HomeOmbre et lumièrePRESIDENTIELLE ET LEGISLATIVES AU BURKINA : L’UE déploiera 80 observateurs

PRESIDENTIELLE ET LEGISLATIVES AU BURKINA : L’UE déploiera 80 observateurs


Dans la perspective des élections présidentielle et législatives à venir au Burkina Faso, l’Union européenne a lancé une Mission d’observation électorale (MOE UE). Ladite mission a été officiellement lancée le 8 octobre 2015, dans la salle de conférences de l’hôtel Golden Tulip-le Silmandé, à Ouagadougou. C’était en présence de Cécile Kashetu Kyenge, chef observateur du MOE UE, de Me Barthélemy Kéré, président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), de représentants du corps diplomatique présent au Burkina, et de représentants du gouvernement burkinabè et d’Organisations de la société civile.

 

Suite à l’invitation du gouvernement du Burkina Faso, l’Union européenne (UE) a déployé une Mission d’observation électorale (MOE UE) pour l’observation des élections présidentielle et législatives initialement prévues pour le 11 octobre 2015, puis reportées sine die. Celle-ci a été présentée à la presse le 8 octobre dernier, à Ouagadougou. Entièrement financée par l’UE, la mission est composée de plus de 80 observateurs et travaillera en bonne intelligence avec 16000 observateurs domestiques et internationaux déjà accrédités par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). La MOE UE a pour mandat de présenter une évaluation détaillée, circonstanciée et impartiale des processus électoraux, conformément au cadre juridique national et régional, ainsi qu’aux normes et obligations régionales et internationales signées par le Burkina Faso. Cela, dans le but d’apporter la contribution de l’UE au processus démocratique du Burkina, en présentant après les élections une évaluation détaillée du processus électoral et des recommandations concrètes pour les scrutins à venir.

Selon Tommaso Caprioglio, chef observateur adjoint de la MOE UE, celle-ci, dont certains membres sont présents au Burkina depuis le 5 septembre dernier, comporte une équipe d’encadrement basée à Ouagadougou qui compte 8 analystes chargés de traiter les questions politiques, électorales, juridiques. En sus, 24 observateurs de longue durée (OLD) seront déployés dans les 13 régions du pays 3 semaines avant les scrutins et 48 observateurs de courte durée (OCD) arriveront quelques jours avant. En outre, a ajouté Tommaso Caprioglio, à ce dispositif, s’ajouteront les représentants de la délégation de l’UE, des diplomates des Etats membres en poste à Ouagadougou et une délégation de membres du Parlement européen pour renforcer la mission.

 

Observer le processus sans y interférer

 

Pour ce qui est de la méthodologie de travail de la MOE UE, a confié Tommaso Caprioglio, il s’agira pour les observateurs d’analyser les différentes phases du processus électoral, entre autres, l’établissement des listes électorales, la validation des candidatures, la campagne électorale, le scrutin proprement dit, le dépouillement, la proclamation des résultats préliminaires, les éventuels contentieux, la proclamation des résultats définitifs.

Cécile Kashetu Kyenge, chef observateur de la MOE UE Burkina Faso 2015, a pour sa part rappelé que l’UE n’était pas à son premier coup d’essai en matière d’observation d’élections, même si c’est la première fois qu’elle se déploie au « pays des Hommes intègres ». En effet, de par le monde, l’UE a déployé plus de 120 missions dans plus de 60 pays. « Nous sommes très heureux d’être présents pour observer ces élections qui représentent une étape importante pour le futur du Burkina », a dit Cécile Kashetu Kyenge, chef observateur de la MOE UE Burkina Faso 2015, avant de rappeler que l’UE était déterminée à soutenir le Burkina Faso pour parvenir à des élections apaisées, libres et transparentes. Par ailleurs, elle dit être confiante quant à la reprise au plus vite du processus électoral.

