HomeA la uneLE PR JEAN BAPTISTE KIETHEGA, APRES 42 ANS DE CARRIERE : « Je suis dégoûté de l’ingratitude de mon pays »

LE PR JEAN BAPTISTE KIETHEGA, APRES 42 ANS DE CARRIERE : « Je suis dégoûté de l’ingratitude de mon pays »


Il est environ 10h ce mercredi 14 juin 2017. Un septuagénaire, cheveux grisonnants, le regard perplexe, assis dans un fauteuil sur sa véranda dans sa cour à quelque encablures de l’Eglise Saint Pierre de Gounghin (Ouagadougou), nous reçoit sur notre insistance. Lui, c’est le Professeur Kiéthéga, admis depuis 2010 à la retraite.

45 mn d’horloge, il nous a parlé sans faux-fuyant : de sa profession d’archéologue, de sa longue maladie, de ses frustrations qu’il a subies avec certains de ses anciens collègues. Il s’est insurgé, entre autres, contre les déclarations tendancieuses du ministre Tahirou Barry concernant l’histoire du site de Loropéni. En dépit de sa convalescence, le professeur a toujours une mémoire vivace. Il nous a fait promener dans l’univers archéologique. Il interpelle la jeunesse à un trait de caractère : la rigueur et la culture de l’excellence.

Nous vous invitons à découvrir  les vérités  du Professeur Jean Baptiste Kiéthéga.     

 

Le Pays : Qui est le professeur Kiéthéga ?

 

Jean-Baptiste Kiethega : Jean-Baptiste Kiéthéga  est un professeur titulaire d’archéologie à la retraite. Je viens d’avoir 70 ans et sur ces 70 années, j’en ai consacré 42 à l’enseignement et à la recherche. D’abord, 4 ans au Lycée Philippe Zinda Kaboré comme professeur d’histoire-géographie et 38 années à l’Université de Ouagadougou. Je dois signaler que pendant que j’étais professeur d’histoire-géographie au Lycée, je donnais déjà des cours au Centre d’Enseignement supérieur  qui est devenu en 1974 Université de Ouagadougou.

 

Comment se porte le Professeur Kiéthéga  à ce jour ?

 

J’ai eu de sérieux ennuis de santé en 2012 qui m’ont valu d’ailleurs une évacuation sanitaire à Paris. J’ai subi une opération qui me laisse aujourd’hui handicapé du côté gauche. J’ai fait un AVC avec des complications. Aujourd’hui, 5 ans après, je vais mieux. Au début, il m’était interdit de parler aux gens ; je ne devais pas m’entretenir avec vous par exemple, ni lire les journaux, ni regarder la télé, ni écouter la radio. Mais progressivement, la santé est revenue.

 

« On ne peut pas  faire de l’archéologie sans faire de l’Histoire, mais on peut faire de l’Histoire sans faire de l’Archéologie ».

 

Vous êtes le premier Professeur titulaire en archéologie et en histoire. Quelle est la différence entre l’Archéologie et l’histoire ?

 

