PRESIDENTIELLE NIGERIANE : Goodluck Jonathan vers une réélection sans légitimité
Sauf changement de dernière minute, c’est le 28 mars prochain qu’aura lieu la présidentielle nigériane. Ce scrutin qui s’annonce comme le plus serré de l’histoire du pays depuis le retour de la démocratie en 1999, était initialement prévu le 14 février dernier. Il a été repoussé de six semaines par la Commission nationale électorale indépendante, qui estimait que l’armée, mobilisée pour combattre les islamistes de Boko Haram, ne pourrait pas assurer la sécurité des votes. Aujourd’hui, malgré les avancées de l’armée nigériane et de ses alliés, qui disent avoir repris un certain nombre de villes du Nord-Est des mains des islamistes, l’insécurité demeure malgré les assurances données par le chef de la commission électorale, Attahiru Jega, qui a affirmé le 16 mars dernier que son pays était prêt pour la présidentielle. Il ne suffit pas d’être techniquement prêt. Il faut aussi que les conditions de sécurité soient réunies pour permettre la tenue sereine du scrutin. Car, aucun Nigerian ne prendra le risque de se rendre dans un isoloir pour voter, au péril de sa vie.
Les villes qui sont acquises à la cause du président sortant n’ont jamais été inquiétées par Boko Haram.
En fait, tout se passe comme si le contexte actuel arrangeait certains. On a l’impression que le président Goodluck Jonathan travaille à maintenir ce contexte d’insécurité à dessein, dans le seul but de mettre les bâtons dans les roues de son adversaire, Muhamadu Buari qui n’a même pas pu se rendre une seule fois dans son fief au Nord, pour battre campagne ; insécurité oblige. Cela est d’autant plus vrai que les villes qui sont acquises à la cause du président sortant n’ont jamais été inquiétées par les islamistes de Boko Haram. Tout cela fait dire à certains que l’on s’achemine vers une victoire sans gloire de Goodluck Jonathan. Il va remporter la présidentielle, mais il n’aura aucune légitimité, puisque c’est peu de dire que le taux de participation sera des plus bas de l’histoire du Nigeria. Qu’à cela ne tienne, Goodluck Jonathan devra savoir qu’à l’issue de cette victoire sans saveur, sa tâche ne sera pas aisée. Son mandat sera mis à rude épreuve par une partie de la population nigériane, notamment celle du Nord, et son opposition qui n’hésiteront pas à peindre en noir toutes ses actions à la tête de l’Etat Nigérian.
Seydou TRAORE