Cependant, Cécile Kashetu Kyenge a tenu à préciser que la Mission était là pour accompagner le processus et non interférer dans celui-ci. « la MOE UE opère en toute indépendance et de manière neutre. Ses observateurs sont tenus de respecter le code de conduite des observateurs internationaux », a-t-elle dit. D’ailleurs, concernant les fausses cartes d’électeurs qui ont été saisies, elle a assuré que l’affaire était suivie de très près par la MOE UE.  « Nous laissons le soin aux services compétents de présenter les éléments détaillés et les conclusions sur cette affaire », a-t-elle dit. Et de lancer un appel à tous les acteurs du processus électoral afin qu’ils tiennent la mission informée de toute éventuelle question liée au processus électoral.

Il est à noter que 48h après les scrutins, la MOE UE présentera publiquement une déclaration préliminaire exposant ses premières observations et conclusions sur le processus. Quant au rapport final de la mission, il sera présenté quelques semaines après la présentation des résultats définitifs.

 

Thierry Sami SOU

 

 

Zoom sur le chef observateur de la MOE-UE

 

Cécile Kashetu Kyenge est de nationalité italienne et est membre du Parlement européen. Elle est membre de la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures, membre suppléante de la Commission de la culture et de l’Education et membre de la délégation pour les relations avec le Parlement panafricain. Elle est aussi vice-présidente de la Délégation à l’Assemblée parlementaire paritaire du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP-UE).

 

Source : Dossier de presse

 

 

 

Bon à savoir

 

Qui peut être chef d’observation de la MOE UE ?

 

Le chef d’observation est un député du Parlement européen qui est élu par Federica Mogherini, Haute Représentante pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité et Vice-Présidente de la Commission européenne. Différentes personnes déposent leurs candidatures et la Haute représentante évalue leur parcours politique et celui à l’intérieur du processus d’observation électoral. La nomination tient compte du parcours politique personnel et de ce que vous faites comme travail au sein de l’UE. « J’ai été au Nigeria ou nous avons observé les dernières élections et j’ai suivi beaucoup de pays. Je suis vice-présidente de la Délégation à l’Assemblée parlementaire paritaire du Groupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP-UE). Je travaille chaque jour sur bon nombre de ces pays en y suivant les élections », a-expliqué Cécile Kashetu Kyenge.

 

T.S

 

 

CECILE KASHETU KYENGE à propos de l’observation des élections présidentielle et législatives au Burkina

 

« Nous sommes prêts »

 

Depuis son arrivée au Burkina le 5 octobre 2015, Cécile Kashetu Kyenge, chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE) multiplie les entretiens avec les acteurs du processus électoral. Elle a notamment rencontré le Premier ministre Yacouba Isaac Zida, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Me Barthelemy Kéré. Immédiatement après le lancement officiel de la mission qu’elle pilote, le 8 octobre 2015, elle était attendue par le président du Conseil national de la transition, Cherif Sy. Malgré son agenda chargé, nous avons pu, sur le trajet la conduisant de l’hôtel Golden Tulip au CNT, lui tendre notre micro pour en savoir davantage sur la MOE UE.

 

Est-ce que vous pouvez nous faire le résumé de votre audience avec le Premier ministre Yacouba Isaac Zida ? Qu’est-ce qui a été dit ?

 

On a justement parlé du processus électoral, de ce que les institutions sont en train de faire pour définir la date des élections en rencontrant tous les acteurs qui sont impliqués dans le processus électoral, y compris les partis politiques. C’était un entretien très intéressant qui nous a renforcés dans notre rôle et qui nous a aidés à comprendre ce qui se passait, pour pouvoir accompagner ce processus de transition qui doit aboutir aux élections.

 

A vos yeux, comment se présente ce scrutin au Burkina Faso ? Que représentent ces élections ?

 

Pour l’Union européenne, c’est un moment très important pour le Burkina Faso. Je dois préciser que notre mission est une mission électorale de l’UE. Mais c’est une mission indépendante qui doit donner des instruments à travers le rapport final au peuple burkinabè pour renforcer les institutions. L’UE est une institution qui se prononce, mais notre mission est indépendante. Néanmoins, je peux dire que l’UE a fermement condamné la tentative de prise du pouvoir par la force du 16 septembre dernier, qui avait entravé le processus de transition engagé par les citoyens burkinabè. Je confirme que l’UE est déterminée à soutenir le Burkina Faso pour qu’il parvienne à des élections apaisées, libres et transparentes. Je pense donc que l’instrument de la MOE UE est très important. Il opère de son côté et accompagne le peuple et les institutions pour avoir des élections démocratiques et légitimes.