Dès que l’homme apparait sur la terre, l’histoire commence. Par convention, l’histoire de l’homme a été subdivisée en séquences que sont la préhistoire et l’histoire. L’histoire vient à partir  de la découverte de l’écriture environ 3 000 ans avant Jésus Christ, c’est-à-dire 3 000 ans avant notre ère. Et, pour écrire cette histoire, il faut des matériaux, par exemple, des écrits. Le plus souvent, en Occident, c’est sur les écrits que l’on compte mais il y a d’autres matériaux, ici, en Afrique, on a la tradition orale. Mais sur tous les continents, ce qui semble incontestable, ce sont les vestiges laissés par l’Homme. L’étude de ces vestiges s’appelle l’archéologie. Donc, l’histoire, c’est ce qu’on peut dire concernant l’Homme et ses origines et qu’on divise par plusieurs séquences mais parmi les outils pour faire l’histoire, il y a les écrits, la tradition orale et l’archéologie qui donne les preuves les plus sûres. Voilà la différence entre archéologie et histoire. On  ne peut pas faire de l’archéologie sans faire de l’histoire mais  on peut faire de l’histoire sans faire de l’archéologie. Par exemple, l’histoire de l’Europe est surtout basée sur les écrits. Ici, en Afrique, on dit qu’on n’a pas d’écrits mais ce n’est pas vrai. Nous avions ce qu’on appelle les signes graphiques sur les rochers, sur les masques que nos anciens savaient décrypter. C’est parce que nous ne savons pas lire ces écritures que nous disons que l’Afrique n’en a pas. Mais ce qui est sûr,  l’écriture elle-même vient de la parole. L’ainée, c’est la parole. Donc, si nous sommes de civilisation de tradition orale, cela veut dire que nous détenons des éléments pour faire de l’histoire. L’homme, quand il vient sur terre, laisse forcément des traces dont les vestiges. Cela relève de l’archéologie. L’Afrique en regorge, qu’ils soient préhistoriques ou historiques. C’est cela qui permet de dire aujourd’hui que l’Afrique est à l’origine de l’humanité.

 

 

« J’ai défendu le dossier de Loropéni avec le ministre Filippe Savadogo à Séville en Espagne et le dossier est passé comme une lettre à la poste ».

 

Quelle a été votre contribution dans le projet ayant abouti à la déclaration des ruines de Loropéni au patrimoine mondial de l’UNESCO ?

 

Merci pour cette question pertinente car Loropéni est un site à problèmes. Moi-même, j’ai visité Loropéni quand j’étais étudiant. J’y ai été conduit par mes professeurs de géographie à l’époque. C’était en avril 1969 au Centre d’enseignement supérieur de Ouagadougou. Je connais le site depuis longtemps ; un site que j’ai visité avec mes camarades de promotion et avec des étudiants venant d’Abidjan et de Montpelier en France. M. Charles Tamini qui fut mon professeur d’histoire-géo et qui fut ministre de l’Education nationale m’a dit que lui, après avoir fait ses études à Dakar, voulait faire des recherches sur les ruines de Loropéni à son retour. Il a même payé une voiture de marque Citroën (2CV) pour ses déplacements, mais à cause de la politique, il y a renoncé finalement. Il n’a rien entrepris sur ce site. Et après, moi, j’ai initié plusieurs sorties et voyages sur les ruines du Lobi, pas seulement Loropéni, mais d’autres ruines aussi. C’était pour montrer aux étudiants le patrimoine culturel dont disposait, par exemple, le Sud-Ouest et dans d’autres régions également. Entre-temps, le Burkina  a voulu inscrire le site au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il y a eu une première équipe sous le magistère du ministre Mahamoudou Ouédraogo qui a travaillé. A l’époque, on m’a totalement ignoré. Or, c’est moi qui ai créé le laboratoire d’archéologie et introduit l’enseignement et la recherche en archéologie en Haute-Volta. Les responsables de cette équipe étaient deux de mes anciens étudiants. Antoine Kalo Millogo qui est toujours au département et Oumarou Nao qui était, à l’époque, Directeur du patrimoine culturel. Ils ont monté le dossier sans rien me dire et le dossier est parti pour l’inscription à la session de Vilnius en Lituanie en 2005. Environ une semaine avant la séance, j’ai été approché ou plutôt convoqué par le ministre de l’Enseignement supérieur, Joseph Paré, qui m’a dit que dans les 48 heures, il fallait que j’aille en Lituanie parce que le ministère de la Culture avait introduit le dossier de Loropéni pour une inscription au patrimoine mondial, mais qu’il semblait qu’il y avait des problèmes : les rapports n’étaient pas favorables et qu’il fallait un expert pour aller défendre le dossier. J’ai refusé de partir. J’ai dit au ministre Paré que je n’étais pas un pompier. Tout le monde connaissait mon existence et on m’a contourné pour amener le dossier. Et comme il fallait s’y attendre, le dossier n’est pas passé. Il a été demandé au Burkina Faso de compléter la recherche parce qu’au niveau archéologique, rien n’avait été fait. Mme Aline Koala  devenue ministre de la Culture m’a approché pour me demander si je pouvais reprendre les études sur le dossier de Loropéni. Après hésitations et après avoir posé mes conditions, j’ai accepté. Parmi les conditions, je devais composer mon équipe. Et, j’ai composé une équipe pluridisciplinaire pour faire cette recherche et nous avons travaillé malgré les bâtons dans les roues qu’on nous mettait. On a failli renoncer au dernier moment, car les financements ne venaient pas, alors que l’Assemblée nationale avait voté un budget pour la recherche depuis un an et demi. On ne voulait pas mettre l’argent à notre disposition. J’ai réussi à faire les recherches pluridisciplinaires, monter le dossier et le déposer à l’UNESCO avec M. Dioma nouveau Directeur du patrimoine culturel. Ensuite, j’ai été à Séville en Espagne pour la session de l’UNESCO. J’ai défendu le dossier avec le ministre Filippe Savadogo et le dossier est passé comme une lettre à la poste. Ma contribution est donc une recherche scientifique que j’ai menée méthodiquement par rapport au dossier précédent. C’est cela qui a permis l’inscription des ruines de Loropéni au patrimoine mondial de l’UNESCO en juin 2009.

