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LE PRESIDENT EN EXERCICE DE L’UA AU BURKINA :Une visite attendue


Après la visite de la troïka des chefs d’Etats ghanéen, sénégalais et nigérian, c’est au tour du président mauritanien, président en exercice de l’Union africaine, Mohamed Ould Abdel Aziz, de fouler, hier 10 novembre, le sol burkinabè pour stimuler le retour à l’ordre constitutionnel. En d’autres termes, c’est le chef de la « mère » des institutions africaines « himself », qui vient au charbon, même si, selon lui, il est là pour accompagner le processus de transition et non pour sanctionner le Burkina. Mais, l’on est en droit de se poser des questions sur les motivations réelles de cette visite d’autant plus que la junte, manifestement, semble   résolue à céder le pouvoir à un civil. L’Union africaine cherche-t-elle à se rattraper pour la passivité qu’elle a observée et qui, d’une façon ou d’une autre, a conduit le Burkina dans cette situation ? Ou alors, notre  institution panafricaine  doute-t-elle de la sincérité de la junte dirigeante à céder le pouvoir à un civil ?  En tout cas, l’un dans l’autre, cette approche de l’UA peut se comprendre.

En effet, en tant qu’institution suprême, il était de son devoir   d’attirer l’attention de l’ex-président, Blaise Compaoré, sur les risques qu’encourait le Burkina face à son acharnement à vouloir modifier la Constitution. Mais rien n’y fit et le peuple burkinabè a dû payer de son sang pour se libérer du joug du clan Compaoré.  Œuvrer donc pour l’aboutissement rapide à une transition civile afin que la victoire du peuple burkinabè ne lui soit pas volée, c’est aussi prêter main forte à la révolution et, ce faisant, se racheter vis-à-vis des Burkinabè. Et cerise sur le gâteau, Mohamed Ould Abdel Aziz fait le déplacement lui-même, pour rencontrer les acteurs de la transition au Burkina afin d’en accélérer le processus. L’UA joue ainsi sa partition dans le concert des organisations et institutions qui œuvrent pour une transition civile au Burkina. Cela est à saluer.

 

La visite de Mohamed Ould Abdel Aziz peut être perçue comme une piqûre de rappel

 

Toutefois, on se demande si ce n’est pas l’attitude de l’armée qui est de nature à susciter une certaine vigilance de l’UA.

En effet, au regard de certains actes, l’on est tenté de croire que le lieutenant-colonel Zida et son entourage semblent prendre goût à la « chose ». Le Lieutenant-colonel semble, en tout cas, bien se plaire dans  l’appellation de « Chef d’Etat » tout court.

Depuis que la junte dirige la transition, elle n’a d’ailleurs  fait que multiplier les rencontres avec toutes les parties, tant au plan national qu’au plan international, sans qu’on sache vraiment quand vraiment prendront fin ces concertations. L’on se souvient encore de la récente sortie du colonel où il n’a pas manqué de dire à l’UA que le délai qu’elle a fixé n’engage qu’elle. Dans ces conditions, l’UA peut se demander à juste titre si l’Armée est sincère quand elle lance à qui veut l’entendre qu’elle  cédera le pouvoir à un civil. Peut-on lui faire confiance ? En tous les cas, la visite de Mohamed Ould Abdel Aziz peut, dès lors, être perçue comme une piqûre de rappel pour mettre, de manière douce, la pression sur la junte afin qu’elle cède le pouvoir au plus vite.

Somme toute, la venue du président en exercice de l’UA est pour le moins  opportune.  

 

Adama SIGUE


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