 

Et du point de vue moyens et logistiques, tout est-il prêt pour la mission d’observation de l’UE ?

 

Les élections étaient prévues pour se tenir le 11 octobre 2015 et nous sommes au Burkina depuis le 5 septembre. Le jour de la tentative de putsch, le 16 septembre dernier, une équipe de la MOE UE devait arriver au Burkina. La machine était donc déjà en marche. En ce moment, nous sommes en train d’attendre la date des élections. Pour ce qui concerne la MOE UE, nous avons déjà commencé le travail bien avant la tentative de prise de pouvoir par la force et nous continuons notre travail. Nous n’avons jamais arrêté et nous sommes prêts. Et je vois que les institutions comme la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le Conseil constitutionnel, la Société civile, les partis politiques, sont en train de jouer leur partition. Notre rapport final, nous le ferons en tenant compte de tout ce que nous sommes en train de voir sur le terrain.

 

En quoi va consister exactement le travail des observateurs de l’UE ?

 

La MOE UE est une mission technique. Sa première équipe qui est au Burkina depuis le 5 septembre 2015 est une équipe d’analystes qui traite, par exemple, des questions électorales, politiques, juridiques, ainsi que des médias et des relations avec la presse. Elle compte aussi un analyste en charge des données de l’observation et un coordinateur des observateurs. Il y a, en plus, une équipe de 24 observateurs de longue durée qui seront déployés 3 semaines avant les élections sur l’ensemble du territoire national. On sera donc présent dans les 13 régions. Le travail qu’on fait ne se limite pas seulement au jour des élections, mais va du 5 septembre aux dates qui seront fixées pour les élections. Et cela va prendre en considération tous les éléments, tous les secteurs, toutes les étapes pour pouvoir parvenir à un document crédible et impartial. La Mission sera appuyée lors des scrutins par des représentants de l’UE et des diplomates des Etats membres de l’UE en poste à Ouagadougou. C’est une équipe forte qui va comporter entre 80 et 100 personnes et qui doit fournir des éléments détaillés, ce qui implique plusieurs journées de travail approfondi sur le terrain.

 

Votre équipe pourra-t-elle parcourir tous les bureaux de vote ?

 

Notre rapport est qualitatif et non quantitatif. Il n’est donc pas question d’être nécessairement présent dans tous les bureaux de vote, mais c’est le travail de longue haleine qui sera fait sur le terrain qui va donner une analyse concrète du processus électoral. Notre travail se base sur une méthodologie qui se base concrètement sur ce qui se passe sur le terrain. Ce n’est donc pas la quantité du document qu’on va transmettre qui importe, mais plutôt sa qualité. Il y a un proverbe qui dit qu’on n’a pas besoin de boire toute une bouteille de vin pour savoir si son contenu est bon, un verre suffit. C’est juste pour faire comprendre que la qualité est importante et statistiquement, à partir de l’échantillon et des échos de là où nous serons, nous aurons un rapport détaillé de tout le processus.

 

Quelles sont les relations que la MOE UE entretient avec les autres missions qui seront déployées dans le pays ?

 

Comme je l’ai précisé, notre mission est indépendante et autonome. Elle est entièrement financée par l’UE. Elle ne dépend donc pas du gouvernement du Burkina. Le travail sur le terrain est complémentaire. Le nôtre se fera en collaboration avec les observateurs nationaux et les acteurs sur le terrain. On rend compte de nos rapports avec tous les observateurs, qui, d’ailleurs, peuvent continuer le travail dans beaucoup de zones. Ce n’est pas un travail isolé que la MOE UE est en train de faire.

 

Propos recueillis par Thierry Sami SOU

 

 

 

 


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