 

Quels commentaires faites-vous alors  de la déclaration du ministre Tahirou Barry sur l’historicité des ruines de Loropéni ?

 

J’étais effectivement ahuri de suivre à la Télévision nationale, le mardi avant l’ouverture du FESPACO 2017 l’émission consacrée à la culture : le ministre Barry face à la presse.  Vers la fin, il a déclaré que Loropéni était un site à problèmes ; que le site avait été  refusé une première fois. Ce qui est exact, ce dont j’ai parlé tout à l’heure. Mais, c’est son complément qui est grave et qui montre une méconnaissance totale du dossier. Il ajoute  que si le site a été inscrit c’est parce que le Dr Lassina Simporé, un de mes anciens étudiants qui était sur le site en tant que tel d’ailleurs a consolidé les murailles et a permis l’inscription du site sur la liste du patrimoine mondial. De la part d’un ministre, cette déclaration est grave. Tout le monde est au courant, l’international le sait. C’est un grossier mensonge. Quelqu’un qui est capable de dire une telle sottise ne peut rien dire de bon pour ce pays. Il ne faut pas mentir aux Burkinabè. Il faut cesser de mentir en politique.

 

Quel héritage avez-vous légué à la génération montante au moment d’aller à la retraite ?

 

Un directeur ne laisse pas d’héritage. J’étais doyen de faculté, donc je gérais beaucoup de disciplines. Il y a bien sûr l’histoire et l’archéologie, les lettres modernes, les langues vivantes, entre autres. Je ne peux pas laisser un héritage à tous les niveaux. Sur le plan administratif, j’ai essayé de faire en sorte qu’il y ait une gestion rigoureuse. Si on veut me copier sur ce plan, c’est bon. Mais si on ne veut pas me suivre, je n’y peux rien. A l’époque, de jeunes enseignants me disaient que je les empêchais de chercher de l’argent. Ils voulaient de l’argent par la courte échelle, mais moi, je ne voulais pas de cela. Est-ce qu’aujourd’hui, alors que je suis parti, qu’on m’a poussé à la porte, je peux parler de cela ? Ici, ce qui est fait, je ne peux pas le savoir. J’ai dit que j’ai fait 42 ans d’enseignement ; j’ai formé énormément de gens pour le Burkina Faso (pas seulement au Zinda, à l’ENA, à l’Université où j’ai formé beaucoup de docteurs) pour les autres pays (Togo, Mali, Niger surtout au Bénin, etc). C’est cela mon héritage ; former des cadres supérieurs en archéologie et doter le continent de chercheurs d’excellentes qualités dans ma discipline, en histoire et en archéologie.

