon un bilan provisoire dressé par le maire de ladite localité, une centaine de morts et de nombreux blessés. « Des tirs intenses ont commencé à 6h. A 9h 30, nous avions déjà reçu 35 blessés à l’hôpital, essentiellement des blessés par balle », raconte Mumuza Muhindo Musubaho, Coordonnateur du projet de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) basé à Bria, dans un communiqué. Si l’on en croit ce témoignage, le bilan pourrait, au fil des heures, s’alourdir. Franchement, il faut avoir le courage de le dire. La RCA va mal, voire très mal. Car cela fait près de quatre ans que le pays est en proie à des violences ethniques et religieuses. On aura tout essayé, mais le pays, chaque jour qui passe, donne l’impression d’aller à vau-l’eau. Or, à maintes reprises, les protagonistes ont annoncé leur volonté de fumer le calumet de la paix. Que nenni ! On se rappelle d’ailleurs qu’avant ce nouvel accord signé à Rôme, les groupes armés et le pouvoir de la Transition alors dirigée par Catherine Samba-Panza, avaient déjà signé un autre sous l’égide du médiateur congolais Denis Sassou Nguesso, qui a très vite volé en éclats.
Touadéra est plus à plaindre qu’à envier
Tout se passe, en effet, comme si certains groupes armés qui vivent d’expédients et de contrebandes, ne veulent pas d’un retour à la paix, préférant continuer à pêcher en eaux troubles. Si fait que rien qu’en mai dernier, les violences, selon un bilan publié par le bureau des affaires humanitaires des Nations unies sur place en Centrafrique, ont fait environ 300 morts et près de 200 blessés dans les localités de Bria, Alindao, Bangassou et Mobaye, situées à l’Est de Bangui. Alors, que faire ? Faut-il assister impuissant au massacre sans cesse des civils dans un pays où le pouvoir n’existe que de nom, les groupes armés contrôlant la quasi-totalité du territoire ? Assurément non ! Car, il est plus que jamais temps d’agir. Et pour cela, la communauté internationale est interpellée, si elle ne veut pas, à l’instar de ce qui s’est passé au Rwanda, être accusée d’impéritie coupable face au drame d’une très grande ampleur qui se joue en RCA. Cela dit, il faut mettre tous les groupes armés au pas et traiter comme tels les ennemis de la paix. Car, à l’allure où vont les choses, il faut craindre que la RCA ne devienne pire que le Mali où rebelles et djihadistes se disputent le contrôle de certaines régions du pays. En tout cas, au regard de la dégradation continue de la situation, on peut dire sans risque de se tromper que le président Faustin Archange Touadéra est plus à plaindre qu’à envier.
B.O