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PRESIDENTIELLE ET LEGISLATIVES 2015 : Les récriminations de l’ex-CFOP


Le Cadre de concertation des partis politiques (CCPP), ex-CFOP, a animé une conférence de presse le vendredi 23 octobre 2015 à Ouagadougou, pour donner sa lecture de la situation nationale actuelle. A cet effet, le financement des partis politiques pour les élections, la crise estudiantine, l’amendement portant révision de la Constitution de 1991 sont, entre autres, les sujets qui ont été abordés au cours des échanges.

 

Le Cadre de concertation des partis politiques (CCPP) a pris acte de la nouvelle date des élections couplées fixées au 29 novembre prochain par le gouvernement de la Transition. Il l’a fait savoir au cours de sa conférence de presse du 23 octobre dernier. Toutefois, il s’est dit « désolé » par la forme adoptée par le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MATD) en ce qui concerne le financement des partis politiques. « Sur cette question de financement, nous avons deux niveaux d’appréciation. Dans la forme, nous sommes vraiment désolés de la démarche du ministère (entendez du MATD). Au niveau du CCPP, il a été mis en place une équipe chargée de prendre langue avec le ministère pour qu’ensemble, nous réglions la question de financement des partis politiques. L’approche a été faite il y a environ deux semaines et nous étions censés revoir le ministre dans le cadre de ce dossier. Mais nous n’avons plus jamais pu le rencontrer et nous avons, comme vous, appris au sortir du Conseil des ministres du 21 octobre dernier qu’il a été prévu un milliard de F CFA. Nous sommes repartis immédiatement pour essayer de revoir le ministre afin de comprendre comment une telle décision unilatérale a pu être prise et ce que cela sous-entend. Nous n’avons pas pu le rencontrer. Nous avons fait notre demande d’audience en bonne et due forme et nous nous attendions à être reçus aujourd’hui (NDLR : le 23 octobre). Et à 6h15mn, invité de la rédaction d’une radio de la place, le directeur chargé des libertés publiques a réparti l’argent à la radio. Toute chose qui a été faite de façon unilatérale. Il n’y a pas eu de consensus… Donc, sur la forme, nous sommes très gênés. Dans le fond, ce que les partis politiques demandent, c’est le respect des textes qui disent qu’il est prévu, au niveau du budget de l’Etat, 1 milliard de FCFA pour l’animation de la vie politique hors campagne et l’élection présidentielle. N’oublions pas qu’en 2015, il devait y avoir une élection présidentielle. Ce sont des circonstances qui nous amènent aujourd’hui à des élections couplées. Cela veut dire que cette Loi de finances adoptée avant 2014 avait prévu une élection en 2015 dont 500 millions pour cette élection et 500 autres millions pour l’animation de la vie politique. Nous nous retrouvons dans un contexte où nous sommes dans des élections couplées. Cela veut dire qu’il y avait 500 millions pour les périodes hors campagne, 500 millions pour la présidentielle donc 0 F CFA pour les législatives qui n’étaient pas prévues pour 2015. C’est cela la vérité. Ce que nous souhaitons maintenant, c’est de voir avec le ministre comment trouver ensemble des solutions. Faut-il penser à une Loi des finances rectificative pour dégager 500 autres millions pour les législatives pour faire en sorte que nous ayons au final 500 millions pour l’animation de la vie politique hors campagne, 500 millions pour la présidentielle et 500 millions pour les législatives, ce qui fera donc 1 milliard 500 millions de FCFA ? Ensuite, l’article 77 du Code prévoit que les autorités prennent en charge les délégués des partis politiques au niveau des bureaux de vote. Là encore, nous nous sommes dit que si l’on doit considérer le nombre de bureaux de vote multiplié par le nombre de partis politiques, c’est une somme astronomique et nous ne pouvons pas infliger cela à notre pays. Nous avons juste utilisé encore une fois la jurisprudence parce que de par le passé, l’Etat prenait en charge deux délégués de l’opposition et deux de la majorité. Nous avons considéré qu’il fallait rester à ces quatre personnes et ne pas demander que chaque parti politique ait systématiquement deux délégués dans chaque bureau. Si on considère 4 personnes X 17 000 bureaux de vote, cela fait 68 000 personnes X 5 000FCFA (prise en charge prévue par le gouvernement), ce qui va donner 340 millions de F CFA. Tout ce que nous avons proposé a été fait sur des bases objectives. Nous ne sommes pas dans l’arbitraire, nous ne sommes pas en train de réclamer de l’argent à la nation, mais nous disons qu’il y a des lois qu’il faut respecter… Même dans la forme, si les négociations avaient continué avec le ministre, nous aurions tenu compte des réalités budgétaires de notre pays et forcément un compromis aurait été trouvé… », a expliqué Adama Kanazoé, président de l’AJIR.

S’en tenir pour le moment à une révision constitutionnelle technique limitée

Et le président du mois du CCPP, Nebnoma Edouard Zagré du FFS, d’ajouter : «… Nous ne prétendons pas que notre pays finance intrinsèquement les partis politiques au-delà de ses capacités, mais nous pensons et disons qu’en tant que premiers acteurs de la scène politique, il est de bon aloi de nous donner les moyens nécessaires pour animer sereinement, paisiblement et dans la transparence les élections pour ne pas laisser la scène politique à des partis qui se trouvent être nantis. Nous pensons que l’Etat doit prendre ses responsabilités afin d’assainir le milieu mais permettre aux acteurs de battre véritablement la campagne… ».

L’autre point abordé a été la proposition de loi visant la modification de la Constitution de 1991 faite au CCPP par la Commission des affaires générales, institutionnelles et des droits humains du Conseil national de la Transition (CNT). A ce niveau, le président du mois a laissé entendre que le CCPP est parvenu à la conclusion que cette initiative de révision portant sur 90 des 172 articles est une révision de grande ampleur et par conséquent, mériterait d’être l’occasion d’un débat national. « Le CCPP a demandé que le CNT s’en tienne pour le moment à une révision constitutionnelle technique limitée, qui devrait assurer essentiellement le verrouillage de l’article 37 et la suppression du Sénat, deux processus ayant été à la base de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 et pour lesquels le sang des martyrs a coulé », a confié M. Zagré.

Les pèlerins burkinabè décédés lors du hadj 2015, les trois gendarmes tués à Samorogouan le 9 octobre dernier et les martyrs du coup d’Etat n’ont pas été oubliés au cours des échanges avec la presse. Une minute de silence a été observée en leur mémoire.

Concernant la crise qui sévit dans les cités universitaires, le CCPP a invité tous les acteurs au dialogue.

Colette DRABO


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