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre département à l’université de Ouagadougou ?

 

Quand je partais, je pensais avoir bien accompli ma mission. J’ai constaté après que j’ai été objet de très nombreuses manipulations. J’ai constaté au cours des années qu’on essayait d’effacer mon nom. Le  fait qu’on m’ait chassé du campus, c’est le mot que j’emploie, était un signe. Selon les textes en vigueur, je devais être nommé professeur émérite. Professeur émérite, je n’ai pas de salaire, mais on me donne un bureau, un secrétariat et je peux continuer d’encadrer les étudiants en thèse sous ma direction. On a refusé de le faire et on ne me l’a jamais dit. On m’a laissé patienter et après, j’ai fini par saisir le Médiateur du Faso qui n’a pas réussi à résoudre le problème. Ils ont pris un autre texte mais après ma retraite. Donc, je n’étais pas concerné par le nouveau texte. Mais si j’étais au campus, j’aurais une très grande influence ;  quand je suis là, les étudiants viennent à moi. C’est normal, j’ai une expérience que les autres n’ont pas. Je leur fais ombrage donc, il fallait me faire partir. Je ne veux plus d’ailleurs mettre pied au campus. Si je meurs, je ne veux pas de mon corps au campus. Je ne veux pas de cet hommage. Par contre, les hommages tels que celui que je viens de recevoir de mes collègues béninois sont vraiment dignes de ce nom. Le reste, ce sont des mensonges.

 

Vous êtes donc un homme frustré ?

 

Je suis totalement frustré. Je suis dégoûté d’avoir consacré 42 ans de ma vie pour que mon pays soit si ingrat à mon égard ; l’ingratitude de mon pays, de mes collègues et de mes étudiants. Il n’y a pas un seul enseignant du département que je n’aie formé. Or, ce sont eux qui sont à l’origine de cette situation.

 

Vous avez été cumulativement Conseiller technique au ministère de la Culture pendant environ  dix ans. Avez-vous le sentiment d’avoir été rétribué à la hauteur du travail abattu ?

 

C’est la même chose. D’abord, les gens de la Culture n’ont jamais voulu de quelqu’un d’extérieur à la Culture. Moi, je venais du campus et j’ai été imposé par Mme Alimata Salembéré. Sinon, le rejet était instantané. Salembéré voulait que je sois secrétaire général à la Culture, j’ai refusé parce que le poste de SG m’empêchait de continuer de dispenser les cours. Or, je tenais à ma carrière universitaire. Elle m’a donc demandé de rester conseiller technique pour les dossiers suivants : le Musée national, la création de l’Institut des peuples noirs. Le Musée et l’Institut existent en grande partie grâce à moi.

 

Est-ce que l’Institut des Peuples Noirs vit aujourd’hui ?

 

Non. Simplement parce que c’est l’idée de Thomas Sankara. Je voulais que Blaise Compaoré l’exécute. Sinon, j’ai trouvé les financements mais cet argent a été détourné. Je connais tous ceux qui ont détourné cet argent. J’ai été au PNUD à New York pour l’Institut. Pour le Musée, je suis allé à l’Union européenne. En fait, le Musée n’a pas été exécuté tel que conçu au départ. La partie zoologique a été transportée à Ziniaré. Le zoo de Ziniaré, c’est le vol de mes études. C’est moi qui ai fait faire les études. A propos du ministère de la Culture, je l’ai quitté de moi-même. On n’a jamais mis fin à mes fonctions de Conseiller. J’ai demandé à aller soutenir ma thèse d’Etat. C’est Baba Hama, alors SG, qui a pris une note mettant fin à mes fonctions. J’ai été cependant nommé en Conseil des ministres. Avez-vous vu cela quelque part dans un autre pays? Baba Hama est toujours vivant.

 

 

« Le néocolonialisme n’est pas seulement en économie et en politique. Je ne connais aucun Français qui s’y connait  en matière de fer ».

 

Depuis votre départ à la retraite, vous en avez gros sur le cœur. Qu’en est-il exactement ?

 

La Culture et l’Université sont des domaines dans lesquels je me suis investi : au niveau de la Culture par exemple, j’ai travaillé pendant plus de 7 ans. Et, je suis parti de la Culture sans une seule décoration. Par contre, je suis Officier de l’ordre national quand j’ai été inscrire Loropéni sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Je suis Officier de l’ordre des palmes académiques pour ma carrière universitaire et je suis chevalier des arts et des lettres de la République française depuis 1995. Pour toutes ces décorations, de dépit, j’ai demandé rendez-vous avec le Grand chancelier l’année dernière pour aller lui remettre les médailles et il a refusé de les recevoir. Je considère de la façon qu’on me traite aujourd’hui, je ne peux plus garder ces médailles. Le Grand chancelier m’a dit qu’il ne pouvait pas les reprendre, car il fallait que dans les textes également, on puisse effacer les traces. Sinon, ça me fait de la peine d’avoir tant de médailles après les avoir méritées, pour après être piétiné de la sorte. Mes étudiants ont dit beaucoup de mensonges. Je suis docteur d’Etat. Dans la sous-région, la recherche sur le fer, c’est moi qui ai le plus de résultats. J’ai même écrit des livres. Mais, mes étudiants, sous l’emprise de chercheurs étrangers, français et suisses, tentent de dire que ce que j’ai fait-là n’est pas à l’origine des recherches. Même, le journal « Le Pays » a publié un article et j’ai été obligé de convoquer un Sankara qui travaillait là-bas pour qu’il m’explique comment le journal a pu publier un texte pareil. Et, Sankara est venu dans mon bureau me montrer un bout de papier rédigé par un de mes anciens étudiants, Koté Lassina, où il a dit à Sankara, ce qu’il fallait écrire. Il a même écrit faussant toute la réalité. Et ces gens sont nombreux. Donc, j’ai compris qu’on a manipulé mes anciens étudiants contre moi et le « On », ce sont des Français de l’Université de Paris 1. Heureusement, un collègue béninois a tout démonté.  Le néocolonialisme, ce n’est pas seulement en économie et en politique. Je ne connais aucun Français qui s’y connait en matière d’histoire du fer. J’ai démontré en conférence au Centre culturel français, ici, que nous avons découvert le fer avant les Français. Je sais que cela ne plait pas. C’est de la datation au carbone 14 et j’ai payé

100 000 F/l’échantillon en France, à Lyon. S’il y a des erreurs, ce sont eux qui ont commis les erreurs ; pas moi. J’ai fait les recherches et eux ont fait la datation que j’ai fait confirmer par Berkeley aux Etats-Unis d’Amérique.

 

Alors, que doit-on retenir du Pr Kiéthéga ?

 

Quelqu’un qui n’avait pas demandé à enseigner mais dès que j’ai commencé à enseigner, j’ai pris mon métier à cœur. J’ai horreur de la médiocrité. J’ai toujours travaillé avec rigueur. Ce que je demande à la jeunesse, c’est d’avoir ce trait de caractère : la rigueur et la recherche de l’excellence.

 

D’où vient votre renommée internationale ?

 

De mes publications. J’ai beaucoup publié partout. La recherche, on n’en garde pas pour soi. Il y a des gens qui sont au département et qui vont aller à la retraite sans avoir même 5 articles à leur compte. J’ai été le premier Professeur titulaire en archéologie au niveau national et en Afrique occidentale et centrale (francophone). J’ai formé aussi pour toutes ces régions. Si j’ai été membre de jury dans des pays comme le Bénin ou le Cameroun, c’est du fait de la formation. La seule formation en 3e cycle dans la sous-région, c’est à Ouagadougou. Si tu veux devenir docteur en archéologie, il faut venir à Ouagadougou ou aller en France. C’est ma production scientifique qui m’a donné cette aura et c’est ce qu’on veut me contester aujourd’hui. Même Loropéni, Lassina Simporé que j’ai imposé moi-même comme responsable du site, s’est retourné contre moi. Il a fait des publications où mon nom, n’est mentionné nulle part. Le ministre Filippe Savadogo ne voulait pas de lui, mais j’ai insisté car le Dr Simporé était un bon archéologue. Il a soutenu sa maîtrise, son DEA et sa thèse sous ma direction avec des mentions très bien. En plus, grâce à mon ami Alexis Adandé du Bénin, il a pu faire des formations sur la gestion du patrimoine culturel physique. Donc, il réunissait les conditions pour gérer Loropéni. Après l’inscription du site sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, je me suis éclipsé pour lui permettre de percer. Mais voilà, il me poignarde dans le dos.

 

Nous sommes au terme de notre entretien. Avez-vous autres choses à ajouter ?

 

Tout ce que je regrette, c’est que j’avais commencé à rédiger mes mémoires et j’ai été interrompu par la maladie. Heureusement, et Dieu faisant si bien les choses, il y a un étudiant de sociologie et un autre en histoire, qui viennent me voir, deux fois par semaine. Ces jeunes m’ont abordé par le professeur Moussa Batenga ancien Directeur de l’UFR Sciences humaines et sociales et Jean Bernard Ouédraogo (sociologue). Je suis en train de raconter ma carrière dans un dictaphone. Ils vont retranscrire par la suite pour une publication in fine. Je pense que je vais laisser à la postérité une biographie. Alors que j’exerçais la pression sur des gens pour qu’ils écrivent leurs mémoires, j’ignorais que je devais moi aussi  écrire les miens. Je prie le bon Dieu de me donner assez de forces pour achever le travail que j’ai entrepris avec les deux étudiants qui ont pris l’initiative de passer me voir.

 

Interview réalisée par Salifou PARKOUDA

[email protected]  Tel : (00226) 70 26 11 49

 

 


Comments
  • C’est le lot commun de tous les hommes qui vouent un culte à l’honnêteté. Si le Prof. Kiétega avait pris sa carte CDP, avait laissé les ruines de Lorépéni se ruiner davantage, avait détourné le zoo de Ziniaré et le Musée pour son village en partie et le reste pour sa poche, s’il avait raconté ensuite des âneries aux français en leur disant que leur fer est antérieur au fer burkinabè, on aurait aujourd’hui un rue baptisée :”Rue Professeur Kiétega” avec une belle cérémonie hypocrite. Il sera héros national, mais après sa mort (que je souhaite dans cent ans)! C’est le Burkina de toutes les contradictions.

    28 juin 2017
  • “Je veux plus d’ailleurs mettre pied au campus. Si je meurs, je ne veux pas de mon corps au campus. Je ne veux pas de cet hommage…”

    À 70 ans, il faut vraiment en avoir GROS sur le cœur.

    Je comprends mais je désapprouve. L’université n’appartient pas à nos détracteurs. C’est une institution nationale où l’on y a forcément des admirateurs après une telle carrière. C’est pour tous ces gens et au nom de tous ces gens que les hommages sont rendus.

    28 juin 2017
  • Le témoignage de professeur Jean Baptiste Kiethega est patent. C’est éminent homme, qui a donné la science de l’ archéologie en Afrique est payé ni en face ni en pile. Cher professeur, ne rend pas tes médailles de merite à de tierces personnes qu’à tes enfants. Ils le garderont comme un patrimoine culturel (intellectuel).
    “L’Afrique mange ses propres Zinc(s)”

    kamwina Nsapo Louis
    patrimoniteur
    RDCongo

    28 juin 2017
  • MR LE PR KIETHEGA,vs êtes une haute personalité mais hélas comme ds la jungle, le faible a tjrs tord.Mais tt ce que je sais,c’est que ces individus mal intentionnés aux appetits voraces,qui par vtr volonté et vtre abnégation st devenus ojod8 des hommes vont régrettés d leurs sort sur cette terre.Car le bienfait n’est jamais perdu.

    30 juin 2017
  • Les Mystères de cette interview.
    Pour qui connait le fonctionnement de l’Unesco, ne nous laissons pas berner, un individu n’inscrit pas un site.
    Jusqu’à preuve du contraire il n y a pas de texte sur l’éméritat au Burkina Faso. C’est pour cela que l’Etat a créé la réquisition. Le Pr Kiéthéga a été réquisitionné pendant 2 ans, avait un bureau, son salaire et en même temps sa pension.
    Lors de son Avc, le Pr Kiéthéga a été évacué par l’Etat.
    Pourquoi après avoir formé tant de personnes, le Pr se retrouve sans personne pour le défendre ? posons-nous alors la question de savoir qui est l’enfer en ce moment.
    Si le Pr Kiéthéga s’estime lésé, pour quoi ne saisit-t-il pas la voix de la Justice ?
    Lorsqu’on est décoré, on bénéficie d’une bonification d’échelon. Pour son grade c’est entre 10 et 15 000 Francs par mois. Pour chaque décoration. Le chancelier ne pouvait pas reprendre les médailles. Parce que peut-être il n y a pas l’enveloppe contenant les millions de francs qui ont suivi
    Les Pr de son niveau quand ils partent à la retraite, ils lèguent leur bibliothèque et ne ramassent pas les objets de leur laboratoire pour aller à la maison.
    Les Pr de son niveau quand ils partent à la retraite, ils remettent les clefs de leur bureau à l’administration ; Kiéthéga garde par devers lui la clé de son bureau, depuis 2012.

    4 juillet 2017
    • Pour lever le mystère, il convient d’agir à visage découvert comme le professer sinon le reste n’est que superfétatoire comme disent nos amis les juristes. Il adit pour lui, apporte-lui la contradiction comme il se doit ie un universitaire. Non, les bibliothèques sont personnelles et font l’objet d’un legs à une institution ou reste dans la famille qui peut la vendre; Balle à terre; Il n’est pas le seul amer de sa génération : Ram Christophe, Fernand Sanou…

      5 juillet 2017
  • Monsieur Reply, votre sobriquet vous colle bien à la peau,puisque vous choisissez de parler toujours, d’attaquer toujours votre mentor d’hier sous un faux nom,celui-là même qui vous a formé.Un peu de décence mon petit.Tant que vous resterez dans cette posture vous ne serez jamais élevé
    Vous parlez de mystère,quel mystère? c’est vous le fameux mystère.Vous évoquez pèle mêle des choses que vous ignorez.Renseignez-vous avec l’ancien directeur de l’UFR de l’époque l e Pr Moussa BATENGA qui avait visé un texte demandant à ce qu’on accorde le titre de professeur émérite au Pr KIETHEGA . Mr REPLY sachez qu’au Burkina on ne peut pas avoir un salaire et une pension à la fois,les termes d’une réquisition sont clairs.Qu’elle grossière ignorance! Le Pr KIETHEGA a été fait officier des palmes académiques, un an après on lui a décerné la médaille d’ officier, cela au regard des textes n’entraîne pas des effets pécuniaires, encore une fois vous êtes victime de votre ignorance;Le Pr n’est pas obligé de léguer sa bibliothèque à l’université surtout pas à des rapaces de votre acabit. Avant de quitter l’UFR une passation a dû être faite selon les règles de l’art referez-vous à votre hiérarchie pour récupérer votre dû
    En conclusion Mr REPLY, vous manquez véritablement de reconnaissance,ça suffit! A bon entendeur salut!
    BARBARA

    19 décembre 2017

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